Iskander, Vol.1

25 1 0
                                    



Même quand je descends à mon arrêt de bus je peux pas m'empêcher de faire le tour du quartier avant de rentrer chez moi. C'est vital. Je suis de patrouille bénévolement en fait. Je descends à Languedoc dont l'arrêt donne sur Frankfurt – la rondelle plus sale de la cité d'après Djaby et Sincère ces enculés – mais qui est l'endroit où je vis depuis minot.

A peine sauté du bus, je passe en général chez l'épice avec Mehdi prendre une boisson avant de faire ma ronde journalière. Je longe le long du trottoir du club de boxe française jusqu'au collège avant de remonter et de continuer jusqu'à La Chaîne, qui est l'endroit des croisements intergénérationnels où petits comme grands traînent là pour parler, se chambrer, galérer et s'échanger des tours de moto ou vélo.

Je continue ensuite, tout en me pavanant calmement car rien ne presse jusqu'au Terminus pour serrer la main aux humains devant la boulangerie et devant les immeubles de l'Avenue. En guise de conclusion, je fais le suis même chemin retour jusqu'à la maison en passant par les Coursives et le tabac des anciens.

Pendant toute l'année, du lundi au vendredi l'histoire se répète. Je fais le même schéma, le même parcours en rentrant des cours avec le quatuor. Sauf en hiver ou en automne quand la pluie et le froid ont raison de nous, ont raison de moi.

A cette saison, tout le monde se cale dans les blocks ou sur les parkings dans une gov' climatisée au maximum. C'est limite un deuxième four. Mais moi, je suis pas gardien d'immeuble ni gardien de parking pour aller voir chaque personne et leur serrer la main donc je rentre direct chez moi et ça s'attrape alors à La Mine ou dans un block.

En général, on évite de se caler dans les blocs où on vit au risque de croiser nos darons ou des amis de la famille. Ils pourraient penser que l'on traine, chose qui serait mal vu. La Mine est une cave condamnée qu'on a amménagé quand on était petits – Entre 12 et 15 ans à peu près - avec Djaby, Sincère, Brayan, Joel, Mam's et Adel par une trouvaille hasardeuse.

On se trainait dans la cité un samedi aprèm à la recherche de quelque chose à faire, de quelqu'un à voir, d'un passe-temps, d'une animation, d'une activité. D'un délire quoi.

Mam's décida plus par intuition que par connerie, alors qu'on traversait l'espace vert enclavé entouré d'immeubles situé près de La Chaîne d'enfoncer l'une des caves condamnées dont on eut jamais trouvé un quelconque intérêt. On pensait qu'il était impossible de l'enfoncer et d'y entrer. Puis y rentrer pour faire quoi en vrai. Il donna deux gros coups coups de pieds et la porte se fragilisa. Il le ressentit et décida de l'enfoncer avec son épaule au travers de plusieurs coups à maintes reprises jusqu'à ce que la porte s'entrouvrit assez pour nous permettre de rentrer dedans.

– Dinguerie ! Venez on rentre wesh ! Cria Joel.

Rentrés dedans, on remarqua que cette cave servait d'ancien dépotoires pour le personnel de la mairie de quartier. On y trouvait les plans du conseil municipal et de plusieurs dossiers au sujet de la construction de la cité. Un des articles parlait notamment d'innovation urbanistique, de révolution sociale et d'autres mots similaire à « innovant » afin de décrire où est-ce que l'on vit maintenant. Parmi cette masse de papiers, plusieurs articles concernés des faits divers déroulés à la cité :

ghettoyouth - graine dans la villeWhere stories live. Discover now