Chapitre 9

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Abby venait de déposer sa dernière affaire dans l'armoire quand elle se décida enfin à sortir de la chambre pour rejoindre le salon. Cet air d'opéra continuait de s'étendre dans les étages comme un bruit de fond à la fois agréable et angoissant. Après avoir franchi la dernière marche elle tourna la tête en direction du salon et eut un moment d'hésitation. Cette nuit serait sans doute la pire nuit de toute sa vie car si chaque jour elle luttait pour ne pas s'endormir ce soir allait être une lutte sans merci. Cette peur de dormir ne faisait qu'accentuer cette insécurité constante qu'elle éprouvait même dans sa propre maison.

Elle franchit les portes ouvertes du salon et eut la surprise de trouver sur la table en bois massif de la vaisselle en porcelaine dressée avec élégance pour ce fameux dîner. Abby n'arrêtait pas de se dire qu'il s'agissait là d'une bonne occasion pour connaître ce mystérieux consultant au charme glaçant et hypnotique.

Les mains derrière le dos, le cœur battant à la chamade elle s'avança vers la table en fixant les hautes bougies dressées au centre de la table.

Abby s'empêcha de respirer, le cœur battant de plus en plus vite et ces derniers n'eurent guère le temps de se calmer quand le propriétaire du manoir arriva dans le salon avec deux verres de vin.

- Je me demandais si je vous reverrai un jour.

- Oh...je...j'étais en train de sortir mes affaires de mon sac.

- Depuis plus de cinq heures ?

Abby tenta en vain de trouver une autre excuse qui aurait pu la sauver de ce piège tendu, mais ne la trouva pas.

- Je suis nerveuse, admit-elle en prenant le verre de vin, effleurant au passage ses doigts.

- Je peux comprendre, dit-il d'une voix très détendue et qui allait de paire avec son regard adoucit. Il faut du courage pour accepter une proposition qui vous oblige à sortir de la ville pour vous rendre dans un lieu méconnu avec un homme que vous connaissez depuis peu.

- Est-ce que c'est censé me faire changer d'avis ? Vous essayez de me...

- Au contraire c'est un compliment, la coupa-t-il en allant rompre l'air d'opéra. Je vous trouve courageuse.

- Et moi stupide, murmura-t-elle en tremblant de tout son être.

Il se retourna et enfonça sa main libre dans la poche de son pantalon tout en la scrutant attentivement.

Il y avait dans son regard quelque chose de puissant comme l'aura d'un guerrier solitaire et au passé chaotique. C'était comme si son métier de consultant ne correspondait pas à sa nature très sombre.

- Vous n'avez pas le profil d'un consultant en affaire criminelle et encore moins d'un médecin.

- Ah oui ? S'enquit-il en levant un sourcil intéressé. Alors quel profil me donneriez-vous ?

Il trempa ses lèvres dans le vin et elle baissa son regard sur son verre sans y toucher.

- Vous avez l'air d'un homme qui rentre au pays après avoir combattu sur les fronts.

Un sourire émergea dans les commissures de ses lèvres.

- C'est un compliment que j'accepte volontiers et vous n'êtes pas la seule à m'avoir déjà fait cette remarque. Il est vrai que je n'ai pas l'allure d'un consultant mais j'en ai le talent.

Il n'y avait pas d'arrogance dans sa voix et malgré son port de tête aristocratique, la violence avec laquelle ses traits ciselés avaient été taillé effaçait le doute dans l'esprit.

CaptiveWhere stories live. Discover now