Assia, Vol.1

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On nous enferme 5 jours sur 7 dans une pièce avec des humains pour au final rentrer chez soi, se doucher, manger et recommencer. Mais quand est- ce que l'on prend du temps pour soi en vrai ?

Voilà, c'est au travers de cette petite phrase interrogative que j'me trouve des excuses pour me coucher tard et ne pas assumer le lendemain. Mon daron dit que ça tue la santé de se coucher tard. Après bon, c'est pas comme si je passais le plus clair de mon temps sur les réseaux ou autres ; loin s'en faut ! Bon, j'avoue j'y fais un tour de temps à temps, c'est comme tout le monde ! Les amis, les messages de groupes, les infos... Difficile de faire sans maintenant. A part ça, je lis et regarde des documentaires. Mais surtout ce sur la colonisation de Djibouti, mon pays d'origine ou mon pays tout court.

J'y connais rien en vrai du pays de mes parents, si ce n'est ce que je vois sur les documentaires que je regarde et les livres que je lis. T'façon, dans tous les cas, j'irai dans mon pays. Il faut vivre la vie du pays pour le comprendre et non pas entendre ce qui est dit de lui au travers de mes darons, de mes grands parents ou des reportages que j'ai longtemps visualisé.

J'irai aussi en Ethiopie, le vrai territoire de Djibouti car ouais, mon pays n'est que la construction sordide des Blancs. Et ce, du territoire stratégique qui a été malicieusement choisi jusqu'au drapeau et l'hymne national. Tout ça ce sont les colons qui l'ont décidé.

Ainsi en découle des richesses qui n'ont pas profité aux locaux ou du moins qu'à une petite classe, comme n'importe quel pays d'Afrique en vrai.

En l'occurrence, je peux pas dire que ma mère a vraiment vécu dans la pauvreté. Mon grand-père maternelle lui-même ayant été un proche des colons durant la période coloniale, il bénéficiait de certains avantages. Ouais, c'était un traitre ou un opportuniste j'sais pas quel nom lui donner mais bon, il était pas tout blanc tout propre. Du moins, pas envers les siens.

Mes parents ont vécu là-bas, dans leurs bled. Et comme beaucoup d'étrangers de la cité, leurs vraies vies est là-bas. Tout a été fait chez eux et ce de la conception de mes demis-frères que mon père a eu dans sa vie antérieure aux projets qu'il a pu entreprendre là-bas avec ses frères et sœurs qui eux sont restés dans cette région d'Afrique de l'Est. Je n'ai jamais vu ses enfants antérieurs que ce soit en vrai ou en appel vidéo. J'ai uniquement vu deux trois photos d'eux, c'est tout.

Mais s'ils ne comptent pas venir à moi, moi j'irai à eux et même si cela doit couter des représailles car oui, ils sont jaloux de ma sœur et moi et ils nourrissent je le sais une certaine rancoeur envers mon père car ils voient en nous l'abandon de ses responsabilités, de sa première famille.

Mon père a rencontré ma mère dans un de ces quartiers riches de Djibouti après la période coloniale alors qu'il effectuait une mission dans une demeure aux allures de maisonnette Disney. Tout de suite tombé sous son charme et elle immédiatement séduite par lui, mes grands-parents maternels se sont au départ opposés à cette union par le biais que mon père était déjà père d'autres enfants.

Financièrement, la situation de mon père n'était pas top non plus. Ce n'était pas un misérable. Il ne vivait certes pas dans une famille de délinquants où la misère avait poussé mes oncles et tantes à faire des trucs sordides et inhumanistes, mais la différence de train de vie était tout de même colossale entre ma mère et mon père. 

Mais ce qui posait vraiment problème était davantage le critère familial que le critère financier. Mon grand-père maternelle ne voulait pas que ma mère soit une deuxième femme la polygamie alors que la était et reste encore aujourd'hui acceptée à Djibouti dans une certaine et mince mesure.

ghettoyouth - graine dans la villeWhere stories live. Discover now