Head Above Water | Textes

40.

La vérité, c'est que je déteste m'attacher autant à une intervenante, parce que ça fait toujours extrêmement mal quand c'est la fin du suivi. Je me suis toujours promis après ma première intervenante de ne plus m'attacher autant aux prochaines, mais je suis encore en train de m'attacher trop fort à mon intervenante. Ça va faire mal quand ça va être fini avec elle et je le sais. Le pire c'est que je sais la douleur que ça fait quand elles partent alors que tu es aussi attachée, mais je ne suis pas capable de faire autrement. Je pense sans cesse au jour où elle va me dire que c'est fini et que je ne la reverrai plus, j'appréhende déjà le mal que ça va me faire. Je suis juste tannée de ça, de perdre des intervenantes auxquelles je tiens. J'en ai encore perdu une récemment, même si ce n'est pour quelque mois, ça me détruit au fond de moi. Je me console en me disant que j'ai mon intervenante principale, mais combien de temps avant la fin ? Elle pourrait prendre sa retraite à n'importe quel moment, en plus qu'à la base elle était déjà à sa retraite, ça me fait atrocement peur. Je déteste le fait de ne pas réussir à contrôler à quel point je m'attache à quelqu'un. La vérité, c'est que j'ai peur d'aller mieux et de perdre tout mes suivis, même si je sais que ce ne sera pas le cas tant que je ne serai pas prête. Je suis même trop attachée à mon psychiatre aussi et j'ai peur qu'il me laisse tomber du jour au lendemain, même si je sais au fond de moi que c'est une peur irrationnelle. L'anxiété et l'attachement à ces gens ne font clairement pas bon mélange, j'imagine constamment que si ça va mieux ils vont se dire que je n'ai plus besoin d'eux. Le pire c'est que je sais qu'ils ne me laisseront pas tomber sans raisons, ils me l'ont déjà prouvés, mais ça fait peur quand même. Quand je m'attache autant, je me déteste encore plus, parce que souvent j'ai peur qu'ils ont de meilleurs relations avec leurs autres patients, mais je trouve pas ça sain du tout de ma part.. rien pour aider à moins me détester. Je sais qu'ils ont des relations différentes avec chacun de leurs patients et c'est normal. J'ai toujours peur qu'ils soient déçus de moi, dès que je suis hospitalisée c'est ma plus grande peur. À chaque nouvelle hospitalisation, j'ai peur en plus que l'infirmier principal de la psychiatrie soit déçu de me revoir là. Ça fait juste trop mal tout ça. J'ai toujours l'impression d'être la seule à ressentir tout ça, mais je sais que je ne suis pas la seule. J'espère juste tellement que je ne serai pas comme ça toute ma vie, que je ne souffrirais pas toujours autant face à la fin de suivis/changements d'intervenantes. Le pire dans les changements d'intervenantes/de psychiatre, c'est de devoir expliquer à nouveau mon parcours de A à Z, de devoir me remémorer des souvenirs dont je voudrais juste oubliée une bonne fois pour toute. J'espère juste que mes suivis ne changeront plus pour un petit bout, j'ai assez souffert de ces changements en 4 ans...

J'avais besoin d'écrire ce texte, en repensant à ma première intervenante(Cinthia) et en réalisant comment la fin de se suivi me fait encore mal aujourd'hui.

Texte du 22 décembre 2022, 21 ans.