Chapitre 14

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Harak n'attendit pas plus longtemps pour sauter dans la mer glacée. Au contact de l'eau froide, il ignora celle-ci qui lui mordait la peau et même les os. Il s'enfonça dans les profondeurs sombres à la recherche de la jeune femme. Une peur indicible le gagna car il ne la voyait pas et il l'imagina déjà emportée dans ce gouffre glacé pour l'éternité. Son visage lui apparut, et il se refusa de la perdre. Alors il se mit à nager plus vite, motivé par cette montée de rage qui lui brûlait le corps tout en lui permettant de pas ressentir le froid. Enfin il décela sa chevelure blonde qui comme une caresse épousait la descente lente et douloureuse de son esclave. D'une main féroce il agrippa sa robe et la tira vers lui. Il retenait sa respiration depuis si longtemps qu'il se demandait comme il était possible qu'il soit encore en vie. À la force d'un seul bras, il remonta vers la surface en tenant la taille de la fille d'un bras ferme. Il émergea de la mer agitée, prit une profonde respiration et chercha son drakkar. Par chance, il n'était pas très loin et il se laissa pousser par les houles afin de l'approcher plus vite. Inerte et peut-être sans vie, le corps de la jeune femme fut hissée sur le drakkar et sa seule obsession était de trouver les battements de son cœur.

Une pénible et insupportable douleur lui vrilla les tempes quand il glissa un regard en direction de ses mains liées et il coupa d'un coup sec la corde avec son poignard.

- Elle respire ? Demanda Cadel inquiet.

Harak la souleva légèrement pour entendre si oui ou non son cœur battait et ne laissa rien transparaître sur son visage quand il l'entendit battre faiblement. Au tréfonds de son être, le viking était profondément rassuré, mais ne voulait rien montrer à ses hommes.

- Elle respire, déclara-t-il en passant une main sur son visage gelé et sans couleur. Elle est froide, le choc de la température de l'eau a dû lui faire perdre connaissance.

Il tira sur un sac de peau qui avait pour but de protéger les vivres et l'enroula dedans pour la tenir au chaud.

- Où est-il ? Rugit-il alors en se relevant avec la jeune femme dans ses bras.

- Ils ont pris la fuite, nous avons dû maintenir les vaisseaux à ta hauteur quand tu as sauté.

Harak vrilla son regard sur l'horizon dégradé par un épais brouillard où l'on pouvait déceler faiblement le drapeau qui flottait sur le bateau ennemi.

- J'aurai ma vengeance, dit-il tout bas et d'une voix vibrante de promesses aussi sombre que ses yeux noirs. Rentrons ! Nous aurons notre combat sanglant dans les prochains jours.

Ses hommes s'exécutèrent afin de faire cap vers le Nord pour de regagner les terres.

Tout au long de la traversée, le Jarl avait gardé son esclave contre lui pour la réchauffer et c'est seulement à leur retour qu'il s'en détacha pour l'installer sur la couche.

- Est-ce qu'elle va bien ? Demanda Helga en apportant d'autres couvertures plus chaudes.

- Je l'ignore, admit-il en fixant ses paupières closes et qui ne voulaient pas se soulever.

Une sourde colère le gagna en détaillant sa robe déchirée sur le côté et à son épaule. Aveuglé par la rage, Harak avait une nouvelle fois jugé la jeune femme avant même qu'elle ait pu lui donner une preuve de son innocence.

- Sors s'il te plaît, ordonna-t-il à Helga en s'efforçant de garder son calme.

Elle s'effaça sans un mot en refermant la porte de sa demeure. Confronté à sa culpabilité d'avoir une fois de plus condamné la jeune femme, Harak leva prudemment sa main vers son visage pour dégager une mèche collée sur son front. À ce jour, c'était sans doute la première fois qu'il lui offrait un geste aussi tendre, mais cela ne suffirait pas à effacer le mal déjà fait.

L'esclave du vikingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant