Épisode 1 - 9 New York

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Six mois plus tôt, New-York City.

Taylor sort de Macy's avec Faith, sa petite sœur de seize ans. Elles ont passé presque toute la journée dans le grand magasin de la 7th Avenue et sont à présent encombrées de sacs au volume indécent.

Une fois par mois, elles se font ce plaisir, une excursion à Manhattan ou à Coney Island, juste toutes les deux, loin de leur mère et de leur beau-père. Parfois c'est pour dévaliser les magasins, d'autres pour une ballade à Central Park ou encore, l'été, elles vont à la plage. Contrairement à San Francisco, on peut se baigner à New-York.

Faith est ravie, comme toujours. Elle a toujours possédé ce tempérament positif et optimiste qui fait tant défaut à sa grande sœur. Taylor et elle n'ont pas le même géniteur, mais cela les rapproche plus que ça ne les éloigne. Surtout depuis que leur mère a quitté le père de Faith et s'est installée avec John.

Les jeunes filles s'installent sur un rooftop qui offre une jolie vue de l'Empire State Building. Elles commandent deux iced coffees tout en profitant du moment de calme, le premier depuis le début de la journée. Le ciel est assez clair et la température étouffante de l'été les agresse un peu moins en haut.

- Comment ça se passe avec Lionel, demande Faith.

- Étonnamment bien. Ce n'est pas un lourd, il est ni trop présent, ni trop encombrant. Il aime ma musique, mais ne joue pas les groupies. Non, vraiment, pour l'instant c'est pas si mal.

- Vous avez déjà... Enfin...

- Rappelle-moi ton âge, déjà ?

- Ah ah. Très drôle Taylor. Si ça venait d'une fille mature, encore.

- Je suis la maturité même. Ils devraient même le mettre dans le dictionnaire : maturité, nom féminin, qui est taylorien.

- Tu devrais faire un one woman show, sis'. Je ne sais pas si tu auras beaucoup de succès, mais promis je viendrai. Mais en vrai ? Toi et Lionel ?

- Non, non pas encore. Il a pas l'air tant que ça intéressé par la chose, d'ailleurs. C'est reposant, mais j'ai l'habitude que les gars fassent n'importe quoi pour coucher. Lui non. J'espère au moins que je lui plais.

- C'est pas sûr. Tous les garçons n'aiment pas les filles avec des petites dents du bonheur.

- Arrête, ne parle pas de mes dents, dit Taylor tout en se cachant la bouche. Tu sais que je déteste ça.

- Ne t'en fais pas, sis'. Je suis sûr qu'il te trouve très belle. Et je parie que vous aurez une magnifique histoire, avec plein de bambins et tout. Je te vois déjà en train de leur courir après, le fer à repasser dans une main et une couche dans l'autre. So sexy !

Taylor jette un regard noir à sa sœur, qui ne peut s'empêcher de rire. En-dessous d'elles, la circulation est toujours aussi intense et les klaxons s'affrontent dans un véritable concerto pour citadin. Le soleil tape dur sur les toits. Cet été est particulièrement chaud et la jeune femme porte encore les marques d'un coup de soleil douloureux.

Faith redevient sérieuse :

- Et tes pouvoirs ?

L'aînée se crispe un peu et se redresse dans son siège. Elle regarde à droite et à gauche, mais personne ne fait attention à elles. Les regards des deux sœurs se croisent, leur connivence évidente.

- Je peux aller plus loin maintenant et plus longtemps. J'ai juste à me concentrer et pouf, en ballade. Je n'ai même plus de migraine.

- Ton corps reste toujours immobile ?

- C'est ça qui est bizarre. La dernière fois que j'ai essayé, j'ai pu aller jusqu'au bloc voisin, mais quand je suis rentrée, je n'étais plus dans ma chambre. Enfin plus physiquement. C'était presque flippant, j'ai dû me chercher et je me suis retrouvée dans le salon.

- Genre comme un somnambule ?

- J'imagine. Je n'ai pas réessayé depuis. J'ai trop peur de rester coincée je ne sais où ou de ne pas retrouver le chemin.

- Tu as vraiment trop de chance. J'aimerais tellement pouvoir passer à travers les murs. Je pourrais aller voir mon prof avant un contrôle, voir la chambre de Becky et aller au ciné gratuitement.

- Tu sais que t'es pas bête ! J'y aurai jamais pensé ! L'an prochain, je vais cartonner ! Harvard regrettera de pas m'avoir prise.

- Je sais pas s'ils regretteront une tricheuse.

- Tout de suite les grands mots. Faut juste que je sache où je range mon corps, par contre. Au pire je me mettrai dans une cage, style loup garou.

- Je suis certaine que maman et John le cinglé vont te laisser faire.

Après une courte pause, Faith pose une autre question :

- Dis je me demandais, tu as déjà essayé de passer à travers les gens ?

- Les gens ? Non pourquoi ?

- Quand tu reviens dans ton corps, tu reprends d'un coup conscience en toi quand tu te touches, c'est ça ?

- Yep. Même si ça sonne un peu pervers, dit comme ça.

- Mais si tu faisais ça sur quelqu'un d'autre ?

- Ah bonne idée ! Ne bouge pas, je vais essayer sur toi.

- Très drôle, sis'. Très drôle...




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