Chapitre 12

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De retour à la table qu'il avait réservée, Matthieu et sa fille consultèrent à nouveau le menu pour prendre ce dont ils avaient envie. Sur la section des viandes, Matthieu constata qu'il y avait du magret de canard avec une mousseline de pomme de terre accompagnée de truffes noires. Il jeta donc son dévolu sur ce plat qui lui donnait plus qu'envie. Mais pour ce qui était de Valentine, pas de menu enfant à disposition. Elle était perdue, ne sachant pas quoi choisir, elle décida donc de demander de l'aide à son père toujours là pour elle.

- Papa. Je ne sais pas quoi choisir. Je comprends ce qui est écrit, mais je ne sais pas si j'aime.

- Y a-t-il des plats que tu as envie de manger ? Demanda Matthieu.

- Il y a le burger mais cela ne fait pas très noble. Ou alors il y a le saumon avec des gnocchis mais il y a quelques choses que je ne sais pas ce que c'est, la sauce moutarde. Ou encore l'escalope de foie gras avec des carottes et une sauce aux morilles. Détailla Valentine.

- Alors la sauce moutarde je pense que tu ne va pas aimer, c'est un peu fort pour les enfants de ton âge. En revanche le foie gras c'est assez bon et la sauce morilles aussi, ce sont des champignons très coûteux. Expliqua Matthieu.

- Je n'ai pas encore goûté de foie gras et de champignons, je ne sais pas si je vais aimer. Appréhendait Valentine.

- Tu sais quoi je te propose quelque chose. Moi j'ai en tête de manger un magret de canard avec de la purée de pommes de terre mais j'avais aussi des vues sur le derniers plats. Du coup, on va prendre les deux et on mange les deux assiettes ensemble en partageant. Cela te va, Valentine ? Demanda Matthieu.

- D'accord, papa. Répondit Valentine avec le sourire.

Désormais les choses étaient plus claires. Une fois le choix validé, il ne restait plus que quelques minutes avant de recevoir les plats demandés et d'enfin déguster ces derniers dans une ambiance et un lieu enchanté qu'était ce restaurant raffiné. Après quelques temps d'attente, les plats arrivèrent à table et le repas pouvait dès lors commencer. Le dressage avait l'air appétissant. Si bien que l'on n'oserait pas y toucher de peur de dénaturer la structure du dressage tellement c'était bien travaillé. On voyait dans l'assiette que le chef qui l'avait préparé, l'avait fait avec son cœur, preuve d'un travail rigoureux qui convenait à un restaurant bien noté sur internet.

Matthieu et Valentine ne se firent pas prier et mangèrent leur repas. Avec surprise, les papilles de ces deux-là se régalèrent. De temps en temps, l'un picorait dans l'assiette de l'autre. C'était un vrai moment de complicité entre un père et sa fille comme on en voyait tout les jours dans la rue, à la différence que les deux personnes en question sont porteur d'un handicap.

- Alors, cela te plait, Valentine ? Demanda Matthieu.

- Oui, papa. C'est délicieux. J'adore. Répondit Valentine.

Le repas avait l'air de bien se passer mais quelque chose de saugrenu se produisit. A la table à côté, se trouvait un couple de retraités assez âgé, que l'on dirait tout droit sorti du siècle dernier. La femme du couple interpella Matthieu sur un ton qui ne souffrait pas de maladresse que l'on croyait disparu depuis bien longtemps.

- C'est votre petite cousine ? Demanda la femme.

- Non, madame, c'est ma fille. Répondit Matthieu.

- Et quel âge avez-vous ? Demandait à nouveau la vieille femme.

- J'ai 29 ans, madame. Répondit calmement Matthieu.

- Et bien permettez-moi de vous dire que vous éduquer mal votre enfant. Répondit la femme.

- Et que voulez-vous dire par là ? S'étonna Matthieu.

- Déjà, à l'âge de votre fille, on doit avoir les cheveux coupés au carré. Répondit sèchement la retraitée.

- D'où sortez-vous cela ? Je ne comprends pas. Lui dit Matthieu incrédule.

- D'ailleurs, votre femme n'a pas pu venir ? Demanda à nouveau cette femme.

- Ma copine est décédée en donnant naissance à ma fille Valentine. Elle n'avait que 20 ans. Répondit Matthieu avec sincérité.

- Ah, parce que vous n'étiez pas marié quand vous avez eu votre fille ? Mais quelle honte ! S'énerva la vieille dame.

- Papa, la vieille femme me fait peur. Sembla trembler Valentine.

- Petite fille, sache que l'on ne parle pas comme cela à son père. Tu dois le vouvoyez et l'appeler père. C'est la base. Répondit la femme plus qu'énervée.

- Écoutez madame. Je vais vous demandez de nous laisser tranquille. Ma fille est atteinte du syndrome de Kanner, une forme d'autisme assez sévère, elle ne comprend pas certains usage de la vie en société, mais ce n'est pas une raison pour vous énerver. Vous voyez bien que vous lui faite peur. Fit remarquer Matthieu.

- Une attardée mentale ! C'est un scandale ! On devrait la mettre à l'hôpital pas dans la rue ! S'emballa la femme plus énervée que jamais.

A cet instant, Valentine eut la peur de sa vie. Elle se mit à pleurer de toutes ses forces, vidée de son énergie, incapable de sa canaliser, elle fit une crise qui lui demanda de se calmer. Pendant que le couple de retraités était conduit à la sortie du restaurant pour avoir crié devant tout le monde, Matthieu sorti une tétine du sac de change pour la mettre dans la bouche de sa fille et la calmer par la suite.

Voulant ne pas aggraver la situation, Matthieu décida d'écourter la sortie shopping. Il paya l'addition sans prendre de café et de dessert et reprit sa voiture pour rejoindre son domicile. Une fois rentré, il changea la couche de sa fille qui avait visiblement servi, l'a mit en tenue de sieste et éteignit les lumières avant de fermer la porte. Puis, Matthieu mit les achats de ce matin dans un coin et se servit un verre d'eau tout en réfléchissant à ce qui allait se passer dans les jours à venir. Le futur était incertain.

Le Combat d'un PèreWhere stories live. Discover now