11. Patinoire

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Hangman ne savait pas patiner.

Pour être plus exact, il n'avait jamais essayé.

C'était l'une des rares choses qu'il ne pouvait pas affirmer comme dans ses capacités, alors il ne parlait jamais de patinage.

Il détestait que l'on parle de quelque chose qu'il ne savait pas faire. Il détestait parce que, enfant, son père lui faisait durement payer dès qu'il n'était pas parfait

Et un jour Hangman s'était marié avec Rooster.

Être marié avec Rooster, c'était beaucoup de choses. C'était délicieux, parce qu'il l'aimait plus que tout au monde. C'était drôle, parce que Rooster était un idiot fini.

Mais ça faisait peur, aussi. En fait, c'était terrifiant.

Rooster était imprévisible. Hangman n'aimait pas ça.

Visiblement, il avait eu raison de se méfier, étant donné qu'un matin, le plus vieux lui proposa, même si ça relevait plus de l'ordre, d'aller patiner.

Le visage du blond avait perdu de ses couleurs alors qu'il déglutissait, forçant de son mieux une voix sarcastique.

- Ne sois pas idiot, Rooster, on ne va pas aller patiner !

- Et pourquoi pas !? Allez, s'il te plaît, j'adore ça !

Hangman n'aimait pas refuser des choses à son mari. Il détestait ça, alors il chercha une solution.

- Vas-y sans moi. Peux pas aujourd'hui, faut que je m'occupe d'aller acheter des cadeaux et de faire à manger.

- Roh, Hang, t'auras bien le temps après ! Viens avec moi !

Un frisson parcourut le blond au souvenir des cris de son père lorsqu'il le voyait échouer.

Non. Jusqu'à aujourd'hui, jamais Rooster n'avait vu Hangman rater quoi que ce soit, et ça devait rester ainsi.

Il ne pouvait pas se permettre de faire changer ça, s'il voulait rester avec lui.

Quelle envie aurait Rooster de rester avec Hangman s'il découvrait qu'il ne savait pas tout faire.

Un éclair passa dans son esprit, lui disant qu'il était ridicule et que l'autre pilote l'aimerait toujours, même s'il n'était pas exceptionnel dans tous les domaines, mais Hangman vira cette idée immédiatement.

Il avait aussi cru ça avec son père, il suffisait de voir où ça l'avait mené.

- Je t'aime, Hang... fit Rooster avec une moue adorable, une pointe d'amusement dans la voix.

La mâchoire du blond se serra alors que son regard se faisait perçant.

- Non. J'ai dit non. Tu vas continuer à me faire chier longtemps ?

Rooster sembla prendre un coup, se recroquevillant sur lui-même. Ses yeux reflétaient l'incompréhension et la culpabilité.

- Désolé, marmonna-t-il avant de repartir de la pièce rapidement.

Rooster n'avait pas l'habitude que Hangman s'énerve. Mieux encore, il n'avait jamais eu à faire à un Hangman qui s'énervait alors qu'il lui parlait. D'habitude l'autre riait, ils se taquinaient, puis il cédait.

Avec quelqu'un d'autre, Rooster se serait peut-être énervé, adouci, ou autre, mais pas avec Hangman. Pas quand il avait le sentiment de s'être mis à dos son mari, l'homme qu'il aimait.

Un frisson lui parcourut l'échine quand il repensa au regard que lui avait lancé le blond et il se mordit la lèvre, cherchant une activité pour se changer les idées.

De son côté, Hangman avait posé la tête dans ses bras, et s'il savait pleurer, il l'aurait probablement fait.

Ça aussi, c'était quelque chose qui restait de son enfance. Cette incapacité à pleurer. Parce qu'il s'était fait tellement frappé, affamé, ou insulté, quand il le faisait qu'il n'y arrivait juste plus.

Son esprit toujours embrouillé par le patinage, Hangman réussit à se convaincre qu'il avait perdu son mari.

Au moins l'autre n'aurait pas à voir sa médiocrité sur des patins, pensa-t-il avec amertume.

Il resta ainsi un moment, incapable de se changer les idées ou de faire remonter son humeur.

Finalement, ce fut le son de la porte de leur chambre qui attira son attention.

Là, dans l'encadrement de la porte, se tenait Rooster. Il avait arrondi son dos, semblant tenter de se faire plus petit.

- Je suis désolé, ça va mieux ? marmonna-t-il prudemment.

Hangman acquiesça, cherchant à anticiper le moment où l'autre le quitterait.

Ils restèrent silencieux un moment, les yeux ancrés, avant que Rooster ne s'approche encore.

- Tu peux m'expliquer ce que j'ai fait de mal ? Je recommencerai pas, je te le promets.

Hangman le regarda avec incompréhension et Rooster sembla lire ses inquiétudes alors qu'il l'embrassait avec précipitation.

- Je t'aime, lâcha-t-il de façon brouillon entre deux baisers, faisant, cette fois, frissonner de plaisir Hangman.

Quand il se recula, il garda ses bras enroulés autour du cou de son amant.

- Parle-moi, Jake, souffla Rooster, le regard doux.

Les yeux du blond se voilèrent alors qu'il baissait la tête honteusement.

- Je sais pas patiner.

L'aveu fit froncer les sourcils à Rooster qui pencha la tête sur le côté.

- Oh ? T'en as jamais fait du tout ?

Hangman secoua la tête de gauche à droite, les yeux fermés d'appréhension.

- Je vais t'apprendre dans ce cas !

La voix du plus vieux était joyeuse et quand Hangman releva brusquement la tête, Rooster déposa un rapide baiser sur les lèvres du blond.

- Tu m'en veux pas ?

La voix d'Hangman craqua sur la fin de sa phrase et l'autre pilote sourit avec attendrissement.

- Non... Je sais que tu crois toujours devoir tout savoir, mais c'est pas le cas. On va patiner ensemble, les autres nous rejoindront peut-être, et personne ne sera choqué ou dégoûté que tu ne saches pas patiner.

Son ton était sûr et sans appel, rassurant totalement le blond quant au fait qu'il disait vrai.

- Ok. Tu promets ?

Un rire échappa à Rooster lorsqu'il vit à quel point l'homme était peu sûr de lui. C'était si rare.

- Je promets. Je t'aime. Et maintenant direction la patinoire !

Après avoir embrassé les mains de Hangman, Rooster se releva avec précipitation, excité.

Bientôt, les deux hommes patinaient, même si l'un d'eux restait obstinément accroché aux murets.

Devant lui, son mari riait aux éclats de le voir si maladroit.

- Allez Jake, tu peux le faire ! l'encouragea-t-il entre deux rires.

Lâchant la barrière, l'homme avança de son mieux vers Rooster avant de lui tomber dessus, le couple s'échouant au sol.

Le plus vieux tint le blond dans ses bras, tentant de se calmer.

- Arrête de te moquer, ronchonna Hangman qui profitait tout de même bien de sa proximité avec Rooster.

Et si, par la suite, Hangman fut volontairement maladroit, faisant en sorte que son mari le rattrape, Rooster n'en dit rien.

Quand ils repartirent de la patinoire, rejoints par leurs amis, étonnement, Hangman aimait bien patiner.

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