Chapitre 9

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« Le sentiment perpétuel d'abandon »

K A I

Le bruit des vagues me bercent, comme dans mes souvenirs. Elles m'ont toujours apaisé. Elles me rappellent des moments joyeux de ma vie, que je ne pourrais jamais oublier. Les yeux fermés, je les écoute sans cesse depuis quelques heures. En trempant mes lèvres dans mon whisky encore une fois, je ne me lasse pas de cette sensation.

Elle a beau faire partie de mon quotidien depuis de nombreuses années, l'alcool qui me brûle me fait toujours autant de bien. Pendant ces instants-là, je ne ressens ni douleur, ni chagrin. C'est quand je n'en ai plus, qu'il faut s'inquiéter pour moi. C'est à ce moment-là que les sentiments reviennent.

En ouvrant les yeux, j'admire la plage vide au vue de l'heure tardive. Il doit être trois heures du matin. Après tout, c'est ce que je suis toujours : seul. Du monde a beau être autour de moi, personne n'est vraiment avec moi. Tous ceux qui m'ont aimé un jour, ont tous fini par partir. Ce ne serait que tarder, que mes amis m'abandonnent eux aussi.

En ayant ces pensées, une larme coule le long de ma joue. Une seule. Elle aussi est condamnée à vivre en solitaire. Les autres larmes restent coincées dans mes yeux et ma vue se brouille. Je les ferme alors, et tente de me calmer en imaginant une scène de mon passé.

Nous allions à la plage tous les dimanche après midi, avec mes parents. J'adorais ces moments. Un jour, ma mère avait tout prévu. Des sandwichs, des boissons, une couverture... C'était le plus beau dimanche de ma vie. Ma mère riait aux éclats avec mon père, qui lui racontait des anecdotes sur lui plus petit. Moi, j'enchainais les allers et retours entre l'eau et la nourriture. Ma famille était soudée. J'étais heureux.

— Kai ?

Lorsque j'entends cette voix, j'écarquille les yeux. Je ne m'attendais pas à entendre cette personne ici, et à cette heure-là. En me retournant, je l'affronte et essaie tant bien que mal de paraitre normal. Mon regard, lui, me trahit.

— Mec, tu te mets une mine sans moi ?

Je n'ai pas le temps de dire un seul mot, que Logan s'installe à côté de moi, une bouteille à la main. Il fait cogner la sienne à la mienne, et avec un tchin, il se met à boire. Sa présence me surprenant toujours, je finis par me dire que c'est peut-être un signe. Que lui est là pour moi. J'essuie alors avec le revers de ma main, la seule joue humide.

— Je suis là, tu sais. On a pas l'habitude de se raconter ce qui ne va pas, mais les amis c'est fait pour ça. J'ai bien remarqué que ça allait de moins en moins bien...

Il marque une pause, puis reprend de la vodka par grosses gorgées. Puis Logan plante son regard dans le mien, et reprend la parole. Il se veut rassurant, et affectueux.

— Tu peux te confier à moi, je suis là.

Automatiquement, lorsque j'entends le « je suis là » une deuxième fois, des larmes s'échappent de mes yeux. Mon meilleur ami me prend dans ses bras, et je craque encore plus. À cet instant-là, je ne pense pas une seconde au fait qu'il puisse me juger. Non. J'en ai juste besoin, j'ai besoin de vider mon sac.

— J'en peux plus.

Réussis-je à dire entre deux sanglots. Logan me serre un peu plus fort contre lui.

C'est vrai, je n'en peux plus. Combien de fois ai-je pensé à mettre fin à mes jours, ici tout près d'où je me trouve. J'ai tellement envie de la rejoindre. Je ne me sens plus à ma place sur cette terre depuis bien trop longtemps. Ma souffrance grandi de jour en jour.

Lies Under TensionWhere stories live. Discover now