21- toi et moi sommes pareil

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PDV de Ascian

Je n'arrivais pas à croire que je l'avais vraiment fait, que j'étais allé au bout de mon idée.
Que je l'avais tué.
Et si mes suppositions étaient fausses ?
Et si elle n'allait pas se réveiller ?

Je relevai ma tête en direction du miroir en face de moi.
Je voyais à peine les traits de mon visage dans la pénombre de la salle de bain.
L'eau froide coulait dans l'évier, remplissant presque à ras bord le bac.
Quand j'entendis le son d'une goutte d'eau tomber sur le cuir de ma chaussure, je revins à moi et me ressaisis.
L'eau débordait de l'évier et commençait à chuter en direction du carrelage.
Je stoppai son déclin en arrêtant le robinet pour finalement plonger mes mains dans l'évier, provoquant alors une nouvelle chute d'eau mais cette fois ci bien plus conséquente.
Cependant mon attention se portait sur le liquide rouge qui se diluait lentement dans l'eau en formant de petites taches virevoltant comme des flammes selon les mouvements de l'eau.
Son sang quittait mes mains pour mieux s'étendre dans le liquide autrefois incolore.
J'étais hypnotisé par les couleurs, les odeurs, les mouvements, les formes que pouvaient prendre les gouttes de sang.

Je l'avais tué!

Cette idée revenait constamment dans mon esprit et je me répétais, pour me rassurer, " mais elle va enfin avoir ses réponses "

Après avoir essuyé mes mains sur une serviette, je me dirigeai vers ma chambre où son corps gisait sur mon lit.
Je m'assis alors à ses côtés sur mon fauteuil en cuir, en attendant qu'elle revienne à elle.
La première fois qu'on meurt, on met plus de temps à se réveiller mais avec le temps on finit toujours par ne prendre plus que quelques secondes.

Les heures passèrent et je commençais à douter de mes suppositions, pourtant à la seconde où j'ai senti son sang sur la lame de mon sabre, il y a plusieurs mois, j'avais compris qu'elle n'était pas humaine, qu'elle était bien plus spéciale qu'elle ne pouvait l'imaginer.
Je me décidais alors à poser ma main sur son poignet pour sentir son pouls à travers sa fine peau.
Mais je ne sentis rien excepté quelques vibrations, puis son corps se mit à trembler avant de s'immobiliser.
Je m'empressai de lâcher son poignet et de me lever pour mieux la voir, ses paupières tremblaient toujours et sa bouche c'était légèrement entre-ouverte.
Elle devait lutter pour revenir parmi les vivants.
Après quelques minutes, sa peau était toujours gelée et son souffle laborieux mais elle avait enfin un pouls.
-Heidna ?

Au son de ma voix elle ouvrit brusquement ses yeux et pris une grande inspiration avant de reprendre un souffle plus ou moins régulier.
À son regard je compris qu'elle était complètement perdue et cherchait des réponses en me fixant droit dans les yeux, complètement incrédule.

- Tout va bien, la première fois est toujours difficile. La rassurais-je en comprenant parfaitement ce qu'elle devait ressentir.

- Mais de quoi tu parles Ascian ? J'étais morte !
Elle avait élevé le ton vers ses derniers mots me montrant que tout ce qui venait de se passer était de ma faute et qu'elle refusait d'admettre la réalité. En même temps je pouvais parfaitement la comprendre, elle venait de revenir d'entre les morts.

- Heidna, je vais t'expliquer ce qui vient de se passer. Je te demande simplement de m'écouter et d'essayer de comprendre.

PDV de Heidna

La voix de Ascian était étrangement douce, il semblait extrêmement sérieux et prenait des pincettes en amorçant ses propos avec un niveau sonore faible. Peut être qu'en parlant presque en chuchotant, il tentait de me calmer ou de capter mon attention, dans les deux cas son idée fonctionnait.
Ma respiration reprenait un rythme régulier et je me sentais moins en colère après lui.
Je ne pensais qu'aux explications qu'il allait me donner.
Je fixais ses lèvres avec attention, attendant que ses prochains mots sortent.
Des frissons d'impatience et d'appréhension parcouraient mon corps. Qu'allait-il me dire d'aussi important pour que je sois obligée de rester calme et de le laisser terminer sans le perturber?

- Quand tu es née, tu m'as été déposé dans mes appartements avec une lettre qui m'expliquait de nombreuses choses à ton sujet et la raison pour laquelle je devais te garder à mes côtés tout en te cachant du monde extérieur, mais je ne suis pas fait pour m'occuper des gosses alors je t'ai laissé à la mère supérieure à l'orphelinat où tu as grandi dans l'ombre mais surtout en sécurité.
Jusqu'à ce qu'ILS découvrent que tu n'étais pas morte née et que tu étais quelque part sur cette terre.
( Plus Ascian avancé dans son récit et plus je me questionnais sur l'existence de cette lettre qui semblait réunir toutes les réponses à mes questions. Je mourrais également d'impatience de lui demander qui étaient ce "ils" qui semblaient vouloir que je sois morte ? )
Ils ont commencé à te chercher et à faire le rapprochement avec moi. C'est là que j'ai dû revenir à l'orphelinat pour te récupérer pour finalement repartir loin de toi.
Ils m'ont traqué jusqu'à ce qu'ils soient lassés de me suivre. J'étais assez loin de toi pendant assez d'années pour les dissuader un moment de m'observer.
Tu dois comprendre que la belle -famille de ta mère n'est pas constituée de personnes bienveillantes, j'en ai fait parti un moment donc je sais de quoi je parle...
( comment ça ? Il en avait fait parti ? )
Ces personnes veulent sûrement ta mort, tu es pour eux une malédiction, un défaut qu'il faut supprimer ou maîtriser avant que tu deviennes plus puissante qu'eux. Heidna tu es ni humaine ni vampire, tu es quelque-chose qui se situe à la limite des deux !
Et je t'ai protégé jusqu'à présent mais maintenant ils t'ont retrouvé et attendent patiemment la fin de ta transition, cependant nous ne savons pas ce que tu es et comment tu vas évoluer.

- STOP! Le coupais-je complètement abasourdi par ses propos.
Tout se bousculait dans ma tête, les nouvelles questions , les réponses aux anciennes, les liens qui se créaient entre certains événements et sa révélation ...
Cependant je ne voulais pas remettre en question ce qu'il venait de m'avouer, étrangement je voulais le croire, quelque chose au fond de moi voulait croire à ce qu'il venait de m'annoncer car c'était plus simple que de me dire que ma vie était juste un chaos total sans explication.
Alors j'étais pas vraiment humaine ? Ce qui expliquerait que je ne sois pas morte.
- Tu m'as tué pour me prouver que tu avais raison n'est-ce pas ?
Lui demandais-je en connaissant d'avance la réponse.
- oui Darling. Maintenant que tu comprends la situation, tu dois partir demain à l'aube. Marius, le frère de ta mère, va venir te chercher et t'emmener plus haut dans la forêt, ma famille possédait un chalet que j'ai préparé pour ta venue depuis un moment déjà. Une fois l'hiver bien installé et la neige tombée vous serez bloqué en haut mais si vous, vous ne pouvez pas partir du chalet, personne ne pourra venir à vous. Tu comprends ?
( il me fixa un moment après avoir prononcé avec douceur ses mots qui me laissaient sans voix.)

Tu y seras en sécurité et Marius te protègera.

La Protégée du Vampire. Where stories live. Discover now