Le Professeur

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Depuis que j'ai ouvert les yeux ce matin, j'ai l'impression qu'on me frappe inlassablement le crâne avec un marteau. Et je ne parle pas  de la sensation désagréable et pâteuse qui ne veut pas quitter ma bouche malgré mes trois brossages de dents consécutifs et les deux litres d'eau que je me suis enfilée.

En raison de mon état lamentable (pour ne pas employer le mot minable car c'est ce que m'as rendu Liam : complètement minable), j'ai pris l'initiative de sécher la majorité de mes cours et d'éviter tout contact avec la lumière du jour sous peine de m'infliger une migraine encore plus épouvantable que mon mal de tête infernal dont la quantité faramineuse de doliprane n'a pas su apaiser.

Seulement, comme me l'a fait remarquer Ava, qui est vraisemblablement dans le même état que moi, même avec toute la mauvaise volonté du monde, on ne peut pas échapper à nos engagements envers le tutorat. Ce qui m'envoie dans l'obligation de me pointer à la fac aujourd'hui.

-Je t'en supplie. Accompagne-moi jusqu'à la salle, je n'oserai jamais lui faire face.

Ava remonte ses lunettes de soleil sur le haut de sa tête, dévoilant ses cernes violacées, que le maquillage peine à camoufler et me regarde d'un air faussement supérieur.

-Supplie-moi encore, tu sais à quel point j'aime ça.

Outre le fait que je suis en train de me remettre d'une gueule de bois monumentale, le pire dans cette situation est que je vais devoir croiser Nathan dans les heures qui suivent. Moi qui voulait l'éviter à tout prix, on peut dire que c'est raté.

En effet, bien que quelques passages de ma soirée soient plus ou moins flous, à mon grand damne, je me souviens parfaitement de ma conversation avec lui. Par conséquent, il n'y a aucun moyen pour que j'arrive à regarder mon binôme droit dans les yeux sans que je n'ai envie de m'enterrer six pieds sous terre.

-Sérieusement, Ava. Je ne suis vraiment pas d'humeur. En plus, cette situation est de ta faute, je l'accuse de mauvaise foi.

Elle soupire, visiblement agacée, et replace ses lunettes sur le bout de son nez après que les rayons du soleil l'ont agressé de plein fouet.

-Ecoute, je te rappelle que tout l'alcool que tu as ingéré, tu l'as commandé toute seule comme une grande.

Je hausse un sourcil.

-Et quoi que tu en dises, tu seras forcée de reconnaître que j'ai bien fait de t'envoyer Nathan, tu tenais à peine sur tes jambes lorsqu'il t'a trouvé. Qui sait ce qui aurait pu t'arriver, sinon.

Je pince les lèvres. Il est vrai qu'elle n'a pas tort.

-Mouais... Mais ça veut quand même dire que pour te faire pardonner de m'avoir traîné dans cette soirée qui n'a fait que m'attirer des problèmes, tu vas venir avec moi?

Ava marmonne dans sa barbe tandis que je lui lance un regard de chien battu.

-Désolée, Léonie... J'ai promis d'être super en avance à Stacy pour le cours du tutorat, elle veut absolument revoir certaines notions avant la séance. Elle flippe que le professeur Moreau assiste à notre cours, aujourd'hui...Apparemment, son horoscope lui a dit qu'elle allait passer une journée de merde, et comme son bracelet préféré s'est cassé ce matin, elle a pris ça pour un signe ou je ne sais quoi.

-Tu sais ce que mon horoscope à moi m'a dit? Que ma meilleure amie devait m'accompagner jusqu'à la salle de la mort sous peine d'être anéantie par la honte.

Ava lève les yeux au ciel.

-Arrête ton sarcasme, tu ne crois même pas en ces conneries. Mais pour me faire pardonner de te lâcher dans un moment pareil alors que tu m'as suivi hier même si tu n'en avais pas envie, je te paierai deux cafés.