Noémie, Vol. Final

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C'était presque devenu routinier de passer mes journées de révisions et mes soirées chez Chloé en compagnie de sa mère les quelques fois où elle était là. Elle dinait avec nous et nous racontait sa longue et terrible journée avec un verre de vin rouge remplit à chaque fois de manière non-conventionnelle. Mais bon, tout ça fait désormais parti du passé, les révisions sont finis, le bac est passé pour moi comme pour les autres. Ma mère est en larme au téléphone maintenant que je lui annoncé que je suis bachelière.

« Admis mention assez bien maman... Ouais, bah ouais c'est bien... Bah 12 quelque chose j'ai eu ouais.. Oui maman moi aussi je t'aime.. Mais non, pleure pas maman... ».

Lorenzo m'a aussi félicité par sms.

L -: C'est carré ma reuss, jui fer de toi !

Accompagné de quelques émoticones dont je ne vois pas le lien avec son message. Ça c'est adouci à la maison, l'histoire de la dispute est devenue presque ancienne à nos yeux. Pourtant, il s'éloigne de maman et moi. Il grandit je pense, c'est tout. Mélissa m'a aussi appelé pour me féliciter, elle m'a préparé une surprise. A voir pour la dernière, je suis intriguée.

La dernière fois que nous nous étions réunis à quatre, j'allais en révisions chez Chloé. Ça remonte à bien 2 mois maintenant, ça date. Assia, Iska' et Mehdi ont tous eu leur bac. Iska a tapé une mention très bien, mais semble préoccupé par autre chose. Il prend alors rapidement la fuite après que l'on est un peu discutés de nous et de ce que l'on a fait pendant ce temps. Assia fait de même, elle reste un peu avec nous par courtoisie avant de partir rejoindre Zoé. Puis nous nous retrouvons à deux avec Mehdi. Il m'avoue qu'il comprend pas sa note.

– Je pensais avoir tout baisé, j'te jure. Mais bon, mehlich, c'est du passé maintenant, ma mère et mon père vont être contents. Puis mon frère, j'ten parle même pas !

Après m'avoir exprimé sa joie, lui aussi me laisse seule dans la cour, au milieu de ces familles amoureuses et fières de la réussite de leurs gosses. Je décide alors de faire un dernier tour de l'établissement, moi qui l'ai tant détesté tout au long de l'année. Je passe alors dans le gymnase qui est vide de monde. Je fais un tour dans les vestiaires, prends une balle de basket situé dans les rangements puis effectue quelques lancées à 3 points et quelques lay-up avant de la déposer pour de bon.

Je rentre ensuite dans le bâtiment principal puis j'emprunte les escaliers pour atteindre la salle E205 où avait lieu nos cours d'histoire-géo' avec madame Rutter. Je m'assois à ma place habituelle, puis à celle du prof avant que la technicienne de surface me dise que je dois libérer la salle et que je n'ai pas le droit d'être là.

Au deuxième étage, je regarde la vue que donne la pièce C312 devenue mythique car entre 8h et 10h, on pouvait les lundi, mercredi, et jeudi apercevoir de la fenêtre un couple en train de sauvagement baiser. Les rideaux étaient secondaires pour eux, ils étaient peut-être exhibitionnistes.

Je descends les escaliers dans le calme et avec une infime tristesse. Moi qui ai pris l'habitude de courir, et de les déballer afin d'arriver le plus rapidement dehors, je me sens désormais comme collée aux recoins de chaque pièce que je franchis. Une page se tourne vraiment en fait.

ghettoyouth - graine dans la villeWhere stories live. Discover now