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Si il y a six mois, on m'avait dit avec le plus grand sérieux qu'à cette période de l'année, je serai en train de prendre en photo mon professeur à son insu pour avoir une preuve irréfutable de son agitation durant son sommeil, je lui aurais probablement ri au nez.

Liam, assoupi, s'accapare littéralement toute la place du lit deux places. Tellement, que j'ai manqué de dormir à même le parquet plusieurs fois cette nuit. Si on omet le stress qui me tourmente ces derniers temps, il est la principale raison pour laquelle je suis réveillée à sept heures du matin un samedi matin.

Je souris en m'assurant une dernière fois d'avoir été assez discrète dans mes mouvements pour ne pas avoir tiré Liam de son sommeil profond. Je me rends dans la cuisine à pas feutrés et me prépare un café dans l'espoir que la caféine sera un stimulant assez puissant pour me permettre d'affronter cette journée qui s'annonce comme il se doit.

Tandis que j'insère une dosette dans la cafetière, je désactive le mode avion de mon téléphone à contre-cœur. Je redoute déjà les messages de mes parents, qui n'ont sans doute pas apprécié que j'ignore délibérément leurs appels. Et je ne prends même pas la peine de mentionner que j'ai décidé de loger ailleurs sans les prévenir. Ils ont probablement dû poiroter sur mon palier pendant un petit moment avant de me maudir toute la nuit.

Sans même lire leurs remontrances, je rédige rapidement un message avant de l'éteindre à nouveau.

Je serai chez moi à 14 heures.

Je saisis ma tasse fumante et m'installe sur un tabouret. La cuisine est sobre, simple et comporte le strict nécessaire. Comme toutes les autres pièces d'ailleurs. Je n'ai vu aucun effet personnel ou décoration pour égayer un tant soit peu ce style épuré. J'ai été surprise de constater que le détachement, dont Liam fait preuve pour instaurer une distance avec les gens, s'applique également dans son propre appartement.

Distraitement, je bois une gorgée de ma boisson. Je sursaute en éloignant brusquement ma tasse et jure dans ma barbe. Je porte ma main à bouche comme si cela pouvait avoir pour effet de soulager la brûlure sur ma langue.

Des bras puissants m'encerclent. Comme habituée depuis toujours, je me laisse bercer par la chaleur et le réconfort que m'apporte l'affection de Liam.

-Je t'ai réveillé ? Je m'inquiète alors que Liam embrasse le haut de ma tête.

-Non, c'est Nicolas qui m'a appelé. Il passera dans l'après-midi.

Je hoche la tête alors que je l'observe s'installer à côté de moi.

-Tu veux un café?

Son regard appuyé sur mon café, je me sens obligée de lui demander.

Il secoue la tête négativement. Mais d'un geste contradictoire, il saisit ma tasse et la porte à ses lèvres. Cet homme doit être immunisé contre la douleur car il boit comme si le contenu s'avérait être de l'eau tiède.

-Tu vas voir tes parents aujourd'hui ?

Je grimace.

-Ouais... après manger.

Ses doigts effleurent lentement les miens avant de courir le long de mon avant-bras, remonter jusqu'à mon épaule et finir par caresser le creux de mon cou.

-Tu veux que je t'accompagne ?

J'ai songé un moment à cette perspective. En fait, j'étais persuadée que je le supplierai de le faire car sa présence me serait réconfortante. Cependant, il ne m'a pas fallu longtemps pour me raviser dans ma décision : avoir Liam à mes côtés dans ces conditions rendrait incontestablement mes parents encore plus furieux qu'ils ne le sont déjà. On ne peut pas qualifier cette officialisation de relation des plus chaleureuses, alors, quitte à devoir me retrouver livrée à moi-même, autant que ce soit pour une bonne cause.

Le ProfesseurOnde histórias criam vida. Descubra agora