Chapitre 8

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Dove débarque dans la cellule alors que je recule, toujours sur le sol, je mets de la distance entre le Prince et moi. L'esprit embrouillé, il me faut une seconde pour me rendre compte que la pirate est devant moi pour m'aider à me relever. Je lui fais signe que je peux le faire seule en me remettant sur pied. J'aperçois à l'autre bout de la pièce Soah, toujours avec mon couteau en train de le faire tourner entre ses doigts.

Son nez est en sang, mais ça ne semble même pas le préoccuper. L'amusement se lit sur tout son visage, visiblement l'arrivée de mon amie ne le perturbe pas plus que cela.

- Il t'a blessé ? M'interroge Dove sans se préoccuper plus que cela du fait que l'homme dans son dos est toujours armé.

Je secoue la tête de gauche à droite, les yeux bloqués derrière elle. Ma réponse est en contradiction avec l'odeur de rouille qui flotte. Je sens le sang couler de ma gorge pour continuer son chemin sous ma chemise et suivre les courbes de mon ventre qui se tord d'une façon trop plaisante.

- Cassia ?

La voix de Dove semble étonnement inquiète, bien plus qu'elle ne devrait l'être.

- Sortons d'ici, dis-je simplement en amorçant le premier pas.

Je n'attends pas qu'elle approuve et ne vérifie pas qu'elle me suit. Mes pieds me mènent à l'homme qui nous regarde curieusement sans esquisser un seul geste pour tenter de s'enfuir alors que la porte est grande ouverte. Non, tout son être est concentré sur moi, il semble aspirer toute ma personne rien qu'avec l'intensité de ses yeux.

- Ça, c'est à moi, commentais-je en attrapant l'arme, sans qu'il n'oppose pas la moindre résistance.

Je tourne les talons sans demander mon reste, le visage figé dans une expression de marbre.

- Tu avais raison, entendis-je alors que Dove refermée à double tour la cellule. Les promesses ne sont que des mots en l'air. Ma jugulaire se porte très bien, reprend-il lentement en empoignant les barreaux de fer.

Il me faut un certain temps pour comprendre qu'il fait référence à la promesse que je lui ai faite quelques jours auparavant.

Et je vous jure que la prochaine fois que vous posez ne serait-ce qu'un ongle sur moi, je vous tranche la jugulaire.

L'enfoiré.

Je l'ignore royalement et je retourne dans ma cabine sous les protestations de Dove qui tente de me poser des questions. Mes ongles rentrent dans ma paume alors que je tente de réprimer l'élan de colère qui monte.

Tu es bien trop faible pour ça.

Faible.

Faible.

La porte s'ouvre alors que je balance le couteau toujours taché de mon sang et de celui du prince. Il se plante dans le bois du mur au même moment où la porte s'ouvre.

- Dehors ! Criais-je sans prendre la peine de me retourner.

Mon sang bout dans mes veines et l'envie de tout balancer est forte. Mais pas plus que celle de mettre en charpie la cause de mon énervement.

- Cassia, tente d'intervenir Mary. Dove est venue me voir et-

Elle n'a pas le temps de terminer sa phrase d'un objet vole et se fracasse contre le mur à quelques centimètres d'elle. Ses yeux sont écarquillés face à ma soudaine violence et si je n'étais pas dans tous mes états, je m'en excuserais aussitôt.

- J'ai dis pas maintenant ! Répétais-je plus fermement.

Fais chier ! C'est quoi ce bordel.

J'ai été confronté à des situations bien plus énervantes que ça, et pourtant, j'ai toujours su garder un sang-froid exemplaire. Là, impossible de réprimer les picotements dans mes doigts, ni même de calmer mon rythme cardiaque, et encore d'arrêter de penser à la scène qui vient de se jouer.

Rose des MersWhere stories live. Discover now