Ignemshirs, La Saga des Sangs d'Airain, Tome 1 : Le Réveil du Gémeau

Chapitre 96 : Secret

(VAN)

Sa mère apparut à son tour et s'assit à côté de lui. Elle était vêtu de la robe monacale mordorée du Phénix Originel dont l'emblème était brodé au dos étant donnée qu'elle était un Haut Salomen. Elle était l'un des meilleurs scribes qu'ait compté l'Ordre Sacré. Elle savait lire le solominon archaïque comme personne. Elle le lui avait appris mais il n'était pas sûr qu'elle avait réellement le droit de le faire. Son maître avait été le Grand Gardien Soloquin Derrick IV. Ses beaux cheveux noir brillant étaient coiffés en tresses d'un rare raffinement. Ils étaient agrémentés d'une chaîne de tête argentée qui retombait sur son front comme une tiare. Ses jolies yeux étaient présentement gris clair. Ils brillaient d'un éclat ancien comme si elle avait assisté à l'embrasement des premières étoiles. Sue avait beaucoup pris de son beau visage, doux et harmonieux qui semblait toujours sur le point de sourire.

Jeune, il ressemblait à beaucoup à sa mère mais avec le temps, il avait commencé à retrouver de plus en plus de son père dans son reflet. Il avait les yeux onyx et intense de son père, qui ajusta ses lunettes rondes. Ce dernier avait toujours eu cette posture un peu nonchalante mais qui était une forme de réserve réfléchie que lui-même avait assez souvent. Son père esquissa un sourire éclatant, qui associé à son menton carré, son joli nez épaté et ses cils un peu longs, lui donnaient un air de séducteur un peu négligé. Mais lorsqu'il ne souriait pas, son visage avait quelque chose d'impérieux.

— Ne fais pas cette tête Ayna. Dis-toi que c'est juste pour leur fait plaisir. Ce n'est pas vraiment nécessaire.

— Si c'était vraiment le cas, on ne la ferait pas, Kani.

— Ayna. Détends-toi. Tout ira bien.

— C'est juste qu'enregistrer cette vidéo ressemble un peu trop à un adieu. Je n'aime pas cette idée.

— Je te comprends.

— Tu as déjà lancé la vidéo.

— Non, je ne crois pas.

— Kani ?

Son père se retourna vers l'écran et haussa les épaules d'un air amusé.

— Ce n'est pas grave. Prince leur montrera à partir du bon moment.

Il fixa l'écran quelques secondes. Comme s'il le voyait de là où il était. Sa gorge se serra. C'était bel et bien un adieu. Ils se trouvaient dans le bureau de son père dans le manoir familiale de la cité de Bristol. La date sur l'horloge holographique flottant derrière eux correspondait à la veille de leur mort.

De sa voix grave et douce, il commença :

— Coucou les enfants. J'espère que vous vous portez bien. Si vous saviez comme nous aimerions vous avoir avec nous chaque seconde, chaque instant.

— Sue, j'espère que tu as partagé les cerises dorées confites avec ton frère. Ne fais pas ton égoïste.

Sue avait fini le bocal avant même que Prince et lui ne s'en rendent compte.

— Après tout, vous avez partagé le même ventre pendant neuf mois. Et toi Zeek, prends soin de ta sœur. Ce n'est pas parce que tu as l'appareil photo que tu ne dois plus t'intéresser à ta sœur. Elle n'aime pas la solitude mais elle est bien trop fière pour reconnaître qu'elle a besoin de toi. Tu dois veiller sur elle. Vous devez toujours veillez l'un sur l'autre. Toujours. D'accords, mes petites panthères ?

Ses larmes goutèrent sur l'écran qui tremblait entre ses mains crispées.

Son père reprit :

— Oui. Essaye de canaliser son trop plein d'énergie, Zeek. Essaye de lui transmettre un peu de ton calme. Et elle te donnera un peu de son feu.

— Alors, papa et moi devons nous rendre dans l'Union de Janeiro. Nos recherches exigent que nous y allions nous-mêmes.

— Il y a une petite probabilité pour que la mission ait quelques accrocs alors il est possible que nous ne puissions pas parler demain comme d'habitude et que je ne puisse pas vous lire le Roi-Pion comme convenu. Zeek je sais que c'est ta préférée. Et pour toi Sue, dès notre retour, je te relirais les premiers chapitres des Chronique des Héritiers de Kalahan. Et comme les vacances commence dans deux jours, normalement, vous nous rejoindrez ensuite directement au manoir avec Prince et Malia. Prince, j'espère que tout va pour le mieux. Merci encore pour tout ce que tu fais, fiston.

Les yeux pathochromes de sa mère étaient redevenus marron clair. Son inquiétude était passé. Les émotions qu'elles expérimentaient étaient positives.

— En tout cas gros bisou, on vous aime tellement, tous les quatre.

— On vous aime nos enfants chéris, on se voit au plus vite.

L'écran devint tout noir. Le revers de sa main était mouillé de ses larmes. Qu'est-ce qu'ils lui manquaient ! Il voulait les entendre encore. Il n'avait jamais eu de vidéo d'eux aussi proche du jour de leurs morts. La vidéo n'était pas terminée. 

Pourtant l'écran était noir. Il attendit perplexe. Il s'illuminât de nouveau. 

Son père avait le visage ensanglanté. 

Ses lunettes étaient fissurée et sa veste maculée de sang. Une expression grave tirait ses traits couvant une sourde colère. Il était à l'intérieur d'un aéronef. Probablement un icare.

Il dit :

— Zeek.

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