Chapitre 27 {Andrea} Grenade

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*** TW : Ce chapitre contient une scène de violence pouvant heurter la sensibilité de certains. ***

« I'd catch a grenade for you. Throw my hand on the blade for ya, Id jump in front of a train for ya. You know I'd do anything for ya. See I would go through all this pain take a bullet straight through my brain. Yes I would die for ya baby, but you won't do the same.  »

Bruno Mars - Grenade

P.O.V Andrea's


Le temps s'égraine sans que je n'ai d'emprise sur lui. Le même refrain se répète inlassablement, celui de la douleur. Il m'est impossible de dire depuis combien de temps suis-je ici ni combien de temps vais-je encore tenir. En temps normal, mon corps aurait pu supporter tout ce qu'on lui inflige mais ça c'était sans compter l'accident que j'ai eu un mois plus tôt avec ma femme qui nous a envoyé dans le décor. Il n'a pas eu le temps de se remettre correctement alors chaque nouveau coup, chaque choc, chaque lame qui pénètre ma peau au passage des hommes d'Esperanza qui ont encore la rage après moi, mon état s'amenuise petit à petit, je sens la vie qui m'échappe sans même chercher à la retenir.

L'envie n'est plus présente. Je veux juste qu'on en finisse au plus vite mais pour ça avant je dois payer pour toute la souffrance que j'ai causé tout au long de ma vie et autant dire que la liste est longue. Je peine à respirer, je dois probablement avoir de nouvelles côtes de cassées mais au moins je m'estime chanceux d'avoir encore l'intégralité de mes membres car ces hommes ne sont pas des tendres. Ils exultent leur rage sur ma personne mais on sent une certaine maîtrise comme si ils avaient reçu pour ordre de m'abîmer mais sans m'achever de suite, histoire de bien laisser le temps pour que je ressente la souffrance. J'entends d'ici la voix de mon père et de mon bras droit, me hurler de me défendre, de ne pas lâcher prise mais je me suis fait une raison. Je vais mourir ici et quelle plus belle façon de mourir que celle de mourir de sa main  ? Elle a fait battre mon cœur pour la première fois et elle maintiendra le pouvoir sur lui jusqu'au dernier battement. Cette histoire doit connaître un terme avec ma mort.

Si je suis en colère après Abigail  ? Même pas, c'est ça le pire. Je comprends pourquoi est-ce qu'elle fait ça et je suis même fier d'elle. Elle s'impose, montre le pouvoir qu'elle a et les valeurs qu'elle défend avec une telle conviction. Je suis fier de la femme qu'elle est devenue, dommage qu'il ne me reste plus assez de temps pour être spectateur de son évolution et de celle de notre fille. Je me demande à quoi ressemblera sa vie en grandissant. Est-ce qu'elle pensera à moi  ? Est-ce qu'elle me réclamera  ? Me pleurera  ? Il ne vaut mieux pas que j'y pense car de toute la souffrance qu'on m'inflige, c'est probablement celle-là, la pire de toutes. Comme je l'ai dit à ma femme, je n'ai pas peur de mourir car ça ne sert à rien, nous n'avons aucun contrôle sur l'inévitable pour modifier une situation.

Je me suis battu toute ma vie et je sens que maintenant, il est l'heure que je baisse les armes pour rejoindre ma mère et ma petite sœur. Peut-être qu'à leurs côtés, je trouverais au moins l'apaisement après l'échec complet que fut mon mariage. Pourtant qu'est-ce que je l'aime putain, peut-être pas de la bonne façon mais mon amour pour elle est sincère.

La tête pendante en arrière, affaibli de la dernière confrontation avec les hommes d'Esperanza, je souffle difficilement alors que des bruits de pas en approchent, se font entendre. Une porte s'ouvre, une lumière m'aveugle car je reste la plupart du temps dans l'obscurité et je sens une personne en approche mais au parfum que je sens dans la pièce, je sais que ce n'est pas elle. Ça fait un moment que je ne l'ai pas vu, depuis notre explication pour être plus précis et je doute qu'elle revienne ici avant de connaître le courage de m'abattre pour mettre un terme à mes souffrances. Quelqu'un me tire les cheveux pour me redresser la tête et je fais face à Pavotti, le père anéanti de la perte de son fils. Le comble dans tout ça c'est qu'il me reproche d'avoir pris la vie de son fils alors qu'il utilise les mêmes méthodes peu recommandables, que les miennes. Un sourire douloureux étire mes lèvres en charpie à force d'éclater sous les coups.

Seconde ChanceWhere stories live. Discover now