Ignemshirs, La Saga des Sangs d'Airain, Tome 1 : Le Réveil du Gémeau

Chapitre 45 : Adversité

(VAN)

Une vive colère explosa dans les tréfonds de son être, son Cercle Intérieur retomba sous le contrôle de sa Volonté. Il déplaça alors son Point de l'Être et son instinct le poussa à descendre plutôt qu'à monter. La limite du Vide traversée, les ténèbres furent repeint d'un filtre grisâtre. Trois flammes d'électricité liquide se révélèrent à lui. Des consciences ? la bleue fluorescente était celle de Dorcas. Il en était certain. Elle semblait endormi. Mais les deux autres, bien qu'éveillées, étaient aussi hermétiques que possible à son discernement.

Néanmoins, une forte attraction venait de celle d'un grenat brasillant mais rien de luisant d'un sombre émeraude. Entre les deux consciences, des forces conflictuelles étaient en jeu. Comme si elles luttaient pour le contrôle.

Qui étaient-elles ?

Un être humain n'était doté que d'une seule conscience, pas de trois ?

Elles n'avaient rien à faire là.

Non.

Peu lui importait.

Ce n'était pas son plan.

La sensation qu'il associait à son entrée dans Mirkh'Ogadoran, le Monde des Richesses, se répandit en lui, bien que le fameux cyclone de sable multicolore demeurait invisible.

Le sentiment que l'existence était dénuer de sens colonisa son âme. Les effets du Royaume de ce point s'appesantît sur son être avec une pression jamais expérimentée. Son mal-être, monstre somnolent, cruel et irascible qui vivait tapis en lui depuis une décennie, se réveilla d'un coup. L'absence de Sue se fit aussi douloureuse que si un fer chauffé à blanc avait été enfoncé dans sa chair.

Pourquoi si intensément ? Dans les Ruines, cela lui avait parût supportable ? La situation n'était pas la même. Sa vie était en danger. Son esprit sous le coup d'une attaque psychique.

Sa résolution faiblit.

A quoi bon lutté quand on était tout seul ? Rejoindre Sue était ce qu'il y avait de mieux.

Le corps brûlé de Sue s'imposa à lui. La faiblesse.

Plus haïssable que tout !

Le feu de sa colère repoussa avec violence l'humeur perfide du Royaume en-deçà du Vide..

Les ténèbres se fissurèrent. A travers les craquelures jaillissaient les lumières chaudes de son désert familier. Il s'enfonça encore plus. Le cyclone se figea.

Il ne s'était jamais figé. Et comme s'il savait ce qu'il devait faire pour mettre fin à tout cela, il hurla ne sachant si c'était dans sa tête et par sa bouche :

Silence !

Le voile ténébreux se déchira en même temps que les psalmodies s'évanouirent. Ses jambes touchèrent lourdement le sol. Son bras lâcha le corps de Dorcas et l'aspirante heurta le parterre de marbre plus rudement qu'elle n'aurait dû. Ses paupières étaient désormais closes.

Que venait-il de se passer ?

Le vent avait perdu en force.

La salle de classe.

Le son strident s'était arrêté et la masse lumineuse avait baissé en volume et en intensité. Les fenêtres avaient explosé. Il devait geler à pierre fendre dans la salle de classe mais il ne le ressentait pas. Son corps s'était déjà ajusté. La grêle recouvrait le mobilier dans des martellements réguliers.

Un éclair violacé jaillit de la masse lumineuse produite par l'artefact et frappa une bergère brisée en deux. Elle se mit à se désagréger comme si elle était consumée de l'intérieur, et finit en un tas de cendre noirâtre. L'autre moitié se mit également à se désagréger mais beaucoup plus lentement et pourtant, elles étaient séparés d'un mètre et demi.

Cela n'avait pas de sens.

Mais une chose était sûre. Si l'éclair touchait quelqu'un, il mourrait. Son regard croisa celui de Kei qui devait l'observer depuis un petit moment. Ce dernier hocha la tête comprenant où il voulait en venir et ils lancèrent en même temps, de toute leur force, leur neshir sur la masse lumineuse. Ce fut à ce moment qu'un nouvel éclair violacé en jaillit. Sans raison apparente, au moment où les neshirs atteignirent la lumière, l'éclair se figea dans l'air à quelques millimètres de la tête de Dorcas.

Les neshirs étaient également suspendus dans les airs.

Alors une onde d'énergie émana de la source violacée. Elle pénétra jusque dans les profondeurs de son être.

La sensation lui rappela la Lampe de l'Election lors de la Cérémonie de l'Association.

Perplexe, il échangeait un regard avec Kei, quand la porte de la salle des historiens explosa. Les éclats de bois volant dans toute la pièce, le général Tambwe pénétra, son neshir au poing. Il esquissa un sourire amusé en contemplant l'anarchie de la salle d'un coup d'œil rapide avant de brandir la lame de son épée de cendre qui s'illumina en même temps qu'une pression monstrueuse émana de son atmosphaira.

Kei et lui durent relâcher leurs propres auras neshiriennes pour résister à la pression gigantesque qui manqua de les mettre à genoux. Des flammes mordorées à l'aspect liquide inondèrent la lame de Kazid, le neshir impérial du Magister des Flammes.

Une rivière de flamme irréelle jaillit et engloutit l'artefact. Une vague de chaleur torride traversa la salle des historiens, faisant fondre instantanément toute la grêle. Même les grêlons qui tombaient encore dans la salle se muèrent en goutte de pluie. Emportant une bonne partie du toit, des murs et quelques fenêtres, le flot ardent perça le ciel noir puis une explosion terrible souffla les nuages révélant un ciel clair et azuré.

Des icares apparurent bientôt dans le ciel. Les Tueurs de Vents. La lame du neshir du Magister des Flammes se dissipa dans l'air. Le Général se tourna alors vers eux, les fixant de son regard féroce.

Un léger sourire en coin.

— C'est un sacré bordel que nous avons là. Sha' Endo, Sheyen Kupenda, une explication ?

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