16- reste avec moi

695 44 4
                                    

PDV de Heidna

24 décembre 1963
Déjà une semaine c'était écoulée depuis ma dernière altercation avec le meurtrier qui vivait un étage au dessus de ma tête, et rien de nouveau ne c'était passé. J'avais refusé de manger dans la salle à manger et avais commencé à prendre mes repas dans ma chambre.
Lui n'avait pas non plus cherché à me parler même si à plusieurs reprises j'avais cru entendre frapper à ma porte le soir, je n'avais jamais ouvert pour éviter de le voir.
Je m'étais beaucoup concentrée sur mes cours que j'avais un peu négligé ces derniers temps. Cette démarche n'était pas vraiment pour revenir dans les bonnes grâces de mes professeurs mais plutôt pour m'occuper l'esprit pour éviter de trop penser à LUI...
Malgré tout ce qu'il avait pû commettre comme actes immoraux, je parvenais tout de même à trouver un moyen de m'émerveiller sur le personnage mystérieux, digne de mes romans, qu'il représentait.
À croire que j'étais folle moi aussi...
Mais ce n'était pas de ma faute si tout ce qui planait autour de Ascian était comme une poupée russe. C'est vrai quoi, à chaque fois que je trouvais une réponse à une de mes questions, cette même réponse débouchée sur un tas d'autres questions. Je n'allais jamais en voir le bout à cette vitesse, il me faudrait un tas de réponses pour enfin atteindre LA véritable réponse que j'attendais et qui répondait à la question: qui était-il?

Un grincement se fit entendre au pas de ma porte, un grincement qui indiquait que quelqu'un s'y trouvait et n'allait pas tarder à toquer ou à entrer dans ma chambre.
Je restais là, assise sur mon lit, immobile, à fixer la porte en attendant de voir si cette fois-ci il allait avoir le courage de rentrer, de me donner une réponse.
Notre petit jeu était très clair, je lui donnais ce qu'il attendait de moi en échange de quoi, j'aurais mes réponses. Et là j'attendais des explications sur ses meurtres jusqu'à présent inexpliqués.
Rien que d'y penser mon cœur accéléra et je me sentis perdre peu à peu le contrôle, mais ces derniers jours je commençais à en avoir l'habitude alors je faisais comme il me l'avait dit, me concentrer sur ses mots...
"S'il te plaît reviens moi, accroche toi à moi, juste cette fois. concentre toi sur mes mots, sur ma respiration ou sur mes battements de cœur, n'importe quoi... Je ne pourrai supporter de te voir ainsi encore plus longtemps par ma faute, je suis tellement désolé Heidna. S'il te plaît reviens à toi. Tu es beaucoup trop précieuse à mes yeux..."
J'avais exactement tout retenu, des premiers mots qu'il m'avait dit jusqu'aux derniers, tout me revenait en tête facilement étant donné le nombre de fois où j'avais retourné dans tous les sens ses phrases pour comprendre exactement ce qu'il voulait qu'elles sous entendent mais il avait toujours été très clair avec moi, sauf ces dernières semaines où quelque chose avait changé.

Je me redressais et commençais à revenir doucement à la réalité quand cette dernière me frappa brusquement : pourquoi personne n'avait encore toqué ou n'était entré alors que l'ombre d'une paire de chaussure passait sous la porte m'indiquant que la personne se trouvait toujours derrière cette épaisse planche de bois. Le visage du frère de Ascian, Arès, me vint directement à l'esprit. Ne me dites pas que c'est lui, s'il vous plaît ! Là où Arès passe, il ne reste plus rien, il détruit toujours tout sur son passage, moi y compris.

Instinctivement je pris la dague en or noire que j'avais reçu à l'un de mes anniversaires avec un magnifique sabre, tout deux accrochés à mon mur, puis j'avançais sur la pointe des pieds jusqu'au mur où était fixée la porte. Je pris une grande respiration et me cachais. Quand cet individu allait rentrer, je serai caché par la porte et une fois qu'il refermera la porte je surgirai comme venue de nul part et l'attaquerai avec ma dague.
Mon cœur battait beaucoup trop vite mais ma respiration était presque imperceptible.
J'attendais qu'il entre...

Un clic retentit et laissa place à un long grincement : la porte était entrain de s'ouvrir. Puis des pas lourds mais prudents remplirent l'espace.
Il ne m'en fallait pas plus, je poussais la porte pour sortir de derrière cette dernière et en un claquement de doigts j'étais face à l'homme qui venait de pénétrer dans ma chambre.
Ma dague sous son menton et le souffle court j'admirais ma proie qui semblait bien plus détendue que moi.
- Doucement Darling tu pourrais te blesser, reposes ça tu veux !
M'ordonna Ascian avec son éternel regard amusé qui m'agaçait plus qu'autre chose.
- Tu ne crois pas que c'est toi qui va finir blessé si tu ne t'en vas pas immédiatement ? Tentais-je de l'intimider avec une menace dissimulée.
- Oooh je crois que tu es assez maligne pour ne pas jouer à ce genre de jeu avec moi. Mais on peut jouer à n'importe quel autre petit jeu si tu veux ...
La façon dont il laissa sa phrase en suspend installa une atmosphère pleine de tension entre nous. Je le fixai un instant alors que je commençais à me perdre dans son regard provocateur.
Ses mots me troublèrent un instant mais je me ressaisi et rétorquais instantanément :
- est-ce que cet autre jeu implique ma dague plantée dans ton corps ? Le questionnais-je avec provocation tandis que ma lame glissait dangereusement le long de sa gorge, frôlant les lignes de sa carotide. Je ne pû m'empêcher d'avancer lentement face à lui jusqu'à ce qu'il recule lui aussi dû à mon arme qui le menaçait depuis déjà un moment.
Il commença à reculer de quelques pas jusqu'à ce que son dos se heurte assez brutalement à la porte close derrière lui.
Quelque chose avait changé dans son regard, une lueur de désir avait imprégné ses iris vertes.
Mon cœur battait toujours aussi fort mais un petit sourire se dessina sur mes lèvres, j'avais enfin le contrôle sur lui!
- non, il implique la mienne en toi... Le ton à peine audible qu'il avait choisi d'employé contrastait à merveille avec sa phrase grossière. Mais je pû m'empêcher de retenir un petit rire alors que je baissai la tête pour cacher mes joues qui devaient prendre une teinte rouge. Il ne possédait aucune dague donc il s'agissait évidemment d'autre chose...
- Maintenant lâche cette dague avant de te blesser, Heidna.
Me dit-il alors qu'il s'empara de mes poignets et me retourna contre la porte close.
Mon dos se heurta à cette dernière et je grimaçais quand je sentis la pression qu'il exerçait sur mes poignets pour que je lâche mon arme de fortune.
Ce connard venait de me déstabiliser avec ses phrases pleines de sous entendus... Il était évident qu'il l'avait fait exprès et que je venais de tomber comme une idiote dans son piège. Rien de bien nouveau finalement.
-aïe tu me fais mal, Ascian lâche moi. Dis-je d'un ton agacé.
- et si je ne veux pas te relâcher ? Si je ne veux pas que tu partes ?
Commença-t-il à chuchoter d'un air autoritaire mais qui me semblait un peu triste.
J'attendis un moment pour réfléchir à ses mots avant de prendre la parole.
- de quoi parlons-nous Ascian ? Je ne suis pas sûre de bien comprendre.
Je savais parfaitement ce qu'il tentait de dire mais je voulais plus, plus de lui, pour une fois qu'il exprimait un semblant de se qu'il pouvait ressentir à mon égard, j'en voulais plus encore.
- Heidna, je- ... Il prit une grande inspiration puis ferma les yeux un instant avant de les réouvrir pour mieux détailler mon visage tout en s'attardant sur mes lèvres pendant un temps qui me parut beaucoup trop long pour que se soit une simple erreur.
- parle-moi, je t'en prie Ascian, je ne veux pas de nouveau te perdre, reste avec moi. Tentais-je de renouer contact alors que je savais que je l'avais déjà perdu à nouveau ...
Il lâcha mes poignets et je les laissais tomber lourdement alors qu'ils m'étaient encore bien trop douloureux. J'étais de nouveau face à un mur qui refusait de me laisser le traverser. Il se renfermait sur lui même et me refusait de nouveau l'accès à ses pensées. J'étais encore sous le choc face à son attitude troublante.
Mais au moment où je pensais que tout était fini, il fronça les sourcils et saisi mes poignets en s'attardant sur les traces rouges présentes sur ma peau encore à vif de ses mains qui avaient bien trop serré ma chaire.
- je suis désolé.
Prononça-t'il sincèrement. Ses yeux reflétaient son inquiétude et sa peine, il semblait réellement troublé par les marques qu'il m'avait faites. Pourtant je n'avais déjà plus mal, je ressentais juste une légère brûlure mais c'était largement endurable.
- ce n'est pas bien grave.
- si Heidna, je suis vraiment désolé pour toutes ces fois où je t'ai blessé. Je m'étais promis de ne plus jamais recommencer mais dès que je m'approche de toi je te fais du mal...
Sa confidence me prit de court, je ne m'attendais pas à ce qu'il me confit de telles choses. Alors comme ça il remarquait ma souffrance, mais pourquoi ne remarquait-il pas les fois où je souriais en pensant à lui en me réveillant ou les fois où il sortait d'une pièce et que je repensais à nos chamailleries ce qui me faisait rire bêtement. Pourquoi ne voyait-il que le mauvais côté.
- tu sais, tu me fais sourire aussi, il n'y a pas que de la souffrance entre nous, seulement tu ne le vois pas...
Ses yeux me fixèrent un moment comme si je venais de lui annoncer la meilleure nouvelle qu'il puisse recevoir de toute sa vie, ses yeux s'étaient agrandit et un semblant de sourire avait tenté de se former sur ses lèvres.
Je supposais qu'à cet instant il était vraiment très très heureux pour oser sourire sincèrement enfin plisser étrangement ses lèvres plutôt mais pour lui c'était énorme de sourire autrement que par provocation ou arrogance, alors même si ce n'était pas parfait, à cet instant je le trouvais touchant voir mignon mais ce sentiment fût de courte durée puisqu'il me saisit les jambes sous un de ses bras et plaça son autre bras derrière mes épaules pour me soulever du sol et me caler contre son torse.
Puis il avança de quelques mètres jusqu'à mon lit où il me déposa avec précaution avant de me dire :
- bouge pas, je reviens.
En quelques secondes il avait déjà disparu de ma chambre. Je ne savais pas exactement ce qui allait se passer mais je regrettais déjà de lui obéir...

La Protégée du Vampire. Where stories live. Discover now