Quatrième

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De : Thaïs Xiao (xiaothais@...)
À : Dylan O'Brien (dylanob@...)
Objet : un majeur et mon père

Cher Dylan,
Comme toute génitrice normalement constituée face aux tourmentes de sa progéniture, ma mère a jugé bénifique pour moi que je consulte un "professionnel de la psychologie".

Fait que je trouve amusant car un rendez-vous chez le psy est le plus souvent fait pour parler de ses angoisses.

Mais bizarrement, dès notre première rencontre, le courant est plutôt bien passé avec ma psychologue.

Je m'en souviens comme si c'était hier, elle m'avait tendu une feuille et m'avait demandé d'esquisser sur cette surface ma plus grand peur.
Sur ce, j'avais pris la feuille de ses mains et j'y avais dessiné avec soin une main dressant son majeur.

Il faut me comprendre, j'étais dans une période de rage profonde et je détestait ma mère de me forcer à subir les conseils de quelqu'un alors qu'elle-même n'était pas assez forte pour m'en prodiguer.

Julia - ma psy - s'était contenté d'un joli rire sonore et m'avait ensuite adressé un sourire sincère avant de changer de méthode.

Depuis, notre relation s'est stabilisé, elle est vraiment gentille, et moi... disons que je fais des efforts.

Je lui ai déjà écrit à propos de toi et elle a de suite saisi que ce que tu représentais pour moi n'était pas qu'un simple fantasme d'adolescente aux hormones en ébullition.

- Je comprends que tu ressentes le besoin de te raccrocher à un adulte responsable, m'avait-t-elle simplement répondu.

J'avais compris qu'elle sous-entendait que ma mère ne faisait pas partie des adultes responsables et mon estime pour Julia n'avait fait qu'augmenter encore un peu plus.

Donc. Venons en aux faits car je tourne autour du pot.

Lors de ma dernière séance, Julia m'a conseillé d'écrire un texte à propos de mon père car elle soutient que c'est le véritable coeur du problème.

Donc, si ça ne te dérange pas, je vais te faire part de ces quelques mots qui sont destinés à mon père mais que je souhaite partager avec quelqu'un d'autre qui compte dans ma vie.

Papa,
Je t'en veux tellement, si tu savais.
Maman se laisse quasiment mourir et moi je n'ai plus que l'écrit dans lequel me réfugier.
Mes larmes et l'encre coulent sur des milliers de pages vierges.
Je te déteste de nous avoir abandonné et pourtant je sais que ce n'est pas de ta faute.
Dis moi pourquoi ce fucking cancer ne pouvait-t-il pas s'attaquer à un autre habitant de ce Terre, hein ?
Oui, je suis égoïste mais je te veux près de moi.
Je veux que tu me serre dans tes bras en me répétant que je suis belle et que tu es fier de moi.
Que je suis la fille dont tu as toujours rêvé et que tu seras toujours là pour moi.
Je veux la présence d'un père aimant dans ma vie.
Et pas d'une mère veuve délavée par la tristesse.
Des nuages où tu es perché, promets moi de veiller sur notre famille jusqu'à l'éternité.
Je t'aime tellement,
Ta fille,
Thaïs

Ce n'est pas grand chose, c'est brouillon et mal écrit mais je tenais à te l'envoyer.

Hé, sérieusement, à quoi se résume ma vie ?
Me lamenter sur mon sort auprès d'une célébrité pour gamines.

Ça vend pas du rêve sachant que j'atteint bientôt la majorité.

Dylan, réponds moi, putain, je t'en prie, je t'en supplie à genoux.

Refait naître de l'espoir chez une petite fille qui croit jouer dans la cour des grands.

Ta dépravée,
Thaïs

Dear DylanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant