Chapitre 3

34.7K 3.7K 194
                                    



Au moment de franchir le carrefour qui menait vers des routes plus délaissées des automobilistes, Silas jeta quelques regards satisfaits sur les forets qui les bordaient. Plus il s'enfonçait à toute vitesse sur cette route assombrie par les grands arbres plus il se sentait revigoré par la nature très présente et qui lui rappelait en quelques sortes le passé. L'Italie avait été une bonne expérience et se glisser dans la peau d'un mafieux l'avait contenté mais pas suffisamment pour ne plus avoir faim d'autre chose. Là-bas il avait rencontré des hommes qui lui avaient donné la sensation de ne pas être le seul monstre à sévir dans ce monde, mais ces hommes étaient loin d'être ce qu'il était lui. La balance entre le bien et le mal était toujours à l'équité contrairement à lui qui avait agi sans pitié et seulement guidé par la vengeance. Ces mois passés dans cette mafia lui avait servi d'exercice, mais lui avait également permis de mettre de côté son passé sans toutefois l'oublier. Aujourd'hui ce dernier venait de ressurgir des ténèbres et au lieu de l'ignorer Silas l'avait laissé l'envahir jusqu'à sentir en lui quelque chose se réanimer.

Il tourna sur la droite et roula sur le sentier boisé étouffé par des arbres âgés et pour certains déjà morts. La grille en fer forgé s'ouvrit manuellement et lorsqu'il la passa il s'aperçut dans le rétroviseur qu'un homme âgé venait d'émerger de nulle part.

Silas poursuivit son chemin jusqu'à atteindre l'allée du manoir qu'il venait d'acheter pour presque rien parce que son état laissait à désirer. Du moins à l'extérieur.

- Ce manoir vous convient un peu trop si je peux me permettre, lança la voix d'un homme âgé et qui souffrait de marcher avec sa canne.

Silas continua de l'ignorer et attrapa le sac noir posé sur la banquette arrière ainsi que la cage.

- Vas-tu m'ignorer encore longtemps ?

- Aussi longtemps que possible afin de vous éviter une mort cruelle, répondit Silas en montant les marches en pierre et abîmées par le temps.

Armé de sa canne le vieil homme monta les marches et le suivit, déterminé à ne pas délaisser le combat si tôt.

- Ta voix est encore plus sombre et plus virile que lors de notre dernière rencontre.

- Je l'ai travaillé et prendre de l'âge l'aide à devenir encore plus sombre.

Silas entra dans le manoir sans fermer la porte derrière lui et embrassa l'escalier courbé avec concentration. Il y avait quatre étages et suffisamment d'espaces grands et larges pour en faire quelque chose de plus magnétique tout en gardant l'époque gothique qui faisait son charme.

- Puis-je savoir pourquoi vous êtes ici à Mercer Islande si loin de Brooklyn Heights ? Demanda Silas en détaillant avec minutie l'ensemble des murs du manoir.

- Parce que mon instinct d'enquêteur m'a poussé ici et j'ai eu raison. J'ai pris une carte, j'ai sillonné celle-ci et je suis tombé sur un manoir abandonné. Je savais que vous viendriez ici.

Silas se retourna pour toiser le vieil homme de quatre-vingt-cinq ans qui lui faisait face sans ciller.

- Et vous êtes venu pour voir si je me portais bien ?

- J'ai toujours su que c'était vous.

- Que c'était moi ? Répéta Silas en poursuivant la visite du manoir.

Il ouvrit deux grandes portes en bois très sombre et entra dans un salon très éclairé et par chance il y avait encore des meubles laissés par l'ancien propriétaire.

- C'est moi qui vous ai aidé à changer d'identité ainsi que votre sœur, commença le vieil homme en s'arrêtant à l'entrée du salon. J'ai vu le reportage et lorsque les meurtres en série on commencé deux ans après l'accident de Sarah j'ai compris que c'était vous.

CaptiveWhere stories live. Discover now