Premier

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De : Thaïs Xiao (xiaothais@...)
À : Dylan O'Brien (dylanob@...)
Objet : un encadré bleu ciel

Cher Dylan,
C'est ainsi que l'on commence une lettre non ? C'est en l'occurence un mail que je t'écris, mais ça doit être semblable.

Bref. Je suis là pour te parler de moi. Oui, ça peut paraître égoïste au premier abord mais j'en ai besoin en ce moment.

Je suis perdue Dylan, tellement perdue dans ce monde bien trop incompréhensible et conformiste pour moi.

J'ai décidé de m'adresser à toi car tu es le pilier de ma vie. Tu sais, celui qui tient tout le poids sur ses épaules et sans qui tout s'effondre.

Je te l'accorde, résumé de cette façon, ça fait très cliché.
Mais c'est la vérité.

T'es mon pilier et j'ai besoin de toi car j'veux pas que ça s'effondre.

Pourquoi cet email ? J'étais en train d'examiner un article bidon, dans un magazine pour les filles de mon âge, qui expliquait comment faire son deuil et je suis tombée par hasard, quelques pages plus tard sur un petit encadré bleu ciel qui proclamait "Où écrire à Dylan O'Brien ?" suivi d'une adresse mail et d'une adresse postale.
C'est pour cela que je suis là, à te raconter mes angoisses d'adolescente. À te décrire mes malheurs dont tu n'as rien à faire, en pianotant sur mon nouvel ordinateur portable, le dernier cadeau de ma mère qui ne sait plus quoi faire pour sa pauvre fille handicapée, enfermée dans son mutisme.

Mais ça me fait du bien. De te parler, je veux dire. Pas d'avoir un nouvel ordinateur portable.

Parce que j'ai peur. J'ai peur de ne pas avoir ma place dans cette société que je juge cruelle et raciste, qui ne tolère pas la différence. Y'a-t-il une place pour moi quelque part sur cette Terre ? Si oui, dis moi où, je t'en prie.

Je vis dans la ville de la liberté et pourtant j'ai l'impression d'être enfermée dans une prison à perpétuité.

J'aimerais crier, putain, mais y'a ce foutu scotch sur ma bouche et j'arrive pas, je peux plus.

Je suis muette, Dylan, tu comprends ça ? Je suis une muette, amoureuse des mots, qui n'a que l'écrit pour s'exprimer.

J'en peux plus, Dylan, tu es mon dernier recours, mon dernier secours, la bouée de sauvetage qui m'empêche de me noyer.

Je vois plus rien à cause de cet épais brouillard, tissé de mon amertume et de ma rancœur, qui me cache la vue.

Aide moi à y voir plus clair, je t'en supplie. Car pour moi le monde est un mystère.

Ta dévouée,
Thaïs

PS : Je suis consciente que je n'obtiendrai aucune réponse de ta part.

Dear DylanTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang