Chapitre 10

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lus le temps passait, et plus Lucien trouvait que Martin et Angélique avaient une complicité qui ressemblait à celle de deux amoureux. Ils se taquinaient très souvent, ce qui exaspérait Marion et, comme elle l'avait dit récemment à Lucien, elle avait parfois l'impression qu'il la trompait. La vérité était que tout le monde se doutait qu'Angélique était amoureuse de Martin ; la réciprocité était plus dure à croire. Martin était un petit ami fidèle, et très protecteur, mais lorsqu'Angélique se trouvait à proximité de lui, il paraissait complètement oublier sa « conjointe ». Lucien décida donc de tenter d'éclaircir les évènements en l'invitant à venir boire un thé chez lui, au 148, rue peclet. Pour commencer, ils firent tous deux une partie d'échecs assez intense où Martin finit par gagner au temps, malgré un fort avantage matériel de son adversaire.

Puis ils s'installèrent sur le balcon, et la discussion commença :

« Tu sais, Marion m'a parlé de toi, dit Lucien. »

Martin fit une grimace interrogative puis se resservit en cacahouètes.

- Elle m'a dit qu'elle avait l'impression que tu la trompais, reprit-il.

- Tu sais, une femme, c'est toujours comme ça. Souvent, quand on va dans les cafés, c'est elle qui me donne cette impression. Quand je vais lui commander une bière au comptoir, je me retourne parfois et je la vois se marrer avec des types qu'elle seule peut éventuellement connaitre. J'ai peur pour elle, tu sais, car ces gars là, je me souviens, puaient la coke et étaient probablement ivres. Si elle devait me quitter, qu'elle me quitte pour toi mais pas pour ces abrutis.

Lucien ne put s'empêcher d'esquisser un sourire gêné que, par miracle, Martin n'aperçut pas, c'est du moins ce qu'il croyait.

- Je te comprends. J'aurais réagit de la même manière si j'étais dans la même situation que toi.

Lucien s'arrêta un instant, pensif, puis changea de sujet.

- Tu es au courant qu'Angélique est amoureuse de toi ? demanda-t-il.

Martin baissa les yeux pendant plusieurs instants, puis dit sur un air d'accusé se confessant :

- Oui.

- Pourquoi tu fais cette tête ?

- J'n'aime pas mettre des râteaux au gens.

- Si tu savais combien je m'en suis pris dans ma vie...

- 'Rien à foutre, dit-il sur un ton presque autoritaire, j'n'aime pas mettre des râteaux aux gens.

- Il faut que tu saches que c'est une aubaine que tu ais la possibilité de le faire. Moi, ça ne m'ait jamais arrivé...

- 'Ramènes pas la conversation sur toi, tu veux ? rugit-il.

Lucien ne le reconnaissait plus. Il ne reconnaissait plus son meilleur ami.

- Si je te dis ça, reprit Martin, c'est parce que je sais de quoi je parle. Quand j'étais en sixième, il y avait une jolie blonde qui m'aimait. Et pour faire rire mes potes, je suis allé la voir et je lui ais dis qu'elle avait les cheveux en forme de spaghettis et une tête qui ressemblait à une courgette.

- Et que s'est-il passé ensuite ? demanda Lucien avec curiosité.

- Ensuite ? Je l'ai aperçu en train de pleurer dans un coin sombre de la cour. Si tu savais comme je m'en veux... J'en pleure encore quelques fois...

Martin soupira puis poursuivit :

- ...devant Marion. Et elle doit se demander pourquoi. 

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