Chapitre 11 (2ᵉ partie)

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Et merde ! J'ai quitté la chambre comme une voleuse, je le reconnais, c'est ridicule, seulement mon angoisse l'emporte sur mon discernement ! 

Ma philophobie revient me tourmenter et j'ai eu beau tenter de me raisonner, je n'ai pas su me contrôler. Le serment qui nous lie ne peut visiblement pas être brisé par l'un ou l'autre et ça devrait me rassurer, mais non ! 

Cette peur de l'abandon continue de me ronger, ce mur dont je me suis évertuée à ériger pendant toutes ces années apparaît si solide, je n'arrive pas à le faire tomber et lui, à le renverser.

Je parviens à la salle du trône déserte avant de me diriger vers la table où le plan est déplié et me penche au-dessus pour observer une énième fois Svartalfaheim se situant juste sous nos pieds en haut du royaume de la perfide Hel. 

Il existe un passage étroit et long à Ydalir, la vallée des ifs, permettant de le rallier. D'ailleurs, j'ai volontairement omis de le souligner, je suis également claustrophobe lorsque les espaces sont trop exigus, eh ouais, encore une phobie ! 

J'espère réussir à me maîtriser, quand Freya nous en a parlé, j'ai remarqué l'inquiétude de Jeck, simplement, il s'est gardé d'en informer le reste du groupe, histoire de ne pas ajouter un motif supplémentaire à leur refus. 

Bien que je lui en sois reconnaissante, j'en ai la certitude, Aldaron, lui, est au courant. Depuis ma promesse, je ne porte plus l'amulette de la déesse qui l'empêchait de lire dans mes pensées ou à sa magie de me rendre folle, à vrai dire, tout ceci est loin maintenant, même si parfois c'est complexe... Je perçois sa présence derrière moi et il me souffle :

— Tu es partie rapidement, est-ce que tout va bien ?

— Euh, oui ! Je souhaitais seulement revoir la carte.

Je feins de m'y intéresser de près et l'admets, lui mentir ne sert à rien, mais là encore, ma raison s'évanouit. De toute façon, je ne me sens toujours pas prête à le lui confier, du moins, pas pour l'instant. Jeck et Anna arrivent à leur tour, comme j'aime à le formuler : sauvée par le gong ! Je constate soudain que je suis restée en apnée et reprends ma respiration.

— Du nouveau ? demande mon frère.

Je fixe Aldaron, mais il se tient silencieux et mon manque d'air recommence, soit il joue avec mes nerfs, soit il a changé d'avis ?

— Je vais informer la déesse Freya de mon accord à gagner Nidavellir.

Mon cœur retrouve son rythme cardiaque normal et la divinité de l'amour survient à ce moment.

— Tu n'es pas sérieux, Aldaron ?

— Ils n'ont pas tort, nous ne détenons pas de solution alternative et nous ne pouvons pas nous risquer à ne pas atteindre Lyngvi lors de la prochaine pleine lune.

J'entrelace mes doigts aux siens et les presse doucement pour lui manifester ma reconnaissance. Freya ne réagit pas, cependant, de la tristesse passe dans ses yeux, mais aussi de la résignation.

— Très bien, apprenez-le, tout ce que vous avez entendu concernant l'histoire des nains est vrai ! La couleur de leur peau témoigne de leur âme, malheureusement, comme ils sont doués de métamorphose, il vous sera inconcevable d'identifier si vous vous trouvez en présence de l'un ou l'autre. Ne vous fiez qu'à votre instinct, tenez-vous constamment sur vos gardes et surtout ne leur accordez pas votre confiance ! Quant à vos intentions, ils se moqueront de les savoir bonnes ou mauvaises, seul le marchandage compte !

Je déchiffre une profonde inquiétude dans le regard bleu de la déesse et elle ajoute :

— Je dirais à Eir de préparer tout ce qu'il vous faut pour le voyage. Anna, étant donné qu'elle t'a enseigné de nouveaux soins et potions, je te conseille de la consulter sur le nécessaire à emporter.

ALANA ET LE SORTILÈGE DES DIEUX VOLUME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant