Vision board of Love

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Lorsqu'Emma se lève, elle porte les marques d'un sommeil agité. La visite de son ex a été éprouvante. Tout comme sa nuit. Elle n'a fait que se ressasser, encore et encore, la moindre parole qui a été dite la veille au soir. Mais quelle conne ! n'a-t-elle cessé de se répéter. Pourquoi lui a-t-elle dit pour Enide ? Elle ne pouvait pas garder son secret, non. Il a fallu qu'elle lui parle de sa fille. Enfin, de leur fille comme il a dit. Lorsqu'elle a entendu ses mots, elle a senti son cœur battre plus fort. Ils étaient si forts, si poignants. Dans sa bouche, ils ont pris tout leur sens. Celui qu'elle avait espéré entendre à une époque. Cela a rendu également son affiliation concrète. Il est son père, et maintenant elle ne peut plus l'exclure. Pourtant, elle ne veut pas. Il est de son rôle de maman, de penser à sa fille et de la protéger. Même si c'est contre son père.

D'un autre côté, à y réfléchir, Emma se dit que Sebastian n'a pas si mal réagi. En demandant à être intégré dans la vie d'Enide, il a prouvé à Emma qu'il était prêt à prendre son rôle à cœur. C'est ce qu'elle souhaitait au fond d'elle. Alors pourquoi est-elle en colère ? Sans doute parce que ce n'est pas contre lui qu'elle porte son grief. Mais contre elle-même ! Elle s'en veut. Elle s'en veut parce qu'elle a peur. Emma craint la fiabilité de son engagement. Mais elle a également peur qu'il foute le bordel. Pas seulement le bazar. Non, le vrai gros bordel dans sa vie. Et surtout dans celle d'Enide.

À la suite de cette terrible nuit, l'actrice est allée déposer sa fille à la garderie. Sur le chemin de retour, la jeune femme décide d'appeler son ami John. Elle a besoin de se confier, de lâcher la pression, de parler pour se calmer. Et aussi s'entendre dire qu'elle a bien fait pour être rassurée. La voix grave de l'homme résonne dans les hauts parleurs de la voiture.

« Salut grande chouette !
— Salut vieille chouette ! rit la blonde.
— J'adore quand tu me donnes des petits noms affectueux Emma.
— Je t'en prie.
— Alors ? Que me vaut un appel si matinal ? Je me doute que ce n'est pas juste pour entendre ma voix suave.
— Pourtant j'adore ta voix !
— Chérie... Je suis désolée mais tu n'es pas mon genre.
— Je suis déçue. Depuis le temps que l'on se connaît, je pensais avoir ma chance.
— Alors ? Que puis-je faire pour toi ?
— Rien !
— Rien ? Pourquoi tu m'appelle alors ?
— Il faut que je te raconte un truc ! »

La jeune femme attend une réaction de la part de son ami qui reste silencieux.

« Il m'est arrivé un truc hier soir.
— Ah oui ? Quel genre ?
— Du genre ex qui se pointe à ta porte après de nombreuses années d'absence.
— Non ? Qui ? Charly ? Josh ?
— Charly ? Josh ? Mais pourquoi tu me parles d'eux ? s'interroge Emma.
— Parce que ça fait un bail que tu ne les as pas vu.
— Oui, mais non. C'est pas ça. Quelqu'un d'un peu plus récent.
— Oh... laisse traîner John.
— Oui !
— Oh ! s'etonne l'homme.
— Oui, oui ! Lui-même. Sebastian ! En chair et en os ! Tu te rends compte ?
— Incroyable !
— Tu te fout de moi ? C'est tout ce que tu trouves à dire ?
— Je suis surpris, j'ai pas les mots.
— Exactement comme moi quand je l'ai vu hier. C'est Enide qui lui a ouvert. J'étais sur le cul. Et la petite qui m'a demandé qui c'était. J'ai pas su quoi répondre, tu vois. J'ai un peu paniqué. Non et puis ce qu'il m'a dit. Je n'en reviens toujours pas. Tu ne devineras jamais ! Il était là, au concert. Il m'a vu chanter avec Taylor. Et il est venu me voir parce qu'il s'est inquiété pour moi.
— C'est pas vrai ! »

Les paroles de l'homme lui semblent fausses au moment même où il les prononce. Pourtant son amie ne réagit même pas et continue ses explications.

« Je te jure ! J'en n'ai pas cru mes oreilles. Mais le pire, c'est quand il m'a expliqué pourquoi il avait rompu à l'époque.
— Il t'a dit quoi ?
— Qu'il a pris peur du sérieux que prenait notre histoire. Pour lui, ça allait trop vite et il ne se retrouvait plus dans notre couple. J'ai compris qu'il m'aimait mais qu'il n'avait pas envie que notre histoire se passe de cette manière. Et genre il pouvait pas m'en parler a l'époque. Non, mais c'est fou ! Et en plus, il comprenait pas que je puisse lui en vouloir.
— Mais tu m'as toujours dit que tu ne lui en voulais pas.
— Oui, dans les faits. C'est vrai. Je ne le déteste pas. Mais je lui en veux un peu quand même car j'ai morflé après son départ. Il a quand même foutu à la poubelle notre amour, ce n'est pas rien.
— Je sais bien.
— De toute façon, on a fait que de s'engueuler. C'était impossible de communiquer. Il ne voulait rien comprendre de ce que je lui expliquais. Et alors quand je lui ai dit pour Enide, ça a été l'escalade. »

Lui ?Where stories live. Discover now