Chapitre 3

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- On va prouver à mon père que je suis loin d'être la faible qu'il pense avoir élevé. On va lui prouver que je peux le surpasser. Mais avant ça, on va se créer un équipage digne de ce nom, terminais-je en posant la pulpe de mon doigt sur la grande carte. Notre chemin commence ici, on devrait y être d'ici trois jours. Nous avons le temps nécessaire pour réfléchir à qui nous avons besoin et a comment procéder.

Un sourire étire les lèvres de Dove, Mary, elle, semble aussi excitée que choquée.

- À vos ordres Capitaine, lance la première en se concentrant sur l'horizon.

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- T'es sûre qu'on est au bon endroit ? Demandais-je à nouveau en fouillant la taverne du regard.

Une pinte de bière à la main, Mary acquiesce en observant la porte d'entrée, comme si elle s'attendait à voir entrer notre mission de la journée d'une minute à l'autre.

- Le tavernier m'a affirmé qu'elle travaillait aujourd'hui. Sois patiente, elle va venir.

Sauf que la patience n'est pas connue pour être l'une de mes qualités. Le brouhaha me donne déjà la migraine, et les œillades lubriques des crasseux complètement déchirés me donnent envie de repeindre les murs de briques avec leur sang. Cette femme est le dernier membre de l'équipage dont j'ai besoin, et c'est bien la seule raison pour laquelle personne n'est encore mort. Je tiens trop à ma revanche pour tout gâcher sur un coup de tête.

- J'espère que tu as raison, soufflais-je en m'affalant sur le dossier du siège.

- Ne te redresse pas trop rapidement et évite de lui faire peur, dit-elle en fixant la porte avec un plus grand interet, ce qui me laisse à penser que la cible est enfin là.

- Ce n'est pas mon genre, dis-je en plantant mon regard sur la jeune femme qui reste encapuchonnée, la tête baissée. On attend la fin de son service ? demandais-je à Mary qui est certainement la plus réfléchie de nous deux.

Elle acquiesce sans dire un mot et hèle une serveuse pour commander à nouveau.

- Évite de terminer la tête dans le goudron ce soir, j'ai besoin de toi au maximum de tes capacités si on doit en venir à négocier, la taquinais-je en avisant de la cinquième pinte qu'elle boit en tout juste deux heures. Pour une pirate, tu n'es pas franchement réputée pour tenir l'alcool, souris-je en ne lâchant plus du regard la fille qui s'affaire maintenant à la tâche.

L'attente dure de nombreuses heures, heures durant lesquelles j'analyse, je réfléchis, je bois aussi. La taverne se vide petit à petit, le soleil va bientôt se lever, et j'en viens à espérer qu'elle terminera bientôt son service, car d'ici deux petites heures, Dove viendra nous chercher par la peau du dos si nous ne sommes pas de retour sur le bateau.

- Elle part, informais-je alors Mary qui se tient la tête entre les bras sur la table. Merde Mary ! l'appelais-je à nouveau en voyant la femme sous sa cape disparaître derrière les portes.

Plus violemment, je secoue la femme, lui intimant d'ouvrir les yeux, et je crois même la menacer de la priver de fromage le soir même, si elle ne le fait pas dans la seconde. Lorsqu'enfin je la vois papillonner des yeux, je quitte la taverne en courant presque. Il ne faut quelques secondes pour retrouver la forme petite et menue et ce, même si les rues sont encore désertes. Malgré ses petites jambes, elle avance étonnement vite.

Je m'active, consciente que si je la perds maintenant, je n'aurais pas le temps de rester une soirée de plus et que je devrais me débrouiller sans elle. Ce qui en soit serait faisable, mais bien plus risqué et embêtant, et je préférerais ne pas ajouter de difficulté à quelque chose qui sera déjà bien assez dangereux pour moi et mon équipage.

Rose des MersWhere stories live. Discover now