Chapitre I

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Je n'avais jamais été aussi stressée qu'à l'instant présent, et pourtant je suis une fille de nature extrêmement anxieuse. Ma jambe tressautait sans que je ne puisse réussir à la contrôler. Je présentai mon passeport au guichet et l'hôtesse de l'air m'invita à prendre place dans l'avion. Ma valise de soute à la main et mon sac à dos sur l'épaule, je traversais l'allée, cherchant le numéro de ma rangée. Mes pensées se bousculaient dans mon esprit, comme un tourbillon. Ma tête tournait et j'avais du mal à garder les idées claires.

J'arrivai finalement au niveau de ma rangée et me mis sur la pointe des pieds afin de glisser ma valise dans les bacs à bagages. Cependant, j'étais trop petite pour arriver à l'y ranger seule.

— Besoin d'aide ?

Je me retournai pour faire face à un jeune homme de mon âge. Il devait faire au minimum une tête de plus que moi. Ses cheveux bruns coiffés en bataille retombaient devant ses yeux tel que je ne savais voir leur couleur.

— Je veux bien, merci.

Il attrapa ma valise et la glissa au-dessus de notre rangée de sièges, puis fit de même avec la sienne. Je gardai mon sac avec moi et attendis qu'il s'installe. Une vieille femme était déjà assise sur le siège côté hublot, à l'opposé du mien qui touchait l'allée centrale de l'avion.

Je sortis mon paquet de chewing-gum et en déballai un que je jetai sans plus de cérémonie dans ma bouche. C'était une technique que mon père m'avait appris quand j'étais petite pour éviter d'avoir les oreilles bouchées au décollage. Je préparai déjà mes écouteurs dans mon sac et fermai les yeux en attendant le départ.

Une dizaine de minutes plus tard environ, le pilote et le copilote firent leur discours habituel d'avant-vol et les hôtesses montrèrent les consignes en cas de perturbations lors du vol. Ces consignes, je les connaissais aussi bien que je connais l'alphabet. Je n'y prêtai donc pas fortement attention, contrairement au jeune homme de tout à l'heure qui semblait assimiler chaque mouvement comme si sa vie en dépendait — ce qui pouvait être le cas si le sort était contre nous.

Quelques minutes après cela, l'avion se mit en marche et il arriva bientôt au départ de la piste. Je m'apprêtais à fermer les yeux à nouveau en serrant mon estomac afin de ne pas recracher mon repas lorsque j'entendis une respiration saccadée. Je tournai la tête et vis le brun serrer si fort les accoudoirs que ses jointures avaient blanchi, tout comme son visage qui était blanc comme un linge. Il semblait en pleine crise d'angoisse.

— Eh.

Je posai ma main sur la sienne.

— Ça va aller.

Il ne me répondit pas, trop concentré à fixer le siège devant lui pour m'accorder un regard.

— C'est la première fois que tu prends l'avion ?

Toujours pas de réponse.

— Serre le ventre, ça t'évitera d'avoir des nausées.

Je le vis faire ce que je venais de lui dire. Il ferma les yeux, yeux que je ne voyais toujours pas, cachés par une mèche brune. Maintenant que j'avais capté son attention, je traçai de petits cercles avec mon pouce sur la paume de sa main et continuai de lui parler.

— Regarde-moi. Concentre-toi uniquement sur moi et sur ma voix.

— Je peux pas bouger, parvint-il à dire entre deux respirations bruyantes.

— Ce n'est pas grave, lui assurai-je d'une voix douce.

— Mais je veux te voir, murmura-t-il.

Mon cœur bondit dans ma poitrine. Mon côté rationnel me rappela qu'il ne m'aurait jamais dit ça — il ne m'aurait même certainement jamais adressé la parole — dans d'autres circonstances. Je chassai ces pensées de ma tête pour me concentrer sur le moment présent. Je sortis en vitesse un deuxième chewing-gum et inspirai un grand coup.

Le voisin de palier (Percabeth AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant