Iskander, Vol. Final

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Le frère de Noémie est mort il y a 2 semaines. Il s'est fait tirer dessus le soir des résultats du bac, le même soir où on s'est vus avec Mehdi, le même soir où Mimie était dans un sale état et le même soir où elle avait l'air de se faire chier d'être avec nous. Après l'événement tragique, je l'ai appelée mais en vain. J'ai tenté de la contacter sur les réseaux sociaux, mais tous étaient désactivées, introuvables. J'ai attendu devant leur bât, j'ai passé des journées posté sur une chaise pliante devant la porte d'entrée du block à attendre le moindre cheveu, le moindre cil, le moindre indice de sa mère et d'elle, mais rien. J'ai fini par demander aux voisins s'ils savaient où étaient passées les deux, mais queudal.

Pedro, un immigré portugais du quartier installé depuis longtemps dans leur immeuble me dit que ça fait un moment qu'elles se sont absentées.

– Tou* sais, ce qui s'est passé ce soir là c'est tragique.. C'était qu'un gamin.. Jusqu'à quand encore mon pouti.. Ils sont partis, c'est tout. M'avait-t-il dit

J'avais fini par me rendre à La Mine où un tag à son honneur a été fait avec la dédicace de la plupart de ses potes. J'ai reconnu les signatures de Djaby, de Sincère et de Mam's, tous sont venus lui apporter un dernier hommage. A la Mine, son groupe était là. Je leur ai demandé s'ils savaient où étaient Noémie et sa mère, mais ils n'en savaient pas plus que moi. Ils en disaient peu, cachaient sous leurs vêtements noirs impénétrable une tristesse indéchiffrable. L'ambiance était encore aux funérailles, j'avais préféré m'extirper même si Noah, présent aux obsèques s'était confié à moi.

A l'enterrement, y avait personne. T'avais Noémie, sa mère, moi et la pote de Noémie, une Assia je crois. Elles étaient proches, elle s'tenaient toutes les trois la main, je me sentais coupable de la mort de 'Renzo j'sais pas pourquoi. Noémie faisait que d'pleurer, sa mère avait arrêté de pleurer, elle était juste usée. J'ai fini par aussi lâcher des larmes, avant de me jeter dans leurs bras à elles trois. Elles m'ont dit de faire attention, de prendre soin de moi, qu'elles m'aimaient et qu'elles m'en voudraient jamais. Depuis, plus rien.

J'étais ressorti de La Mine avec l'illustration en tête de ce à quoi avait pu ressembler les obsèques et une montée de larmes avait essayé de prendre le dessus. Le ciel gris et ses quelques pluies éparses en plein mois de juillet m'avaient mis mal à l'aise, m'avaient rendu maussade. J'avais appelé Assia mais elle ne me répondait pas, Mehdi non plus. J'avais alors tenté un dernier plavon' et avais appelé au culot le service économique de l'agence d'HLM qui gère nos loyers. L'agent au téléphone s'était montré craintif, méchamment professionnel jusqu'à ce que je lui dise que ces informations demandées avaient pour objectif une étude socio-urbanistique en lien avec la mairie de la ville.

– De ce que je peux voir, le loyer de madame Mercari n'a pas été payé depuis déjà 5 mois déjà mais bon, c'est une habitude dans cette zone. Y a t-il autre chose que je puisse faire ? M'avait-il dit.

– Non, c'est bon monsieur.

– Une agréable journée à vous.

Sur les marches de l'escaliers de mon immeuble, j'avais perdu peu à peu espoir de les revoir et de pouvoir serrer dans mes bras cette fille que je considère comme ma sœur. Puis, j'ai fini par totalement perdre espoir de les revoir. J'ai vu que les petits étaient passés à autre chose, qu'ils recommençaient leurs conneries, leurs bordels, qu'ils recommençaient à rire, à danser, à manger la vie et j'ai fini par faire pareil.

ghettoyouth - graine dans la villeWhere stories live. Discover now