ghettoyouth - graine dans la ville

Noémie, Vol.2

Les cours arrêtent demain. Putain, j'ai tellement hâte. Ma mère continue de me mettre la pression concernant mes résultats d'admission qui arrivent bientôt par ailleurs. Je sais pas encore dans quoi je m'embarque. La plupart de mes choix sont assez hasardeux. Si je peux, je ferai une année sabbatique, j'ai la flemme de reprendre une nouvelle fois les cours.

Dans le bus de ce matin, Mehdi et Iska sont calmes, parlent posément de différents sujets que j'ai du mal à suivre. J'ai mes écouteurs et poursuit ma série de la veille. Assia écoute de la musique et paraît davantage engagée dans leur conversation que moi.

Je reçois un SMS de Chloé qui me dit qu'elle m'attend à l'entrée du lycée. Depuis la semaine dernière, il est que l'on s'est comme « rapprochées ». Du moins, elle s'est rapprochée de moi. Elle se con fie avec une certaine pudeur notamment sur l'absence de son père, le dédain qu'éprouve sa mère envers sa personne, du parcours scolaire parfait qu'a eu son grand frère dont ses parents souhaitent qu'elle s'inspire.

Je savais même pas qu'elle avait un grand-frère jusqu'à peu. Mais il y a aussi du faux chez elle. Elle critique Héloise et Louise et qualifie Romain de répugnant qui est un leur de leur pote pd. Il n'a jamais été mon pote bien qu'il soit pas méchant.

Bref, je me méfie un peu d'elle. En descendant du bus, je décide de me joindre à eux et les entend parler de leurs plans de cet été. Mehdi raconte que lui, Brahim et Alexis aimeraient aller dans un truc pas trop connu, qu'ils préfèrent éviter le Sud-Est et le plein Sud qui, selon lui des endroits trop : « cotard ».

– Tu connais Arcachon? Tu vois là-bas j'aimerais genre. Ou Biarritz! Flemme les délires de Nice et tout en fait. Nous explique- t-il.

Je l'écoute élaborer son plan, se gratter le menton comme si une énorme problématique était à résoudre à cet instant clef. En avançant, nous changeons de partenaire. Mehdi se retrouve à côté de moi et Assia avec Iska. Nous avançons deux par deux, l'un respectivement derrière le sexe opposé.

Je regarde Mehdi et lui demande si la soirée de Mélissa de la semaine dernière s'est bien passée, dont il ne sait pas que je sais tout le déroulé de cette dernière.

Il me répond brièvement, l'air gêné, l'air secret. Je le confronte encore une fois lui demandant si certaines filles avaient pu lui plaire durant la soirée et il continue de nier.

Je lui dis que je sais tout et qu'il n'a pas à me le cacher car je m'en beurre, je suis pas sa meuf et ne le deviendrait jamais. Je regarde ses sourcils se fronçaient, son pouce attraper l'index de la même main comme s'il tentait de se canaliser et de se contrôler. Je perçois le glissement de sa salive dans sa glotte puis il accélère le pas pour rentrer le plus tôt possible dans le lycée dépassant nerveusement Iska et Assia qui se retournent et me regardent de manière intriguée. Au moins, j'aurais été cash.

Ma journée ressemble à celle d'hier, avec les pions qui nous cassent les couilles pour les derniers au revoir et les profs qui nous mettent en pression concernant un examen dont je m'en bats les couilles.

Demain c'est la libération, on les reverra plus et c'est tant mieux. En cours, je passe plus de temps sur les réseaux qu'à noter ce qui est soi-disant important. Mélissa m'envoie des photos d'elle. Cette fois-ci, elle est à Tours. Qu'est-ce qu'elle fout là-bas ?