Le sort en est jeté - J-1

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« James ! »

Je criai le nom de mon ami dans la rue qui menait à la gare. Les gens s'écartèrent, me regardant comme si j'étais une pestiférée, mais je ne m'en préoccupai pas ; je courrai pour dire au revoir à mon meilleur ami. James se retourna d'un air interrogatif. En me voyant, il sourit et ouvrit grands ses bras laissant tomber son bagage sur le sol. Une seconde plus tard, je sautai dans ses bras, triste de le voir pour la dernière fois.

« Ce ne sont pas des adieux... Le sais-tu, Emily ! chuchota-t-il, comme s'il venait de lire mes pensées.

– Je le sais, mais je voulais au moins te dire au revoir. »

Nos cheveux volèrent au vent. Il replaça sa mèche, se retourna, puis prit son bagage d'un air assuré et continua de marcher avec confiance vers la gare.

« Tu vas me laisser toute seule au milieu de la rue ? m'exclamai-je.

– Au revoir, Emily ! À très bientôt. dit-il sans se retourner. »

Voyant qu'il ne me portait pas d'attention, je tapai du pied, sur le sol, énervée.

« James ! »

Il fit demi-tour.

« Emily ? » lâcha-t-il sur le même ton que moi.

Je marchai dans sa direction et m'arrêtai à quelques centimètres de son visage. Je discernai son petit rictus habituel sur ses lèvres.

« Tu vas me manquer.

– Toi aussi, mais je vais rater mon train à cause de toi. »

Il rit, puis me prit une dernière fois dans ses bras.

« Ne fais rien de stupide pendant que je suis au front.

– Ne t'inquiète pas, James.

– Promets-le-moi.

– Alors, promets-moi de m'écrire dès que tu le peux et de revenir dès que la guerre est finie. »

Je le lâchai, m'écartai de lui et lui tendis mon petit doigt.

« Promis. »

Il saisit mon doigt avec le sien, et m'en fit la promesse. Nous nous échangeâmes une dernière étreinte, puis il marcha en direction de la gare. Je le regardai disparaitre de mon champ de vision.

En route vers la maison, j'entendis le signal du départ de la locomotive et une petite larme coula sur ma joue. Un sourire se dessina sur mon visage, repensant à tous les moments passés avec mon meilleur ami. Je soupirai, puis séchai ma larme du revers de la main.

Héritage du passéWhere stories live. Discover now