Chapitre 5

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- Il me semblait pourtant vous avoir entendu dire que vous alliez les laisser partir en vie, commence Soah a peine ais-je franchi la porte en bois.

Enfermé dans une cellule, il ne peut que s'agripper aux barreaux en fer pour s'approcher de moi. Mais malgré l'accusation, il ne semble pas en colère, ni même plus touché que cela du sort des marins.

- Vous êtes une jolie menteuse, ajoute-t-il d'une voix basse, les yeux plissés et un rictus au coin des lèvres.

Je m'approche, observe son corps presque dévêtue en affichant un sourire qui a du mal à venir.

- C'est vrai.

Ma propre voix me donne la nausée, mais mon but m'empêche de me défiler.

- Un conseil pour l'avenir, ne croyez pas tout ce qu'un pirate vous dit. Les promesses ne sont que des mots, ils apparaissent, puis disparaissent aussi vite. On ne peut pas croire les gens aussi facilement.

L'intensité du regard qu'il pose sur moi me ferait presque détourner le visage. Ses yeux sont sombres, totalement différents de ceux que j'ai vus plus tôt. Il y a quelque chose de presque dangereux, une étincelle de sauvagerie pure qui disparaît presque aussitôt.

- Quelle raison justifie que vous versiez autant de sang ? Au nom de quoi faites vous cela, je suis curieux.

- En mon propre nom. Parce que j'en ai envie. J'avais besoin du prince, mais pas de témoins. Ainsi personne ne viendra vous chercher.

Ma réplique le fait rire, il semble sincèrement amusé. Mais je ne suis pas idiote, son amusement cache surtout de la curiosité devant son assurance.

- Vous rigolez ? Je suis le prince héritier. Ça veut dire que s'ils ne voient pas mon bateau revenir, mes parents lanceront le royaume entier à ma recherche. Vous n'aurez aucune chance de leur échapper. Alors je ne sais pas ce que vous voulez, mais je ne pense pas que cela vaille le coup d'y laisser votre vie ainsi que les vies des femmes qui vous les ont confiés.
C'est à mon tour de laisser échapper un rire, plus discret mais tout aussi moqueur.

- Vous pensez réellement que nous n'y avons pas pensé ? Nous ne sommes pas idiotes comparé à ce que vous semblez penser. Vos parents ne vous chercheront pas. Personne ne le fera, dis-je totalement sûre de moi.

Face à mon expression confiante, la sienne se fait plus intéressée. A aucun moment il ne parlait même effrayé quand à ce que je lui réserve.

- Comment pouvez-vous en être aussi sûr?

- Parce que mon Prince, vos parents doivent avoir reçu une lettre écrite de la main du capitaine de votre navire a l'heure qu'il est. Une lettre disant que vous avez été attaqué durant la nuit et que les dommages sont bien trop grands pour que vos hommes y puissent quoi que ce soit, et que le naufrage est proche. Il se peut également que je n'ai pas tué tous les membres de votre équipage. Oh ne faite pas cette tête, dis-je en penchant la mienne sur le côté en avisant des yeux émeraude qui me fixent avec incrédulité, je ne suis pas un monstre. Trois de vos hommes ont eu la vie sauve, ils sont en ce moment même, avec deux de mes coéquipières en train de regagner vos cotes. Ils y seront d'ici quelques jours.

Le prince s'humidifie les lèvres et regarde autour de lui comme à la recherche d'une quelconque aide.

- Je ne comprends pas, finit-il par dire. S'ils arrivent en vie à la capitale, ils hurleront à qui veut l'entendre ce qu'il s'est réellement passé.

- En effet, c'est le but. Ils diront tout haut ce dont ils se rappellent, soit que vous avez été attaqué, gravement blessé, et que vous n'avez pas survécu au naufrage de votre navire, qu'ils en sont les seuls survivants.

Rose des MersWhere stories live. Discover now