Sincère, Vol. Final

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A mon réveil, soit mon père dort soit il n'est pas là, il n y a pas de juste milieu. La majeure partie du temps il n'est pas là, comme ce matin. Je n'ai reçu ni appels ni messages. La dernière personne avec qui j'étais au téléphone est mon oncle Eliott.

Au réveil, 3 snaps et 4 messages. Des clients. Les snaps sont toujours explicite, les SMS plus subtils. Mais avec le temps, je m'y suis fait à mon procédé. S'il y a des petits points, c'est pour de la coke. Quand ça parle en couleur, c'est pour de la beuh ou du shit.

- : Dispo pour un marron de 40 ? 67 Rue de Gaston Tessier, vite s'te plaît !

- : C'est Damien. Viens déjeuner à 11h, à tout de suite...

- : Salut ! Ce soir 20h au quartier d'affaire, à l'Hôtel Premier, tu viens nous chercher ? C'est pour une fête ! Ciao....

Je me prépare. Un jean et un t-shirt simple, me voilà pas cramé. Je passe à l'appart nourrice coupé les bouts et prendre ce qui est à prendre. Quand c'est de la came, vaut mieux être incognito, ne pas être habillé de manière trop remarquée ou trop cliché au risque d'attirer l'oeil.

Quand c'est de la beuh ou du shit, je m'en beurre un peu. En général, les courses pour ce genre d'affaire n'ont pas lieu si loin que ça, seulement à quelques pas du quartier où dans la ville. Je me souviens de mes premières courses à 14 ans quand aucun mecs du groupe à part Djaby savait que je faisais déjà des diez.

Je mettais la beuh dans mes couilles, mais l'odeur me trahissait. A chacune des montées et des descentes, les regards se tournaient vers moi ou, vers la personne assise à côté de moi.

Je faisais toujours en sorte que la personne à côté de moi soit un jeune ou une jeune, avec une allure négligée, moche et un peu « ghetto » de manière à ce que je ne sois pas trop pris pour cible.

Quand c'était pas le cas et qu'aucun jeunes étaient présent dans le bus, je me mettais à côté d'un vieux qui puait ou qui était laid.
Non seulement l'odeur le rendait coupable, mais son aspect n'aidait pas non plus. A côté de lui, je prenais une posture d'intimidé, de gêne, j'faisais mine de chercher de l'aide dans le regard des autres afin qu'il me sente vulnérable. Dès lors, les gens le regardaient mal aussi et c'était marrant à voir.

Je me souviens d'une soirée où je partais livrer des lycéens alors que j'étais moi-même encore au collège et que des contrôleurs de bus étaient présents avec une escorte de flics comme bras droit. J'avais 3g, un 10 de shit et un 20 de beuh. Je n'avais mis que le shit dans mes couilles, la beuh était en totale liberté dans la poche de mon jogging. Le contrôleur prit ma carte, contrôla la validité de cette dernière avant de me la rendre avec un soupçon qui se lisait dans ses yeux et ses gestes.

– C'est l'homme là-bas. Il a des trucs sur lui, c'est pour ça que ça sent cette odeur.

Avais-je dit pour ma défense. J'avais désigné un jeune, un petit rebeu qui paraissait chétif et inoffensif. Oui, je m'étais grillé solo. Le contrôleur fit mine d'être de mon côté, de ne pas comprendre de quoi je parlai jusqu'à ce qu'il sortit du bus un court instant et me demanda de descendre accompagné de son collègue le flic.

ghettoyouth - graine dans la villeWhere stories live. Discover now