Le sort en est jeté - Jour J

19 1 0
                                    

J'étais face à mon miroir et mon cœur battait de plus en plus fort. Je tenais dans ma main, une grosse mèche de cheveux et dans l'autre, un couteau aiguisé. Qu'est-ce que je m'apprêtais à faire ? J'étais vraiment sur le point de couper mes cheveux. Prenant une profonde respiration, je m'arrêtai de réfléchir et m'exécutai dans ma tâche. Je la regardai... Je regardai la mèche châtain tombée par terre. Le reflet que je découvris dans le miroir me fit échapper un petit cri. Je couvris ma bouche de la main, de peur d'avoir crié trop fort. Je déposai lourdement le couteau sur la table et soupirai. Qu'est-ce qu'il se passait dans ma tête ? Je le repris et finis le travail.

Je trempai le calame dans mon encrier et écrivis quelques mots, adressés à mon frère. Je déposai la lettre à son attention sur mon lit, avec une mèche de mes cheveux.

C'était encore la nuit et le soleil n'allait pas se lever tout de suite. Je finis les derniers préparatifs et sortis de chez moi sans faire de bruit. J'avais peur de réveiller ma mère ou même mon frère. Je marchai jusqu'à la gare. J'étais vêtue de mes habits d'hommes, les cheveux coupés ras. Personne ne douta de mon identité. Je prenais mon billet de train avec l'appréhension que le guichetier contrôla mes papiers. La peur commença à se faire ressentir. Mes mains tremblèrent. Je pensai à mon frère, ma mère, mon ami. J'avais peur, pour moi, pour eux... J'étais sur le quai et lorsque le train arriva, je me levai du banc de bois sur lequel je m'étais assise. J'étais à un mètre du train. Je me suis retournée. Mon bagage à l'épaule, j'attendais. Le train était encore en gare alors que l'aube pointait le bout de son nez. Je réfléchis et regardai une dernière fois l'horizon. Ma tête bouillonnait d'incertitudes. Avais-je pris la bonne décision ? Allais-je mourir ?

Je ne pouvais pas reculer devant mon destin.


Mon cher William,

Je suis partie. Il fallait que je te remplace, je n'avais pas le droit de te laisser y aller. Je préfère y laisser ma vie aux dépens de la tienne. Ne baisse pas les bras et continue de te battre contre la maladie.

Bonne fête, mon frère.

Emily W.


================

La guerre civile américaine dura de 1861 à 1865.
Jusqu'à cette date, 120 000 remplaçants se sont enrôlés dans l'armée de l'Union à la place des conscrits désignés.

Héritage du passéOnde histórias criam vida. Descubra agora