Jade. Tome 2.

Chapitre 3

Jade

Je me réveille comme après une soirée de beuverie, enfin, je suppose, je n'ai jamais eu de gueule de bois. Je suis exténuée. C'est ça de se coucher à quatre heures du matin pour se lever trois heures plus tard.

Nous n'avons fait que parler, se remémorer nos bêtises d'enfance et nos meilleurs souvenirs d'adolescence. Nous avons aussi, finalement, beaucoup évoqué sa rencontre et avec mes yeux doux, il a finalement craqué et débalé ses sentiments et son ressenti. Il a hâte de le revoir et il est comme un enfant. Je ne compte plus les fois où il m'a répété être heureux et se sentir bien dans les moments où ils n'étaient que tous les deux.

J'ai aussi beaucoup parlé de mes appréhensions avec Raphaël et des peurs que je rencontrais pour mon couple. Il paraît tellement instable par moment puis tellement soudé à d'autre. C'est plus que perturbant. Jules ne sait pas vraiment comment agir car il m'a toujours dit que cette relation était risquée et que je devais avant tout me protéger. Je pense que nos familles sont nos plus grands obstacles à notre amour.

Et s'il ne m'aimait plus ? S'il ne ressentait rien quand il est avec moi ? S'il ne veut plus prendre de risque et veut regagner la confiance de sa mère plutôt que de vivre avec moi ? Et si Nino était en parti responsable de tout ça ? J'ai peur. Tellement peur. Nino complote contre notre nous. Il ne pourra jamais m'aimer et je suis persuadée qu'il ferait n'importe quoi pour nous voir séparés et il ferait peut-être même une fête en cet honneur.

Une fois au boulot, j'ai la tête ailleurs et des pensées noires. Le peu de touristes aujourd'hui accentue ma morosité et j'envoie bouler mes collègues plus d'une fois.

J'ai l'impression de ne plus avoir de chez moi et d'être seule. La maison de mes parents est tristement vide et l'appartement des garçons est rempli de mauvaises ondes. Je n'ai ma place nulle part. C'est ainsi que je me retrouve à errer dans Paris, une fois de plus et je tombe dans un quartier un peu trop louche à mon goût. Je fais demi-tour et je marche d'un pas rapide pour retomber sur une grande avenue. Ma tenue chic n'a pas laissé indifférent un homme qui me suit. Je sens sa présence derrière moi, à quelques mètres seulement. Ma respiration s'accélère malgré moi et je n'arrive pas à taper le numéro de Raphaël. Les larmes montent et j'ai l'impression de sentir sa respiration dans mon cou. C'est inhumain.

Il ne répond pas. Une fois. Deux fois. Trois fois. Pourquoi ça sonne sans que je n'entende sa voix ? J'ai peur. Il semble tellement proche que je n'ose me retourner. Il est clairement impossible qu'il puisse avoir le même itinéraire que moi sachant que je change de rue toutes les trois minutes. Il sent l'alcool assez fortement, son rire pervers me transperce et me donne la nausée. Il marmonne des choses, je n'entends pas mais ce sont des paroles obscènes, j'en suis convaincue. Pourquoi ne m'agresse-t-il pas maintenant si c'est sa volonté ?

Je prends mon courage à deux mains et stoppe ma course folle d'un seul coup. Il ne s'y attend pas, évidemment et me rentre dedans. L'odeur d'alcool est pesante. Rapidement, je me retourne et lui donne un coup de poing qui le fait basculer et tomber. Le pastis y est pour beaucoup dans sa chute. Je veux repartir immédiatement mais quelque chose me retient de le faire. Ma conscience qui me joue encore des tours.

Je regarde l'homme, restant suffisamment loin de lui. J'ai un hoquet de stupeur et recule instinctivement. Merde alors ? Que fait-il ici ? Pourquoi il me suivait comme un pervers assoiffé et en manque de sexe ? Je me sens bien embêtée désormais. Il y a peu de personnes, nous sommes de nouveau dans une ruelle un peu glauque. Je regarde pour vérifier que c'est bien lui. Je ne peux pas me tromper malgré le sang qui coule de son nez. Je lui ai cassé ? Oh, merde, il le mérite bien ! Il reprend conscience et je recule un peu plus. Pas question qu'il croit que je m'apitoie sur son pauvre sort. J'ai suffisamment de compassion pour l'aider à retrouver ses idées mais il ne faut pas pousser mémé dans les orties tout de même ! Son but premier était de m'agresser. Taré psychopathe !