Assia, Vol. Final

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Le fait que certains parents fassent le déplacement pour venir chercher leurs enfants déjà majeurs à bibliothèque universitaire me fait rire.

Ils sont grands messieurs, nous ne sommes plus à l'âge du brevet ai-je envie de leur dire.
Devant la bibliothèque, des étudiants discutent de leurs dernières révisions et des recherches de stages qui n'aboutissent pas quant à d'autres ils en peuvent déjà plus des rattrapages.

Je remarque que davantage d'étudiants sortent un à un et que le ton monte, les conversations partent alors dans tous les sens. D'autres sont en première année, d'autres en doctorat. J'essaie de tendre l'oreille dans cette multitude de conversations mais seuls les mots : « Putain », « J'ai dormi 3h hier », « J'ai eu 8 à mon TD mon reuf au calme », « Gros, je crois en je suis burn out, j'en peux plus» et le mythique « Mais y a trop de taff merde ! » sont ceux que je capte.

Putain, ça va promettre l'année prochaine.
Je m'éloigne de cette foule et m'assois sur le banc d'à côté où je remarque l'amas de monde qu'il y a maintenant que je m'y suis extirpée. Dans ce public, je distingue une fille élancée qui tente de se frayer un chemin sans jouer de son atout physique. Zoé vient de quitter sa chaise, enfin. Elle se faufile entre eux au travers de : « Pardon mec », « Oups, désolé », « Oulah ! » puis se présente à moi.
De son sac, elle sort son tabac à roulée et ses feuilles slim. Puis, elle me raconte la difficulté qu'elle possède devant le dernier chapitre de philosophie qu'est : « Le Vivant ». Mais, elle se rassure assez vite car elle reste persuadée que ce dernier ne tombera pas à l'épreuve.

– Ouais c'est sûr qu'il tombera pas. Puis même, faut être cinglée pour mettre du Schopenhauer attends. C'est bon, flemme des gens rabat-joie comme lui.

Contrairement à d'autres personnes de notre classe qui se sont elles mélangées, nous avons passées l'année à deux. On ne s'est affiliés à personne. Pas pour faire les meufs, mais juste parce que nos caractères ne s'entendaient pas avec les autres.

Notre filière a été vue comme une filière foure-tout où plusieurs personnalités et niveaux se sont mélangés dont des gens qui n'ont jamais eu un attrait pour la philosophie, la littérature ou la culture en général. On leur doit rien de toute façon à ces personnes.

Alors que je la motive quand même de prendre ce chapitre au sérieux, je reçois un appel de mon père qui demande comment se passe mes révisions à la bibliothèque dont il insiste au téléphone sur le terme « UNIVERSITAIRE ». Il croit déjà que j'y suis.

Me sachant « bonne élève en principe » et «concentrée», la conversation se voit être vite écourtée après quelques compliments et mots d'encouragements.

Zoé est arrivée l'année dernière au lycée, ce qui ne l'a pas empêché de garder contacts avec d'autres personnes de son précédent établissement.

– Ils font une soirée ce soir, faut qu'on y aille. Me dit-elle

Elle vient de finir sa première roulée, elle est sur le point s'en faire une deuxième.
Jusqu'à présent, je n'en ai jamais fait de « vraies soirées ». La flemme a toujours eu raison de moi.

ghettoyouth - graine dans la villeWhere stories live. Discover now