Lies Under Tension

Chapitre 6

« Les retrouvailles »

Il est parti.

Il a quitté la maison sans même me laisser un mot, une lettre, un message. Enfermée dans sa chambre, j'éclate en sanglot en remarquant qu'il n'y a plus aucune affaire lui appartenant. Mes parents disent que ce n'est pas plus mal, parce qu'il était un bon à rien à la maison. Ils ont tord ! Du haut de mes seize ans, j'ai encore besoin de mon frère adoré. Je m'arrache les cheveux assise sur son lit, puis hume son odeur présente sur les draps.

Les jours suivants, je ne reconnais plus mes parents. Ils sont toujours après moi, sans me laisser une seule seconde de répit. Dès que je rentre du lycée, ils me sautent dessus pour hurler et se défouler. Si je ne ramène pas des bonnes notes, je n'ai pas le droit de manger le soir : je suis obligée de rester dans ma chambre. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'au final, ce n'est pas plus mal. Si je les côtoie plus de dix minutes, j'ai une envie atroce de passer par la fenêtre. J'ai déjà des scénarios en tête.

Avant, j'étais la petite préférée des parents. Ils m'idolâtraient. Mr et Mme Stanley me voyaient comme la fille idéale, et Logan comme le pire fils du monde. À présent, j'ai la forte impression d'être vue comme cela. Et plus les semaines passent, et plus je m'efface. Je perds les seuls amis que j'avais, mais heureusement, il y a Dylan...

— Livia ? Tu vas bien ?

Une voix familière me réveille. Lorsque j'ouvre difficilement les paupières, je distingue mon grand frère. Il me caresse le bras, tout en me souriant. Je plisse les yeux à cause de la forte lumière qui s'échappe des fenêtres. Il y a un grand soleil aujourd'hui.

— Enfin réveillée la marmotte !

— J'ai mal dormi...

Pour donner suite à ces paroles, je repense à la nuit que je viens de passer. Atroce. Je me revoyais dans la maison familiale, désespérée et torturée. Quand je songe à ces souvenirs, je ne regrette pas d'avoir eu le courage de partir. Cependant, j'ai le remord de ne pas être partie plus tôt.

— Ça te dit qu'on mange ensemble ce midi ? Prépare-toi.

— Oh oui !

En prenant mon grand frère dans mes bras, je souris comme une imbécile. Depuis mon arrivée il y a trois semaines, nous n'avons pas vraiment eu de moment à deux. Il est enfin l'heure d'une discussion entre Stanley. Je me précipite alors sous la douche de Logan.

Habillée d'une robe à fleurs bleues, je suis prête. Mes cheveux sont libérés, et tombent sur mes épaules. Mon frère lui, ne s'est pas cassé la tête. Il a gardé son sweat noir et son jean bleu, mais cette tenue lui va à ravir. Nous nous ressemblons très peu tous les deux en réalité, et plus nous grandissons plus c'est flagrant. Il tient de notre mère et moi de notre père.

Nous décidons d'aller manger dans un restaurant italien, puisque nous adorons tous les deux les pâtes. Un serveur nous accueille, avec un grand sourire, et nous emmène vers une table à l'abri des regards. Nous le remercions, et nous nous installons.

— J'aurai du te proposer de faire ça plus tôt.

— Ce n'est pas grave, Logan.

— Si Livia, nous avons beaucoup de temps à rattraper, de choses à se dire, et je m'y prends des semaines après ton arrivée.

En posant ma main sur celle de mon frère, je le rassure. L'essentiel est que nous prenons désormais le temps de nous retrouver. Le serveur revient rapidement afin de prendre notre commande, puis repart. Logan a l'air soucieux.

— Alors dis-moi, comment tu as vécu mon départ ? Tu as le droit de m'insulter.

— Hum. Le premier jour j'avais très envie de t'insulter de tous les noms possibles, j'étais si en colère. Je ne comprenais pas ce que j'avais fait pour ne pas mériter un seul message, un seul au revoir. Les jours ont passé, et puis j'ai commencé à vivre ce que tu vivais...