Une petite pincée d'amour [COLIFER]

Chapitre 21 :

Je pose ma boisson sur la table terminant de lire le journal que je tiens dans ma main. J'ai eu le droit à une semaine de congé comme les autres acteurs. J'en ai profité pour réviser mon texte pour les prochains épisodes et j'ai été soulagée en voyant qu'il n'y avait pas d'autres baisers. Heureusement ou malheureusement. Je ne sais plus trop quoi penser. Mon cœur bat de plus en plus vite quand je suis avec Colin et ça me fait mal car je sais que je ne pourrais jamais l'avoir. Je sais que je devrais l'oublier, il est marié, je devrais arrêter de croire au fait que je pourrais avoir une chance alors que non. Mais mon cerveau, mes sentiments refusent de m'écouter. Je n'arrête pas de penser à Colin tout le temps. Tout le temps. C'est pour cela que durant cette semaine, j'ai essayé de m'éloigner de lui et j'en profite pendant mes jours de congés puisque nous ne tournons pas. C'est plus facile. Voilà pourquoi je suis dans un café à boire mon chocolat chaud et non chez moi comme d'habitude. Je dois des explications à Colin même s'il n'a pas vraiment fait de remarques mais je sais qu'il se pose beaucoup de questions. Après tout ce qu'il s'est passé, nous n'avons pas relancé le sujet de cette fameuse soirée où nous nous sommes découvert. J'en suis soulagée. Je ne saurais pas quoi dire. Je ne peux pas lui avouer mes sentiments, pas maintenant, alors que nous sommes en plein tournage mais aussi parce qu'il a une femme. Helen. Je ne peux pas lui faire ça, je ne veux pas détruire leur relation, mais je ne veux pas aussi détruire ma relation avec lui en lui avouant mes sentiments. Il est certain que notre relation ne sera plus la même. Je préfère souffrir et ne rien dire que de tout lui expliquer et perdre mon meilleur ami. C'est mieux ainsi.

— Vous souhaitez autre chose, mademoiselle ?

Je relève la tête. La serveuse est devant moi avec son bloc note dans les mains ; elle a sûrement dû voir que j'avais terminé ma boisson. Je secoue alors la tête puis je sors mon portefeuille pour payer l'addition. Elle me remercie, récupère le tout puis s'éloigne. Sachant que je ne pourrais pas reprendre ma lecture, je me lève et j'enfile ma veste. Je sors ensuite du café, mes mains jouant nerveusement avec le journal. J'observe la foule autour de moi qui prend le temps de profiter, celle-ci ne travaillant pas. Je souris doucement puis je commence à marcher. Il est temps de rentrer chez moi et de m'occuper. Colin sera sûrement encore là, il n'a rien de prévu donc oui... il sera là. Je vais devoir prendre sur moi et mettre mes sentiments de côté. Après un soupir, et quelques minutes de marche, j'arrive devant mon appartement situé non loin du café où j'étais. J'ouvre la porte et je regarde autour de moi. Je ne vois personne.

— Colin ? Y'a quelqu'un ?

Je fronce les sourcils n'ayant aucune réponse. Je n'ai pas la moindre idée d'où est-ce que Colin aurait pu partir. Il n'avait rien de prévu, je crois. Je pose mon sac sur la table et je me déchausse. J'observe les autres pièces mais j'ai la confirmation que non, Colin n'est pas là. Je soupire, un peu soulagée puis je m'assois sur le canapé. Je prends la télécommande quand j'entends une sonnerie retentir. Ce n'est pas mon portable. Je me redresse alors quand j'aperçois le téléphone de Colin sur la table basse. L'écran est allumé et je ne peux m'empêcher de lire le message qu'il a reçu. C'est un message d'Helen. Je sens mes mains trembler quand je prends le téléphone, mes yeux rivés sur l'écran. Elle vient de répondre au message de Colin. Elle a écrit que son travail est un peu compliqué en ce moment (ses élèves n'arrêtent pas de l'agacer) et qu'elle essaye de penser au positif mais c'est compliqué. Elle dit aussi qu'elle a un peu de mal sans lui. Puis elle annonce qu'elle a une surprise et qu'il sera très content, elle l'espère en tout cas, et que cela lui fera racheter son comportement de la dernière fois. Plusieurs questions surgissent dans ma tête mais aucune réponse ne vient. Je clique sur le message et j'arrive sur l'application. Je manque de lâcher le téléphone. Il n'a pas de code. Je peux alors voir les messages qu'ils se sont envoyés la semaine dernière, et tous les autres jours. Je secoue la tête. Non, je ne peux pas faire ça. Bon sang, je ne peux pas m'incruster dans sa vie privée. Ce n'est pas ce que sa meilleure amie devrait faire. Sa meilleure amie. J'entends la porte s'ouvrir et je sursaute. Je ne comprends pas ce que je fais mais en quelques clics, le nouveau message d'Helen est supprimé, le téléphone posé sur la table, et je tiens dans mes mains un magazine pioché au hasard. Mon cœur bat rapidement et j'essaye de garder mon calme, mes jambes tremblent tout comme mes mains. Je tente de garder une respiration calme.

— Hey ! Jen, tu es là !

Colin ferme alors la porte et je tourne la tête vers lui. Je souris nerveusement, mon cœur battant à cent à l'heure.

— Coucou...

Colin ne remarque pas mon mal-être et pose un
sachet sur le plan de cuisine.

— J'ai vu que tu n'étais pas là quand je me suis réveillé. Je savais que tu allais revenir vite alors j'en ai profité pour aller chercher des croissants et des pains au chocolat pour le petit-déjeuner, ça va être délicieux !

J'hoche rapidement de la tête toujours aussi nerveuse. Colin prend une tasse et met la bouilloire en route. Je pose le magazine et je me force à aller vers lui. Il me regarde en souriant et sort une deuxième tasse mais je secoue la tête.

— Non, t'en fais pas, j'ai déjà bu un truc en chemin.

Il acquiesce puis se sert et glisse un sachet de thé dans sa tasse.

— Tu es même matinale quand on ne tourne pas. Tu étais où ?

Il rit légèrement puis redresse la tête vers moi. Je souris faiblement et j'ouvre le paquet pour récupérer un pain au chocolat.

— Je faisais juste un tour... Je voulais prendre un
peu l'air.

Je croque dans ma pâtisserie et je soupire de plaisir, raffolant du goût. Colin me regarde en souriant.

— Je savais que ça allait te plaire.

Je souris doucement et j'acquiesce, parlant alors la bouche pleine.

— Oui, merchi beaucoup ! Chez délichieux.

Il rit alors et boit une gorgée de son thé. Il récupère un croissant dans le sachet puis me regarde. Il hausse un sourcil.

— Aujourd'hui, tu restes à la maison où tu vas aller je ne sais où pour m'éviter ? Ça fait déjà quatre jours...

Je manque de m'étrangler avec un bout de mon pain et je secoue la tête.

— Mais non, pas du tout...

Il soupire légèrement et pose son croissant.

— Pendant le tournage, je ne l'ai pas remarqué, ce n'était pas si facile à voir mais là... si. Tu passes moins de temps avec moi. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Je pourrais me racheter si besoin ?

Mon cœur se serre quand j'entends ses mots. Il l'a remarqué, évidemment. Oui, je le savais mais le fait de le voir le dire, je réalise que ça lui fait mal. Je ne sais pas trop répondre alors un rire nerveux s'échappe de mes lèvres. Colin reste encore plus perplexe.

— Jen ?

Je mâche rapidement et je secoue la tête.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— Très bien. Comme tu voudras. Mais alors aujourd'hui, on passe la journée ensemble.

J'acquiesce rapidement et Colin sourit. Il passe alors à côté de moi puis se dirige vers la table basse pour prendre son téléphone. Il regarde un instant son écran et fronce les sourcils. J'essaye de ne rien laisser paraître sur mon visage.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

Colin redresse la tête vers moi.

— Oh hum, rien... Enfin, c'est juste que j'ai envoyé un message à Helen mais elle ne m'a pas encore répondu. C'est bizarre. D'habitude, elle me répond le matin quand elle n'est pas encore au travail.

Je manque de m'étrangler avec ma salive. Je hausse les épaules.

— Tu sais... elle a le droit d'être occupée...

Il acquiesce alors et range son téléphone dans sa poche.

— Oui, tu as peut-être raison.

Il va ensuite dans sa chambre et ferme la porte. Je pose mes mains sur mon visage, un soupire s'échappant de mes lèvres. Qu'est-ce que j'ai fait ? Il va croire je ne sais quoi à propos de sa femme et je ne peux rien lui dire. Si je lui explique, il saura que j'ai fouillé son téléphone et il n'aura plus confiance en moi. Bon sang, pourquoi faut-il toujours que je fasse des erreurs, que je gâche toujours tout ?