Lies Under Tension

Chapitre 7

« Un moment de réconfort »

Mon corps sursaute en entendant la portée d'entrée claquer en plein milieu de la nuit. La vision encore flou, je tente de savoir ce qu'il se passe à trois heures du matin. Je distingue une silhouette masculine, et en déduit qu'il s'agit de Kai. Ce dernier ne manque de se prendre les murs sur son passage, et fait un boucan pas possible. Comme s'il est alcoolisé, ce qui ne m'étonne alors pas.

En me redressant encore plus, je tente de l'observer de loin. Il peine à ouvrir sa porte de chambre, quand je l'entends renifler. Il pleure. Et ce ne sont pas des petites larmes, il pleure à sanglot. Cela me fait une sensation étrange. Je n'ai jamais entendu un homme pleurer, alors je ne sais pas comment réagir. La porte ne claque pas cette fois, après son passage.

Très vite, je me lève instinctivement. Toute personne qui pleure, a besoin de réconfort. C'est indéniable. Avec des petits pas, je me dirige vers la porte de sa chambre, qui est entre-ouverte. Je veille à ne pas faire de bruit, puisque je ne veux pas que mon frère, ou encore Zack ne m'entendent.

Lorsque je pousse la porte en bois, elle lâche un grincement. Et pourtant, Kai ne relève pas le visage. Je le vois assis à même le sol, devant son lit. Sa tête est enfouie dans ses genoux, et dissimulée également par ses mains. Deux bouteilles d'alcool sont devant lui, une vide et allongée, tandis que l'autre en contient encore un quart.

Je l'entends à nouveau renifler. Et à partir de ce moment-là, je me comporte comme s'il s'agissait de mon ancienne amie Stella, que je réconfortais. Tout doucement, je viens m'asseoir à côté de lui par terre. Je glisse mes doigts dans ses cheveux en bataille, où ils font des mouvements lents. Le plus important, c'est de ne pas parler. Je dois respecter son silence, sinon il me demandera de prendre la porte. Et cela fonctionne, Kai ne parle pas mais ne me repousse pas.

Il pleure de plus en plus et se laisse aller. Mais il veille toujours à ne pas se faire voir, sûrement trop honteux. Alors que je me rends compte maintenant, qu'un homme a aussi le droit de pleurer. C'est surtout cela qui fait de lui un homme. Mais il doit l'ignorer.

Je dépose mon visage contre son crâne, lorsqu'il pose une de ses mains sur la mienne qui est dans ses cheveux. Kai ne me demande pas d'arrêter, non. Il veut s'assurer que je suis bien présente avec lui. Nous restons comme cela pendant un moment, dans la pénombre. Une demie-heure je dirais, s'écoule. Mais j'accepte. Il doit sûrement avoir besoin de cette présence qui le rassure. Qui lui prouve qu'il n'est pas seul.

Tout à coup, Kai relève son menton et me dévisage. Il se dévoile enfin. Ses joues sont trempées et ses yeux gonflés, à cause des larmes. Nous nous scrutons pendant quelques instants, avant qu'il ne vienne poser son front contre le mien. Son geste me surprend, mais me fait du bien. Il sait que je ne vais pas le juger : il me fait confiance. Nos deux soufflent se mélangent, et ont l'air de lui réchauffer le coeur. Je fini par admettre que l'alcool doit l'aider à ne pas se cacher, à se laisser aller.

J'enlève une main qui était dans ses cheveux, pour venir essuyer sa joue. Et ses doigts viennent instantanément, croisés les miens. Cette sensation que j'avais ressentie lors de notre première rencontre, renait. Son contact m'est particulier, inconnu. Toutes ces émotions me chamboulent à nouveau. Nos peaux qui se touchent m'électrisent.

En coupant notre échange, Kai tente de se relever mais chute presque dans mes bras. Il n'arrive plus à marcher, alors je viens à ses côtés et le soutient. Il s'est vraiment mis minable aujourd'hui. Lorsque nous arrivons enfin à l'installer dans son lit, il se jette littéralement dedans. Cela me fait donc tomber avec lui, ou plutôt sur lui.

Avant que je n'ai le temps de me relever, il glisse ses doigts autour d'une mèche blonde. Kai scrute tout le haut de mon corps, puis son regard vient se perdre dans mes yeux. Les siens sont encore brillants, mais les larmes ne coulent plus. Nous n'échangeons encore aucun mot. À ce moment-là, les gestes valent bien plus.