Chapitre 6 {Aby} Hurt

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« Ohh I'm sorry for blaming you. For everything I just couldn't do. And I've hurt myself by hurting you. »

Christina Aguilera - Hurt

P.O.V Abigail's


Mon regard se pose sur la vue extérieure que j'ai depuis ma position sur le lit. Dans mon dos, je sens la respiration endormie d'Anna alors qu'hier, c'était Elioz. Mes amis se passent le relais pour ne pas que je me retrouve seule dans un univers que je ne reconnais pas mais c'est pourtant ce qui se passe. Ça fait quinze jours que j'ai appris que ma famille n'était plus en vie et que je peine encore à y croire. Autant de jours que les médecins m'ont laissé sortir à la condition que je sois sous surveillance constante. Comment je me sens ? Étrangement, bien. Il faut dire que les anxiolytiques sous lesquels ils ont dû me mettre, m'assomment beaucoup mais j'en ai besoin.

Depuis l'annonce concernant ceux que j'aime, je n'ai eu de cesse de faire des cauchemars et d'avoir de très grands élans de tristesse allant jusqu'à être capable de me mettre moi-même en danger. On ne m'a plus remis les menottes en cuir depuis l'épisode où j'ai totalement vrillé mais rares sont les moments où je ne suis plus seule. En comprenant que ma vie ne serait plus jamais la même, que je me retrouvais quasiment seule dans ce monde effrayant avec un organe que je ne maîtrise pas encore, j'ai décidé que je ne voulais plus rien apprendre sur ce que j'ai oublié. Ça fait bien trop mal à encaisser et je ne me sens pas prête pour en savoir davantage.

J'ai beaucoup discuté avec Elioz qui m'a parlé un peu plus de ce qui s'est passé au mariage sans que ça n'éveille en moi, le moindre souvenir. Je peine encore à croire que ça s'est réellement produit parce que je ne peux me résoudre à imaginer mon père, tirait froidement sur ma mère. C'est inconcevable. Il ne ferait jamais une chose pareille, il est fou d'elle. Et Lorenzo, il m'aurait tiré dessus ? Non ça n'a aucun sens, définitivement aucun. Nous n'avons jamais été une famille ou un couple très fusionnel mais on s'aimait, ça j'en suis persuadée.

En arrivant dans cette immense maison qui n'a rien réveillé en moi, à part une peur incontrôlable, on m'a remis mon téléphone, mon ordinateur et le reste de mes affaires personnelles. Pendant des heures, des jours même, j'ai regardé ces photos de celui qui est censé être mon mari, sur certains clichés on a l'air amoureux et pourtant ça ne me dit rien. Il apparaît toujours comme un parfait inconnu pour moi mais j'apprécie qu'il ne me mette pas la pression ou n'exige rien de moi, depuis que j'ai obtenu l'autorisation des médecins pour sortir de l'hôpital. Je voulais retourner chez moi mais il paraît que c'était impossible, sans qu'on m'explique la raison.

Mon regard dérive sur l'alliance qui repose sur ma table de chevet et que je me refuse de toucher. Je me sens perdue, comme si on m'avait envoyé dans un monde où je devais tout apprendre. Si physiquement mon état n'est pas préoccupant pour les médecins, psychologiquement c'est une autre histoire. Je me sens constamment épuisée, triste, oppressée comme si j'avais une épée de Damoclès au-dessus de la tête sans savoir quand elle m'atteindra. J'ai beau faire tout ce qu'ils me disent, j'ai cette sensation de faire du surplace et c'est vraiment désagréable.

Il y a des pleurs, encore. Depuis que je suis ici, il y a de nombreuses fois dans la journée et dans la nuit, des pleurs de bébé. On dirait que je ne suis pas la seule à être rentré. Cette petite fille, Alba si je me souviens bien le prénom qu'on m'a donné, a de la voix et se fait entendre. Je n'ai pas pu me résoudre à la rencontrer, c'est trop tôt, je ne suis pas prête. C'est à peine si je sors de ma chambre car me confronter à l'extérieur, est assez terrifiant. Ce que je ressens à l'intérieur de moi, l'est tout autant. J'attends, de longues minutes que les pleurs cessent et essaie de retrouver le sommeil mais sans y parvenir. Je me tourne vers mon amie qui dort toujours à poings fermés et me lève discrètement, enfilant un peignoir pour me faufiler dans le couloir, longeant dans la semi-obscurité, cet endroit que je découvre avec un goût amer sans me l'expliquer.

Seconde ChanceWhere stories live. Discover now