Dear Dylan

Septième

De : Thaïs Xiao (xiaothais@...)
À : Dylan O'Brien (dylanob@...)
Objet : une pizza surgelée

Cher Dylan,
Je viens de me disputer avec ma mère et je peux te dire qu'une embrouille entre une maman et sa fille muette, ça vaut le coup d'œil.

Ça a commencé à table, pendant que nous mangions.
J'ai l'habitude de déjeuner avec mes écouteurs car nos repas ensemble ne sont pas des plus bavards, surtout de mon côté, et que je préfère la compagnie de The Wanted d'All Time Low à celle de ma mère.

Mais cette fois-ci, elle devait être dans un de ses mauvais jours, car elle a explosé.

- Franchement, Thaïs, tu ne fais aucun efforts !

J'ai quitté des yeux la pizza réchauffée dans mon assiette et j'ai haussé les épaules en écartant les paumes en signe d'incompréhension devant cette soudaine accusation injustifiée.

- Tu ne peut pas retirer ces fichues oreillettes quand je te parle ! a-t-elle continué en braillant.

Je me suis exécutée avec lassitude.

"Quoi ?" ai-je mimé du bout des lèvres.

- Pourquoi tu ne sors pas avec tes amis au lieu de rester cloîtrée dans ta chambre ? Tu vas bientôt avoir 18 ans, je ne pourrai pas m'occuper de toi éternellement.

J'ai senti que la conversation devenait trop sérieuse à mon goût et je suis me suis levée pour aller chercher mon fidèle bloc de feuilles vierges.

"J'ai pas d'amis" ai-je griffoné avec colère.

Elle a jeté un coup d'oeil à ma phrase avant de répondre :
- Alors inscris toi à un club de sport, je sais pas moi, essaye d'avoir une vie !

La violence de ces paroles m'a heurtée en plein coeur.

Essaye d'avoir une vie.

"Ah oui ? Mais entre nous, qui est celle qui a le moins de vie ? Moi au moins je reste pas assise tout la journée dans le fauteuil de papa à me morfondre en silence !" ai-je écris fougueusment.

Les yeux de ma mère se sont rapidement humidifiés et j'ai su que j'étais allé trop loin.

- Va dans ta chambre, Thaïs Xiao.

"Maman" ai-je articulé en silence.

- Va. Dans. Ta. Chambre.

Les larmes ont coulé le long de ses joues.

J'ai rejoins ma chambre telle une enfant sanctionnée.

C'est impossible d'avoir une discussion normale avec ma veuve de mère.

Donc c'est de là que je t'écris en me demandant si je n'ai pas été une criminelle sans pitié dans une vie antérieure, ce qui expliquerait pourquoi le sort s'acharne sur mon humble existence.

Tu as le droit de rire, c'était censé être de l'humour.

Je dois te paraître très lunatique dans mes mails, un jour je te parle des étoiles et l'autre de crimes et je n'ai pas d'excuse bidon à te donner pour cela, Dylan.

C'est juste ma vie qui déraille parfois.

Ta serial-killeuse préférée,
Thaïs