"Parce que je te pardonne" de @MlleJoker

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L'Eau - ou la "première approche"

La cover est minimaliste à l'extrême : Rien, que le titre sur un fond blanc, froid, chirurgical. De base, j'aurais pas apprécié une couverture aussi "vide" mais le cadre d'un centre et la phrase énigmatique rend cette première de couverture assez attrayante ...

Le résumé est très descriptif, ce qui a ses avantages mais aussi ces inconvénients. Le fait d'avoir un résumé bavard permet d'avoir une idée précise sur l'histoire qu'on va lire, aucun doute à ce sujet mais perd en mystère, un résumé bref (juste parler de son entrée dans le centre et que les deux personnages n'auraient jamais dû se rencontrer) aurait pu titiller la curiosité de certains. Mais il accomplit ce qu'on attend d'un résumé : Il donne envie et on comprend clairement ce qu'on doit en attendre.
Je parlais du problème du résumé bref qui ajouterait du mystère parce que le titre, lui, l'est car il sous-entend le pardon et on se demande : Pardonner de quoi ? Tout comme il sous-entend une relation particulière ... Le mystère et l'envie de la lire est totale mais se heurte donc à un résumé qui en dit un brin trop pour moi.

En conclusion, la première approche accomplit fièrement sa mission de donner envie de lire l'œuvre mais son résumé en dit trop ... Ce qui finit par nous dire qu'on ne lit plus pour savoir de quoi raconte l'histoire mais plutôt on le raconte ( ce qui n'est pas un mal fondamentalement mais c'est différent ... )


L'Air - ou le style

Sûrement parce que c'est moi, mais je suis très, trop peut-être, exigeant sur le style, la façon d'écrire. C'est pour ça que j'ai souvent du mal à choisir une histoire sur Wattpad, avec les gens qui écrivent sans vraiment rien développer et les dialogues faits comme des SMS, très peu pour moi ...

Mais je dis surtout ça car cette approche ne transmet jamais vraiment les émotions qu'ils doivent susciter en principe ; C'est pour cette raison que cette fanfiction est une agréable surprise car son style est "simple" mais elle communique parfaitement les émotions qu'il faut. Et comme il s'agit d'une histoire écrite après les événements ( puisqu'il est issu d'une histoire vraie si je me trompe pas ), la façon d'écrire donne un côté étrange mais pas désagréable, entre la description digne d'un journal intime ( pas romanesque mais avec les émotions qu'il faut ) et presque comme une interview après les événements avec les nombreuses allusions aux futur de ces personnages dans ces chapitres.

Le centre d'intérêt de son histoire réside dans ces personnages, en particulier Angel et Nazir, donc le manque de description ne fait pas tant défaut, surtout que l'histoire se déroule souvent dans le centre, où notre imaginaire va vite le concevoir comme un genre d'hôpital psychiatrique (en tout cas, ce fut mon cas).

Le style d'écriture est simple mais sans fautes, ou sans fautes qui me brûle la rétine (mais je suis du genre à ne pas trop les voir donc ... ). En somme, un style simple, épuré mais qui sait ce qu'il doit faire et le fait bien.


Le Feu - ou l'histoire

L'histoire se base grandement sur l'évolution du lien entre Angel et Nazir, tout en développant les liens entre la protagoniste et les autres internés du centre. Si la façon de raconter tout ça est relativement simple, l'émotion est présente et sait être communiquée à son lecteur tout comme le principe d'ironie dramatique (c'est-à-dire que le lecteur/spectateur sait quelque chose que les personnages de la fiction ne savent pas) sont souvent usés pour créer une dimension tragique et fataliste, comme souvent en fins de chapitres, où elle parle de l'avenir (comme certains chapitres avec son meilleur ami ou les notes de fins parlent de sa mort, ça crée non seulement une attente mais aussi cette fameuse ironie dramatique qui fait mal au coeur).

Le suspens n'est pas tant présent pour cette raison mais le développement y est, où l'on a le temps de voir à quel point Nazir est aussi important pour elle qu'il en est toxique, le déni du personnage principal jusqu'au chapitre, très tardif, où elle finit par admettre sa dépendance est glaçante.

L'histoire n'est pas encore terminée mais on attend de voir quand elle pourra sortir et vivre à peu près normalement ... Un autre élément qui fout le cafard est de savoir que cette histoire est réelle, quand tu es au courant, le dégoût et la peine sont encore plus forts.


La Terre - ou les personnages

Les personnages du centre sont finalement assez peu développés, réduit au point de vue d'Angel qui n'est pas un personnage des plus sociables, dont on se contente de relatives banalités et de pensées, ceci expliquant pourquoi ça ne me dérange pas totalement. Ce qu'on doit savoir, et retenir en termes de personnages secondaires selon moi, est son meilleur ami avec sa fin aussi tragique qu'elle survient brusquement (même après avoir été prévenu plus d'une fois), l'ami qui semble simplet qui se sépare peu à peu d'elle après un drame, un amour impossible qui la brisera davantage, et un ami dont la relation devient plus complexe et ambiguë après le dit-drame ...

Le vrai intérêt se porte sur Angel et Nazir, les personnages principaux. Angel est rapidement attachante, en partie car on voit son histoire d'un point de vue rétrospectif et qu'on nous sous-entend ce qu'elle va lui arriver, on connaît son malheur avant même qu'elle ne le vive et la lente dépendance à Nazir, en partie grâce aux nombres importants de chapitres, permet de la rendre crédible et, par conséquent, effrayante.
Cependant, je suis plus mitigé pour le personnage de Nazir, dans le sens où j'ai du mal avec le fait qu'il soit une personne intouchable (qu'il le soit dans le quartier, je veux bien le croire, et on le développe un peu, mais on le dit que c'est aussi au-delà et, comme on le développe moins, j'y crois moins) mais aussi car on n'adopte jamais son point de vue pour qu'on sache ce qu'il pense ( Est-il ainsi car c'est sa méthode et qu'il pense que c'est bien ? Est-il juste un vicieux manipulateur qui se réjouit de manipuler une personne ? ), ceci empêchant de comprendre sa logique derrière ( celle d'un salopard, dont on aurait l'attrait pervers de suivre sa pensée, comme certains méchants de littérature ; Ou une forme de parallèle entre ce que pense Nazir et ce que les autres ressentent ). Après, comme on épouse un seul point de vue, et que Nazir est l'antagoniste, il est évident qu'on ne va pas soudainement voir son point de vue (et je ne pense pas que l'auteur fera une version de son point de vue, comme ça avait été fait avec Christian Grey en littérature) mais j'aurais aimé en savoir plus sur sa logique à lui, ce qui le pousse à ce genre de traitements.


Pour conclure : C'est une histoire dont le style simple me bloque parfois mais qui sait communiquer les émotions qu'il faut, avec deux personnages majeurs qui sont réussis pour ce qu'ils font, dont l'histoire sait se jouer des ironies dramatiques pour garder captif le lecteur, et dont l'attente de la fin a lieu.
Ma note ( aussi subjective qu'elle puisse être ) : 13/20

Critique de Livres Wattpad [EN PAUSE]Where stories live. Discover now