Chapitre IV

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—...je voulais qu'ils finissent ensemble !, conclut Piper après un long monologue sur le film que nous avions regardé toutes les deux hier soir.

Nous étions parties de l'appartement il y a quelques minutes maintenant. Les garçons étaient déjà sur place et nous attendaient, selon les dires de mon amie. La fraternité où était organisée la fête n'était qu'à dix à quinze minutes de marche de chez nous.

— Tout ne tourne pas autour de l'amour dans la vie !, dis-je en levant les yeux au ciel. Elle a fait un choix, et j'aurais fait pareil à sa place. Entre sauver le monde ou l'homme qu'elle pense aimer alors qu'elle le connaît à peine, le choix est vite fait.

Cette fois, ce fut à son tour de lever les yeux au ciel.

— Comment peux-tu être aussi anti-amour ?

Sa question avait beau être posée dans le cadre d'une discussion légère, son ton n'en était pas moins sincère pour autant. Je grimaçai.

— Ah, fut sa seule réaction.

On ne s'étendît pas sur le sujet car elle avait aisément deviner qu'il s'agissait d'une pente dangereuse avec moi. Au lieu de ça, elle me raconta sa journée, bien que banale, en compagnie de Jason.

— Ça fait longtemps vous deux ?, demandai-je.

J'étais curieuse de nature et c'était peut-être là l'un de mes plus grands défauts et surtout de l'un de ceux qui risquaient de causer ma perte un jour.

— Bientôt deux ans.

J'écarquillai les yeux, ne m'attendant certainement pas à une ancienneté comme la leur. C'était beau de savoir que certains étaient encore heureux en amour.

— La première fois qu'il m'a embrassée, c'était le jour de Noël, celui de nos seize ans.

J'acquiesçai d'un rapide hochement de tête.

— Je suis contente pour vous, finis-je par déclarer.

Elle m'offrît un sourire.

— Je ne sais pas ce qu'on aurait fait si nos facs s'étaient trouvées chacune de l'autre côté du pays.

— Mais ce n'est pas le cas, la rassurai-je.

— Heureusement !

Son air préoccupé fut remplacé par sa mine joyeuse.

De la musique commençait à se faire entendre, mais la fraternité n'était toujours pas apparue dans notre champ de vision. Nous marchâmes encore plusieurs minutes sur la pelouse avant d'enfin voir l'origine du bruit qui s'étendait à des mètres à la ronde.

Il s'agissait d'une grande et vieille bâtisse à la façade en briques délabrée par le temps et les intempéries de la région. Elle était composée d'une immense pelouse avant ainsi que de certainement un autre espace vert à l'arrière et d'un étage.

Le jardin avant était jonché de gobelets rouges vides, comme représentés dans les films, et plusieurs dizaines d'étudiants discutaient en groupe ou paraissaient complètement saouls alors que la soirée ne faisait que commencer. Certains vomissaient derrière des arbustes, d'autres titubaient et d'autres encore étaient assis sur les marches sans réussir à se relever par eux-mêmes.

Une belle vision des jeunes...

Nous montâmes les deux trois marches menant au perron et rentrâmes dans le salon de la fraternité où une foule de jeunes se trémoussaient sous la musique qui résonnait fortement. Piper attrapa ma main et me guida à travers les danseurs qui ne prêtaient pas attention au monde qui les entourait.

Le voisin de palier (Percabeth AU)Where stories live. Discover now