Jade. Tome 2.

Prologue

Jade

Il dépose un baiser tendre sur mon front comme j'adore. Je m'étire et colle ses lèvres aux miennes. Je peux le sentir sourire et je le laisse filer. Il commence son internat aujourd'hui et il est un peu stressé. Il part avec Nino. Je passe désormais le plus clair de mon temps dans cet appartement qu'il loue avec son ami. Je me sens plus à mon aise ici que chez mes parents. Je ne suis pas la bienvenue pour Nino, ses regards assassins, ses remarques continuelles et son comportement désinvolte envers moi me font clairement comprendre qu'il ne m'apprécie pas.

Je prends mon temps ce matin, ne travaillant que dans plusieurs heures et je prends mon petit-déjeuner tranquillement devant une série girly. Le chaton de Nino, Happy vient me faire des courbettes et il actionne le mode ronron, je ne vois pas le temps passé et je suis presque en retard pour partir au travail. Je suis à quelques minutes à pied de la place des Vosges, où je travaille.

Ma journée file sans encombres et ce soir, je rentre chez mes parents. Je n'en ai véritablement pas envie mais c'est ça ou ils me coupent les vivres. Autant dire que les deux milles euros qui tombent sur mon compte tous les mois depuis ma naissance me sont nécessaires. Disons, plutôt, que je m'y suis trop habituée pour ne plus l'avoir. Grâce à ce versement, je peux aider Raphaël et Nino pour les factures de l'appartement.

Les deux étaient contre. L'un car il n'en trouve pas l'utilité étant donné que je ne vis pas concrètement à l'appartement et le second car si je participai, cela signifiait qu'il me verrait plus régulièrement. Ce n'est pas la peine de vous dire qui pense quoi.

Après être arrivée et avoir rangée mes affaires, je retrouve Marilou à la cuisine. Cette femme d'une bonne cinquantaine d'années se coiffe toujours d'un chignon parfait. Les mèches blanches et grisâtres parsèment sa chevelure brune. J'ai toujours admiré cette femme. Elle est d'une douceur et d'une gentillesse sans nom. Elle a toujours eu le teint pâle et la morphologie élancée et il semble que le temps est laissé des marques sur son visage fin et souriant. Encore une fois elle semble ne pas m'avoir entendu arriver, trop absorbée par son travail. Je m'assois et prends un cookie encore chaud dans le plat déposé sur le plan de travail.

-Tu vas avoir mal à l'estomac, ils sortent du four, Jade.

-Oh mais l'odeur était... Vraiment trop tentante.

-Comment vas-tu ma belle ? Ça fait trois jours qu'on ne t'a pas vu.

-Bien. Raphaël a repris les cours aujourd'hui... Cinq ans d'internat.

-Oh, mais vous aurez des moments pour vous retrouver ! Ne t'inquiète pas, Jade.

-Nino, son ami et colocataire ne peut pas me voir en peinture.

-Il a peut-être peur pour son ami. Vous êtes différents, Raphaël et toi.

-Nous ne sommes pas différents ! Nous sommes deux êtres humains. Deux êtres humains qui s'aiment.

-Je n'en doute pas ma chérie. Et tes parents... Du nouveau ? Ils en disent quoi ?

-L'incompréhension totale pour ma mère. Elle ne comprend pas comment je peux aimer quelqu'un comme lui, dit-elle. Mon père... Ne veut même pas en entendre parler. Il accepte tout juste que je vive à moitié dans cet appartement mais il s'en fout pas mal étant donné qu'il ne vit presque pas ici lui non plus. Toujours à Hong-Kong, Washington ou Dubaï.

-Je suis désolée pour toi.

-Non, ce n'est rien. Vraiment. D'ici quelques temps, j'aimerais prendre mon indépendance complète.

-Tu as des idées de débouchées ?

-J'ai ma petite idée, je ne dis rien. Je dois concrétiser tout ça.