Chapitre 9

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n avril arrivèrent les grands examens. Ceux-ci se composaient de cinq dictées issues des plus grands classiques de la littérature française ainsi que trois rédactions de coefficient 4 chacune. Lucien était assez angoissé et, à vrai dire, c'était également le cas de Martin. Marion, elle, était si bonne élève qu'elle ne s'en préoccupait absolument pas. Elle lisait, parfois appuyée contre l'épaule de son conjoint, dans la cour de l'établissement universitaire. Cela le gênait tellement de les voir ensemble... Sa jalousie prenait alors le dessus et lui donnait envie de crier aux oreilles de Martin : « Tu ne l'aimes pas plus que moi, salopard ! ». Alors, Marion détournerait son regard de sa lecture et se mettrait à dévisager longuement Lucien avant de lui lancer : « Non, mais ça ne vas pas ! ». Et, sur ces mots, Lucien courrais aux toilettes et se mettrait à pleurer.

Heureusement, il avait une maîtrise de soi suffisante pour que cet évènement ne se produise pas dans la réalité.

La nuit, il faisait de terribles cauchemars. Dans l'un d'entre eux, c'était un chanteur populaire qui détestait faire des concerts car, pendant ceux-ci, des selles avaient l'habitude de sortir de sa bouche. Dans un autre, il était homosexuel et était l'époux de Michaël Jackson, qui, visiblement, l'était aussi. Tout cela, en plus de ses envies suicidaires, le mettait tous les jours de mauvaise humeur, et il n'aimait pas ça. Il aurait aimé être quelqu'un de souriant, d'aimable, de joyeux et d'optimiste ; à vrai dire, il l'était avant que son cœur ne batte pour Marion. Il pensait à elle chaque minute. Chaque soir, Lucien faisait le vœu de se réveiller amoureux d'Angélique, ou bien même de quelqu'un d'autre, ça n'avait pas d'importance. L'immense amour qu'il éprouvait pour Marion prenait maintenant des proportions exagérées, et qui deviendraient bientôt dramatiques si un évènement réconfortant ne venait pas le soulager.

Lucien obtint finalement une moyenne totale de 18 sur 20 pour l'ensemble des notes que comprenait l'examen. Il était très satisfait et il pouvait considérer qu'il s'agissait là d'un évènement réconfortant. Malgré tout, il n'était pas suffisant pour lui enlever son envie de mettre fin à ses jours.

« La vie vaut la peine d'être vécue ! » se disait-il. Mais il savait qu'il trahirait cette phrase un jour où l'autre. De toute manière Gainsbourg n'avait pas écrit ces mots pour ceux qui aimeraient se passer la corde au cou. 

AmoureuxWhere stories live. Discover now