Chapitre 13

13 0 0
                                    

Quelques jours plus tard, début de la semaine, Matthieu et Valentine étaient repartie pour une nouvelle série de jours assez rythmés, du moins pour Matthieu parce que Valentine n'avait pas trop de soucis à se faire de son côté étant donné qu'elle agissait comme un bébé de 2 ans et demi en raison de son Kanner. Ce matin-là, il faisait plutôt chaud. Valentine avait beaucoup transpiré la nuit dernière et du coup la grenouillère et le body étaient dans la machine à laver. Valentine se retrouva vêtue uniquement de sa couche en attendant d'être habillée. Mais ce jour-là, Matthieu était un peu noyé sous pleins de choses. Les dossiers étaient arrivés en masses, il y avait des déclarations administratives en série à remplir, gérer le budget de son autoentreprise entre ses comptes en banque et son tableur Excel, bref la journée était loin d'être monotone.

Pendant que Valentine buvait son biberon devant un dessin animé devant la télé ayant juste sa couche comme vêtements en attendant de s'habiller, Matthieu entreprit un petit ménage entre la vaisselle, la lessive et bien d'autres choses encore. Heureusement pour lui, il était habillé et bien propre sur lui. Mais soudain, on sonna à la porte directement et pas à l'interphone. curieux, Matthieu se demanda qui cela pouvait être sachant qu'il n'attendait personne en particulier. Il décida donc d'ouvrir la porte et c'est là qu'il vit une femme vêtue d'un tailleur jupe noirs, des talons, des lunettes montrant le caractère sérieux et intransigeant de la personne, un bloc note de grande taille en main, une sacoche de travail en cuir et des cheveux coiffés en chignon sans teintures et très austère pour marquer le sérieux de sa profession qu'elle représentait. Elle se présenta et dit:

- Je suis Frédérique Sullivan, agent de l'aide sociale à l'enfance de Lausanne. Vous êtes Matthieu Hagron ?

- Oui c'est moi. Répondit le jeune père. Mais pourquoi êtes-vous ici ?

- Une personne anonyme a signalé la situation de votre fille à nos services il y a quelques jours. Nous pensons que le comportement de votre fille est due au mauvais exemple que vous lui donner et à la manière dont vous l'éduquer. Expliqua la femme de l'ASE.

- Je voudrais bien vous croire, mais encore faut-il le prouver. Bref, j'imagine que vous voulez entrer et que je vous reçoive ? Demanda Matthieu qui connaissait déjà la réponse qui paraissait évidente dans la situation actuelle.

- Effectivement. Je vais devoir également inspecter votre domicile, vous me donnez votre accord ? Interrogea l'agente.

- Allez-y. De toutes façons, je n'ai rien à cacher. Répondit Matthieu sûr de lui.

Il fit entrer la femme de l'ASE pour que cette dernière puisse faire son travail dans les règles. Matthieu savait que ce jour viendrai un jour ou l'autre. Il fallait s'y attendre avec une fille porteuse d'un handicap et lui-même porteur d'un handicap en tant que parent. Si certains voyait que le handicap de Matthieu était un motif suffisant pour mettre en doute la capacité de ce dernier pour s'occuper de sa fille, le jeune père n'allait pas être entraîné sur ce terrain-là car il s'y était préparé depuis longtemps. L'inspectrice fit le tour de l'appartement. Elle ne voyait rien d'anormal jusqu'à ce qu'elle tombe sur la fille de Matthieu tétant son biberon toujours en couche pour seul vêtement. Faisant dans un premier temps la grimace, elle entra dans le vif du sujet:

- Pouvez-vous m'expliquer pourquoi votre fille boit-elle au biberon et porte encore des couches alors que selon mon dossier elle a 9 ans ? Demanda l'inspectrice de l'ASE.

- C'est un sujet délicat. Permettez que j'enfile des vêtements à ma fille et vous raconte en détail notre histoire dans le salon ? Proposa Matthieu qui espérait ne pas en arriver à une extrémité qu'il ne pourrait pas résoudre.

- Soit. Je vous attends. Répondit la femme retroussant ses lunettes noires.

Quelques minutes plus tard, une fois vêtue d'une tenue plus adéquate, Valentine sur les genoux de son père écoutait ce qu'il se passait devant elle, sans vraiment comprendre de quoi il retournait. Après cinq minutes d'explication, Matthieu dit:

- Valentine souffre du syndrome de Kanner, la forme la plus basse de l'autisme. Le Pédopsychiatre qui l'a reçu en consultation plusieurs fois estime qu'elle ne pourra sans doute pas avoir une vie normale. Elle a la mentalité d'un bébé de 2 ans et demi, elle n'est pas propre, elle boit au biberon, elle pleure pour s'exprimer de temps en temps, mais la majorité du temps elle sait parler plus ou moins correctement et sait marcher et s'occuper en autonomie ne serait-ce qu'un peu. Expliqua Matthieu.

- Je comprends mieux. Et vous, vous êtes asperger ? La forme la plus haute de l'autisme ? Demanda l'inspectrice de l'ASE.

- Exact. Je suis diplômé de plusieurs diplômes d'état Français, j'ai le permis de conduire, je suis véhiculé, je n'ai aucune mesure de protection judiciaire concernant mes dépenses, je gère une autoentreprise depuis quatre ans, je suis autonome, je paye mes factures et je m'occupe très bien de ma fille. Détailla Matthieu pour convaincre au mieux.

- Bon, que je vous rassure. Contrairement à mes collègues, je ne retire la garde des enfants à leurs parents qu'en dernier recours, avant cela on essaye de trouver une solution. Pour le moment, votre fille ne semble pas en danger avec vous, elle semble nourrie correctement, tout semble sécurisé dans votre quotidien pour le moment pas de problème. Le signalement a sans doute été abusif, sans doute une personne qui a sa vision de l'éducation sur les enfants qui n'est pas celle de tout le monde. Je ne sais pas.

- Que va-t-il se passer maintenant ? Demanda Matthieu inquiet de la réponse.

- Je vais faire une enquête de voisinage pour entendre les témoignages des résidents aux alentours s'ils se sont plaint de quelque chose en particulier. En cas d'empêchement, avez-vous une personne pour vous aider à garder votre fille ? Demanda l'inspectrice.

- Il y a bien mon voisin et le concierge. Mais il y a aussi ma belle-mère a qui je rends visite ou qui me rends visite, mais c'est plus pour qu'elle voit sa petite fille. Répondit Matthieu en toutes franchise.

- Et la mère de votre fille ? Demanda-t-elle.

- La mère de Valentine est morte en lui donnant la vie. Répondit Matthieu insensible à sa phrase.

Après avoir prit ses notes, l'inspectrice de l'ASE remercia Matthieu et s'en alla pour retourner à son bureau continuer son enquête laissant le père et sa fille partagés entre la peur et le doute mais aussi le soulagement que rien de grave ne s'était passé. Matthieu fit alors un câlin à Valentine qui réclamait un moment de tendresse avant que les estomacs ne crie famine et demande à manger le déjeuner qui n'allait pas tarder à arriver. Le combat de Matthieu ne faisait que commencer.

Le Combat d'un PèreWhere stories live. Discover now