17 - La Cohorte du Korvalys (1/4)

20 3 0
                                    


1


Le chemin cahoteux empêchait Alessia de céder totalement aux douces sirènes du sommeil, assise sur la conduite du chariot aux côtés d'Ervin. De part et d'autre de grandes rangées de conifères entourait le convoi des Foudres de guerre. Constitué des deux voitures réquisitionnées au domaine Valderiate et d'une trentaine de cavaliers, il progressait à allure moyenne depuis maintenant plus d'une heure tandis que les premières lueurs du jour apparaissaient à l'horizon.

Le pillage de la propriété s'était déroulé sans le moindre accroc, une fois l'intégralité de la garnison rassemblée et ligoté devant la villa, personne n'opposa de résistance aux Foudres de guerre. Andronikos et une poignée de bandits s'occupèrent de fouiller les bâtisses, guidés par Marjolaine et Ervin tandis qu'Alessia conduisait Vaiyn au sous-sol de la villa. L'ancien membre de l'Inquisitorium ne put réprimer son dégout face à la décadence des époux Valderiate, cependant il s'interdit tout zèle. Lorsque la jeune femme glissa à ses oreilles la nature de leur garde-manger, le visage de l'æthérian s'obscurcit. Il posa ses mains sur les tempes d'Arminia et usa du Don d'Alessia pour imprimer un ordre unique dans son esprit.

— Une fois que nous serons partis, vous soignerez puis relâcherez les prisonniers encore valides. Achevez les autres, sans les faire souffrir. Puis plus jamais vous ne vous attaquerez à de simples voyageurs sans défense. Désobéit et nous reviendrons »

Ils détachèrent la noble et lui permirent de se vêtir avant de la traîner jusqu'à l'extérieur de la villa. Endormie par le Pouvoir de Vaiyn, elle resta docile et calme tandis que les Foudres de guerre s'emparaient de ses biens les plus précieux. Quelques heures plus tard, une fois les deux chariots remplies et Arminia ligotée en guise d'otage à l'arrière de l'un d'entre eux, Vaiyn sonna le départ du groupe sous les regards mortifiés des serviteurs et des gardes du domaine. Une fois assez éloignée, ils relâchèrent la noble au bord de la route. Tuer une dame de si haut rang attirerait trop l'attention, ce que leur avait strictement interdit Gerald le Noir. Après l'épisode des mïsthyari, les Foudres de guerre devaient faire profil bas. En fin de compte, le butin se révéla moins fructueux qu'escompté, les Valderiate moins riche que prévu, appauvrie par la construction de la villa. Cependant les statues impies de la salle souterraine semblaient être constitués d'un or d'une qualité certaine, les faire fondre permettrait d'obtenir un bon tas de lingots.

Maintenant sur le chemin du retour, l'escadron de Foudres de guerre n'avait plus qu'à regagner les Terres sauvages. Optant pour la sûreté, Vaiyn et Andronikos avaient décidé que le convoi contournerait les fermes agricoles du nord en passant à l'est. Sur l'étendue plate et verdoyante, la sombre silhouette de la citadelle de Norfort se détachait en arrière-plan. Délaissée depuis la fin des Invasions Drengirs, de nos jours elle n'abritait en son sein plus qu'une poignée de membres d'un ordre monastique et une modeste garnison de la Legio Imperatorii.

— Je voudrais te remercier, Alessia. Ce que tu fais au domaine... Si tu n'avais pas été là à ce moment-là, je n'imagine même pas... glissa tout à coup Ervin pour briser la monotonie du voyage, le jeune blondinet particulièrement silencieux depuis l'arrivée du groupe principal.

— Je n'ai fait que mon devoir, rétorqua la jeune femme. Et ce salaud le méritait.

— Mais tu as préféré me venir en aide plutôt que d'aller ouvrir les portes.

— Trois est toujours plus fort qu'un seul. Puis Marjolaine ne me l'aurait jamais pardonné.

— Tu t'en serais très bien sortie toute seule. Je commence à te connaître. À part Vaiyn et Ivar, personne ne t'arrive à la cheville dans notre bande. Tu n'aurais pas dû te préoccuper de moi, cela n'aurait été qu'un juste retour des choses...

La Larme SanguineWhere stories live. Discover now