Chapitre 2

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Adam

La mort est quelque chose d'abstraite. Il y a des visions et des croyances différentes. La mienne ? Je n'y ai jamais réfléchi. Quand on a 18 ans, on pense avoir la vie devant soi et on ne pense pas que l'on va crever, encore moins d'une saloperie comme le cancer ou les tumeurs. J'étais majeur depuis trois semaines quand mon état à commencer à se dégrader. D'intenses migraines, la vision troublée, des difficultés à me souvenir et une immense fatigue. Je pensais à un virus et je n'ai rien fait. Mais, au bout d'un mois, mon état empirait et je suis allé voir le médecin qui m'a envoyé à l'hôpital pour faire une tonne d'examen que je pensais inutile. Le verdict est très rapidement tombé. J'avais une tumeur dans le cerveau mais c'était opérable. S'enchaînèrent trois ans de tortures, mêlant opérations lourdes et traitements de plus en plus expérimentaux et sans résultats visibles. J'ai fini par abandonner. Il y avait bien un nouveau traitement et une opération capable de me sauver la vie mais j'avais trop espéré en vain et j'étais fatigué. 21 ans et déjà lassé de la vie et tous ce qui va avec. Mon médecin m'a donc conseillé un service de fin de vie, où j'aurai quelques moments agréables avant que tous ne s'arrêtent. J'ai ricané. Comment avoir des moments agréables quand on est condamné ? Les médecins sont stupides. Je suis donc arrivé dans ce lieu où la faucheuse est souvent présente et je l'ai attendue. Je l'attends toujours d'ailleurs. Les infirmières de ce centre font tous pour me convaincre de vivre, ce qui me tape sur les nerfs. Je ne veux pas. Je suis devenu désagréable, aigri, comme tous ces vieux présents autour de moi.

Je ne me suis pas présenté. Adam, 21 ans et des poussières, en attente de la Mort. Avant, les me jugeai beau maintenant. Aujourd'hui, ces personnes ne me le diraient pas car ce n'est plus le cas. Mes cheveux bruns pendent mollement et frôlent mes épaules, mes yeux verts sont vides et sans éclats, des cernes violacés en dessus. Mon visage à un teint blafard, voir gris et les joues creuses, les lèvres bleutées car j'ai continuellement froid et une petite cicatrice sur la tempe. Ma musculature a quasiment disparu mais il en reste quelques traces, seulement mon corps est faible à force de rester allonger. Chaque mouvement me coûte et je peine énormément à me déplacer. J'ai des traits élégants mais pas mis en valeur par mon visage inexpressif. Ma voix est aussi faible que le reste car je ne parle que pour me montrer méchant avec les infirmières, ce qui est rare puisqu'elles me fuient.

La porte de ma chambre s'ouvre lentement. Je soupire, n'ayant aucune envie de voir une des nombreuses infirmières du service de fin de vie où je me trouve depuis plusieurs semaines. Je tourne la tête et ouvre la bouche, m'apprêtant à être désagréable quand un visage jeune apparaît. Un blondinet, aux yeux gris et à la chevelure rebelle. Son visage sans les imperfections de l'adolescence affiche un choc évident et je crois que j'en suis la cause. En même temps, ce n'est pas courant un jeune homme de 21 ans dans un service de fin de vie, entouré de vieux ronchons et de mamies sourdes. Il cligne plusieurs fois des yeux, comme s'il croyait voir un mirage. Je soupire d'agacement.

- Tu es perdu gamin ? Tu comptes rester sur le pas de la porte toute la journée ?

Ma voix est rauque et se brise à certains moments, je n'ai plus l'habitude de parler. Je le vois tressaillir et entrer, fermant avec hésitation, la porte derrière lui. Il s'avance lentement et semble chercher quelque chose du regard mais finalement ses orbes grises se posent sur moi.

- Tu es un patient ? demande finalement le blondinet.

Sa voix est un peu tremblante et douce, légèrement grave et un peu enfantine. Je hoche lentement la tête et il semble complètement hébété.

- Mais tu as quoi ? 19, 20 ans. Tu peux pas être en train de crever ! s'exclame-t-il.

- J'ai 21 ans et si, je suis en train de crever comme tu dis.

- Mais... Tu es trop jeune !

- Peut-être... Fis-je avec lassitude.

Je soupire et fixe le plafond, attendant qu'il s'en remette. Je le sens s'approcher et s'asseoir sur la table en face de moi.

- Au fait, moi c'est Liam et j'ai 16 ans.

- Adam, ravi de te rencontrer.

- De même.

Je le regarde fixement et il baisse légèrement la tête comme pour fuir mon regard inquisiteur.

- Qu'est-ce que tu fais là ? finis-je par demander.

Il grimace, se mord la lèvre et hésite mais il se décide à parler.

- C'est en quelque sorte, des travaux d'intérêt général.

- Tu es un délinquant ?

- Ouais, murmure-t-il pas vraiment fier.

- Et qu'as-tu donc fait ?

- Hier, j'ai pété la vitrine du magasin d'un type qui me faisait chier et qui ma fait virer de mon job. Mais avant, j'ai fait d'autres trucs comme du vol sur le marché ou des agressions. Quand j'étais bourré, les agressions. Il y a aussi eu la consommation de drogue.

Je suis stupéfait même si je le dissimule. Ce gamin est impressionnant. Jeune mais avec un bon casier judiciaire. Je secoue la tête, ne comprenant pas comment certains peuvent gâcher leur vie en faisait des conneries alors que des jeunes comme moi crèvent de maladies incurables, de cancer ou d'autres merdes. J'ai bien envie de lui dire ma façon de penser mais je me retiens, ne tenant pas à le faire chialer. Parce que malgré son côté badboy, il me semble plutôt sensible ce gosse. Je passe une main dans mes cheveux et soupire une nouvelle fois.

- Tu en as pour combien de temps ? je demande.

- Je n'en sais rien. Quelques mois probablement.

- Tu vas rencontrer pas mal de mourant dis donc.

- T-Tu en as pour c-combien de temps toi... ?

Il hésite, bute sur les mots. Je crois que ma réponse lui fait peur.

- 3 semaines, peut-être moins.

Son visage se décompose littéralement, s'en est presque comique. Il écarquille les yeux et secoue la tête.

- C'est impossible. Tu es si jeune...

- Et pourtant, il ne me reste pas longtemps dans ce monde de merde.

- Tu n'as pas peur ? interroge-t-il à voix basse.

- De quoi ? De la mort ?

Il hoche doucement la tête.

- Non, je n'ai pas peur. La mort est une délivrance que j'attends avec hâte.

Il secoue la tête comme si c'était inconcevable mais semble quand même réfléchir.

- Qu'est-ce que tu as ? demande-t-il.

- Une tumeur au cerveau.

- C'est inopérable ?

- Non, j'ai été opéré une dizaine de fois en 3 ans, sans résultat. Les médecins n'ont jamais réussi à me retirer la totalité de la tumeur qui augmente constamment. Il n'y a plus rien à faire.

- Mais... Cette opération pourrait marcher, non ? Ainsi, tu pourrais espérer avoir une vie meilleure !

- Je n'ai plus d'espoir.

 « La fin de l'espoir est le commencement de la mort » -Charles De Gaulle  

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1132 mots !

Voilà le chapitre 2 comme promis. N'hésitez pas à donner vos avis !

Bisou~ 






Hope [BoyXBoy] (Terminé)Onde histórias criam vida. Descubra agora