La Larme Sanguine

26 - La Décision du Chef de guerre (3/3)

— L'intégralité de l'escouade de la tour a été décimé, énonça Alessia d'une voix calme. Les hommes des Castellans ont réussi à s'infiltrer sans se faire repérer par la vigie. Je ne sais pas si nous les avons tous eu.

Gerald le Noir tituba sur les créneaux, pris d'une violente quinte de toux. Il observa sa paume recouverte de sang, sa respiration hachée et tremblante. Alessia s'approcha pour examiner de plus près la blessure du drengir. La plaie était profonde, la lame du glaive avait frôlé de peu le cœur de Gerald. Si l'hémorragie était superficielle et pouvait être facilement neutralisé par le Don d'Alessia, il en était tout autre pour les blessures internes. Je crois que l'un de ses poumons a été perforé, cela dépasse mes qualifications... Le merveilleux plan d'Alessia venait de définitivement tomber à l'eau.

— Gerald, nous devons immédiatement regagner le corps de garde avant que d'autres nous tombent dessus, fit la jeune femme après avoir aidé le seigneur brigand à se remettre debout.

— Je refuse de battre en retraite ! Je ne laisserais pas ces chiens tuer les nôtres sans rien faire, vociféra Gerald.

— Vous êtes sérieusement blessé. Il faut que l'on trouve Harbard pour qu'il vous soigne sinon vous ne tiendrez pas longtemps. Les mercenare ne sont qu'une avant-garde, les Imperatiis ne tarderont pas à donner l'assaut pour de bon.

Gerald le Noir finit par se laisser convaincre, constatant par lui-même la gravité de sa blessure. Si la vitalité des drengirs demeurait bien supérieur à celle d'un individu lambda, cela n'en faisait pas pour autant des surhumains. Alessia aida le seigneur brigand à remonter le long chemin de ronde, à mi-chemin deux guetteurs en patrouille accoururent vers eux. La jeune femme leur ordonna immédiatement de porter Gerald au corps de garde. Il perdait de plus en plus de sang et était maintenant au bord de l'inconscience.

Le groupe entra en trombe dans la tour du portail, Ervin ouvrant la porte depuis l'intérieur. Il écarquilla les yeux et entrouvrit la bouche de surprise.

— Par Sélène ! C'est le seigneur Gerald !

— Va chercher immédiatement Harbard ! La blessure est grave, le coupa Alessia puis elle ordonna aux deux bandits d'assoir leur chef sur le grand banc en pierre et de compresser la plaie tandis que le blondinet détalait comme un lièvre.

La jeune femme se dirigea vers la passerelle et observa le défilé et ensuite le couloir ascensionnel qui menait jusqu'aux hauteurs du Croc. La myriade de points qu'elle distingua confirma ses pires craintes. La cohorte s'était mise en marche. Ils seront sur nous d'ici moins d'une heure. Alessia rentra à l'intérieur. Gerald s'était évanouis. Au même moment, Harbard arriva en trombe depuis l'escalier en colimaçon et se précipita immédiatement au chevet du seigneur brigand. Ervin vint se placer au côté de la jeune femme, l'air inquiet.

— Alessia, que s'est-il passé ? l'interrogea le vieux sorcier tandis qu'il examinait de ses propres yeux l'étendue des dégâts. Cette blessure a été causé par une lame courte, un glaive.

Le vieux sorcier d'un geste rapide retira le plastron d'acier du seigneur brigand, écarta la cotte de maille puis arracha le tissus en dessous pour dévoiler à nue la blessure. Il appliqua sa paume sur celle-ci et Alessia sentit le don d'Harbard se mouvoir. La chair se referma en quelques instants.

— Des mercenare à la solde des Castellans ont réussi à s'introduire sur nos murs, répondit la jeune femme Ils ont décimé la garnison de la tour et puis nous ont tendu une embuscade. Nous avons réussi à nous en débarrasser mais l'un d'entre eux a pris Gerald par surprise. Ce n'est pas tout, la Légion vient de pénétrer au abord du Croc.