15. Cloches

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[UA dans laquelle les malédictions, âmes sœur, ou autre sont normales]

Rooster se massa les tempes alors que des sons de cloche résonnaient dans sa tête.

- Ça va ? demanda Phoenix en grimaçant, consciente de ce à quoi l'homme était proie.

- Mouais. C'est de plus en plus régulier.

En effet, depuis quelques semaines, Rooster avait régulièrement ces sons de cloche dans la tête. Il faisait de son mieux pour les ignorer mais elles devenaient de plus en plus bruyantes.

Récemment, il les entendait jusqu'à cinq fois par jour, et c'était plus long à chaque fois.

Un grognement lui échappa. Les bruits ne s'arrêtaient pas, c'était franchement gênant.

Phoenix releva la tête, faisant un geste de la main à un blond pour qu'il s'approche.

Elle avait organisé une rencontre entre son cousin et son meilleur ami, décidant sur un coup de tête qu'après plusieurs longues années à les connaître tous deux, ils étaient en fait parfaits l'un pour l'autre.

Idée stupide, Rooster en était convaincu, mais il n'avait pas besoin de le dire à sa meilleure amie avant l'heure.

- Hangman ! Voilà, Rooster. Rooster, voilà Hangman.

Un sourire étira ses lèvres alors qu'elle regardait son cousin s'asseoir.

Rooster retira ses mains de sa tête, faisant de son mieux pour que la douleur qu'il ressentait au bruit incessant des cloches ne se voit pas sur son visage. Bon sang il n'arrivait pas à comprendre pourquoi ça ne voulait pas s'arrêter.

Tout lui semblait flou et c'est vaguement qu'il aperçut le bras du blond se lever.

Au moment où il l'attrapa, un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres alors qu'il serrait la main de l'autre.

La peau d'Hangman était chaude contre la sienne, et il avait presque l'impression qu'elle faisait barrière entre les cloches et son esprit.

Lorsque le blond relâcha sa main, les tintements reprirent de plus bel et Rooster rattrapa les doigts de l'autre homme, les entrelaçant avec les siens.

- Pitié ne bouge pas, souffla-t-il, laissant tomber sa tête sur l'un de ses bras.

Phoenix leva un sourcil, lançant un regard surpris à Hangman qui, à son étonnement, semblait partager le soulagement de Rooster.

- Qu'est-ce qu'il vous arrive, tous les deux ? demanda-t-elle.

- Les cloches, répondirent-ils d'une même voix avant de relever la tête l'un vers l'autre. Toi aussi ?

Ils ricanèrent en entendant leurs voix mêlées avant de tourner la tête au son de la chaise de Phoenix.

- Bon, visiblement vous avez pas mal de trucs à vous dire, je vous laisse.

Rooster eut un sourire en coin, la regardant repartir, avant que la poigne de l'autre ne s'affermisse.

- Ça fait longtemps que tu les entends ? entama Rooster.

- Quatre semaines ? Peut-être un peu plus. Et toi ?

- Même chose. Ça faisait longtemps que je m'étais pas senti aussi bien...

Un sourire narquois étira les lèvres d'Hangman qui se lécha la lèvre inférieur.

- Je sais, ma présence fait des merveilles.

Rooster leva les yeux au ciel sans réussir à retenir ses lèvres qui se tordirent dans une moue bienheureuse.

- Un bail d'âme sœur, un truc comme ça ? proposa Rooster.

- Présomptueux de t'auto-proclamer comme mon âme sœur.

Rooster leva un sourcil, attendant que le blond reprenne la parole.

- Ouais, ça doit être une connerie du genre.

Se levant, il ne décrocha pas leurs mains avant de reprendre la parole.

- On le fait, ce date ?

Hangman acquiesça et les deux hommes repartirent, plus sereins.

C'était étrange et ils n'avaient aucune idée d'où ça venait, mais dès qu'ils n'étaient pas collés ensemble, ils avaient mal ou étaient mal à l'aise, sans parler des cloches.

Si au début ils avaient été contents de trouver une solution aux bruits incessants, ils avaient vite déchanté.

Leur relation paraissait naturelle et ils avaient le sentiment de se connaître depuis des années mais ça ne voulait pas dire qu'ils voulaient être collés constamment.

Alors ils avaient fini par s'énerver. Parce que passer Noël ensemble n'était pas forcément ce dont ils avaient envie.

Un râle échappa à Rooster alors qu'il s'enfermait dans la salle de bain, exaspéré.

Quelle idée de passer le réveillon avec pour seule compagnie ce blond hautain et idiot.

Des cloches sonnèrent dans son esprit et le plus vieux serra les dents à la douleur lancinante  qu'il éprouvait à leur entente.

Il ne retournerait pas voir l'autre. Il en avait marre de sa fierté mal placée.

Ce ne fut qu'après plusieurs douleurs aigües que quelques coups se firent entendre sur la porte.

- Rooster, sors de là...

Sa voix cassée était preuve de leurs cris précédents et Rooster ouvrit à contre cœur la porte.

De l'autre côté, Hangman se tenait le dos un peu courbé, le regard suppliant.

Il n'y avait plus de trace de l'homme arrogant et le blond trébucha presque contre sa poitrine, gémissant quasiment de plaisir lorsque leurs peaux entrèrent en contact.

Ils restèrent enlacés un moment avant que le blond ne reprenne la parole.

- Désolé.

C'était décalé avec ce que Rooster avait vu de lui jusque là et il le recula légèrement, les sourcils froncés.

- Tout va bien ?

- J'ai mal, marmonna le blond et Rooster comprit facilement qu'il souffrait plus que lui, sans qu'aucun d'entre eux ne sache pourquoi.

Rooster posa ses mains sur les joues d'Hangman, sachant que le contact de leurs peaux aidait.

- Que veux-tu que je fasse ? chuchota Rooster, inquiet.

Mine de rien, il s'était attaché au blond, pendant ce mois depuis lequel ils s'étaient trouvés. Et ce même si ses émotions faisaient des montagnes russes.

Les lèvres d'Hangman se posent doucement sur les siennes et c'est à son tour de presque geindre alors qu'un bien-être tout nouveau s'infiltre dans son être.

Les cloches sonnèrent dans son esprit, cette fois douces et réconfortantes et les doigts de Rooster se faufilèrent son le haut de l'autre, à même sa peau.

- Désolé, souffla le blond en se reculant, conscient que ce qu'il avait fait n'avait pas dérangé l'autre.

Rooster le serra plus fortement contre lui, ses yeux se fermant de paresse à la douceur de leur étreinte.

Il y aurait des hauts et des bas, c'était sûr, mais comme tout lien d'âme sœur, l'urgence d'être ensemble s'estomperait quand ils seront assez proches.

Puis le plaisir qu'il ressentait lorsque l'autre était dans ses bras valait toutes les complications du monde.

Quoiqu'il en dise, il ne regretterait jamais d'avoir l'autre comme âme sœur.

Top gun : Calendrier de l'AventWhere stories live. Discover now