Dear Dylan

Deuxième

De : Thaïs Xiao (xiaothais@...)
À : Dylan O'Brien (dylanob@...)
Objet : des étoiles

Cher Dylan,
Tu sais quoi ? Je dois vraiment être naïve, car quelque part au fond de moi, je pensais - j'espérais - vraiment que tu répondrais à mon mail.

Enfin, c'est rien, je comprends. Des messages comme le mien tu dois sûrement en recevoir par millions et ce n'est pas celui d'une new-yorkaise asiatique muette qui doit retenir le plus ton attention.

Je m'excuse aussi pour mon premier mail dégoulinant de désespoir et de philosophie.

Promis, je vais tout reprendre à zéro et me présenter dans les règles.

Je m'appelle Thaïs Xiao - ou Xiao Thaïs car en Chine le nom de famille est plus important que le prénom.

Bref. Je m'appelle Thaïs, agée de 17 ans et je suis née un beau jour de printemps de l'union d'une américaine romantique et d'un doux chinois passionné.

Malheureusement, ils n'ont pas eut le droit à leur happy end.

Mon père est mort lorsque que j'avais une dizaine d'années.
Un cancer du poumon. Autrement dit, un sale truc qui te bouffe de l'intérieur et qui finit par détruire tes proches indirectement.

Car, oui, ma mère est détruite, elle n'en se remet pas et ne s'en remettra sans doute jamais.

Mais elle n'est pas la seule.

J'ai perdu ma voix.

"Un trop gros choc émotionnel" disent les spécialistes.

J'ai perdu ma voix, putain ! Je peux plus parler, je peux pas crier, murmurer, hurler, fredonner, m'exclamer...

Non, je ne peux plus faire rien de tout ça.

Depuis son décès, je me suis réfugiée dans l'écriture. Griffonner, conjuguer, crayonner, orthographier, créer, inventer des mondes, des vies parallèles. C'est ça qui me fait tenir.

J'ai beaucoup lu également, j'ai dévoré des romans entiers par centaines, pour m'échapper de ma propre existence.

Et enfin, je t'ai découvert, toi, petit rayon de soleil dans un quotidien pluvieux. J'ai avalé des séries complètes de Teen Wolf, regardé en riant tes vidéos YouTube et les nombreux films dans lesquels tu as joué, et les jours de chagrin, me suis réfugiée dans ton sourire.

Je ne suis pas une groupie, je suis bien plus que ça, car je te respecte en tant que personne.
Je ne te considère pas comme mon objet précieux qu'il faut à tout prix garder pour soi jalousement. Non, je ne suis pas ce genre de fille.

Je suis lucide. Je sais qu'au final on ne se mariera pas. Je sais que je ne suis qu'un grain de sable dans le désert de tes fans. Une minuscule étoile dans le ciel étincelant.

À propos d'étoiles. J'ai lu un jour que lorsqu'on regarde le ciel de nuit en fixant une étoile tout en tournoyant sur nous-mêmes, on voit les milliards étoiles tourner avec nous sauf celle qu'on fixe. Celle la reste immobile.

Moi je vois les gens tourbilloner autour de moi et je tourne avec eux jusqu'à ce que nos voix et nos echos se mélangent dans un brouhaha insuportable, et j'ai le tournis.

J'ai le tournis du monde.

Mais soudain je te vois dans mon esprit et je ne détache plus mes yeux de toi, tu es celui qui reste immobile, je m'accroche à toi et soudain tout va mieux. Tu es mon étoile, Dylan.

Ta tourbillonante,
Thaïs