Ne te brûle pas les ailes

Chapitre Cinquante

     Alyssa

«Je crois que tu ne me comprends pas complètement. La seule chose dont j'ai réellement besoin à l'heure actuelle, c'est de toi. Ne me prends pas pour un fou. Je sais que j'en fais de trop ces derniers temps mais j'ai ce besoin de te le dire.»

«Lucas... Attends, non. Arrêtes. Tu n'as pas les idées claires aujourd'hui je crois...»

«Non. Laisses-moi finir. Je crois que... Je crois que je suis entrain de tomber amoureux de toi Alyssa. Et j'en suis effrayé.»

Perdue. Désorientée. Bouleversée. Chamboulée. Tant de mots qui ne font que représenter parfaitement ce que je ressens à l'heure actuelle. Mon esprit est assailli par une multitude de pensée qui se heurte violemment à moi. De quoi redoubler d'avantage mes maux de tête. Pourtant, ce n'est pas la première réaction que subit mon corps. Je sens très vite la chaleur m'envahir et le rouge me monter aux joues. Je dois sans doute ressembler à une belle petite tomate bien mûre maintenant. Mes yeux doivent quant à eux sûrement ressembler à des soucoupes tant je suis secouée par la nouvelle qui vient de me percuter.

Lucas, amoureux de moi ? Impossible. Non c'est tout bonnement impossible. Pas lui. Pas notre délégué. Il ne peut pas. Il n'a pas le droit. Du moins, c'est ce que je pense.

Je crois que mon manque de sommeil me fait complètement divaguer ces derniers temps. Peut-être faudrait-il que je me pince un bon coup pour pouvoir me réveiller ? Mes sueurs ne font que s'accentuer lorsque je suis brusquement ramener à la réalité par sa voix. Je suis prise par un violent frisson le long de mon corps.

«Je sais que tu vas avoir sûrement du mal à me croire mais... Ne restes pas silencieuse je t'en pris. Réponds-moi Alyssa. Ne me laisses pas comme ça. Moi-même, je suis tout autant perdu par ce qui m'arrive.»

Malgré sa demande, j'ose à peine relever les yeux vers lui, bien trop gênée de la situation. Alors parler, cela m'est clairement impossible pour le moment. Il va falloir attendre un peu que je retrouve l'usage de la parole.

Au fond, j'aimerais pouvoir me donner deux grandes claques pour me remettre les idées au clair. Mission impossible. Mon cerveau ne répond pas à l'appel. C'est donc avec une lenteur comparable à celle d'un escargot que je laisse nos regards s'entrecroiser. Je regrette immédiatement mon choix. L'inquiétude se lit dans ses yeux face à mon silence. Mes mains reposent toujours dans les siennes bien qu'elles doivent sûrement être en sueurs. Sans compter l'état dans lequel je me retrouve après cet entraînement. On passera le côté glamour de la situation de cette déclaration.

Nerveuse, je détourne les yeux dans tout les recoins de la pièce pour essayer de trouver une réponse convenable. Du moins, c'est surtout pour l'éviter lui. Je suis perdue. Pendant un certain temps, j'aurais réellement espéré qu'une telle chose se produise mais avec ce qui avait pu se dérouler dernièrement, je n'étais plus sûre de tout. Les recherches sur mon père, son comportement parfois froid et tout ses secrets. Je ne sais pratiquement rien du passé et de l'histoire de cet homme. Ce détail m'effraie. Tout cela mettait une certaine barrière presque impénétrable entre nous.

Pourtant, la simple éventualité de me dire que tout ceci était bien réel me procurait un sentiment étrange. Une chaleur dans mon ventre suivie de petit bourdonnement. Je sentais très clairement les battements de mon cœur tambouriner fortement contre ma cage thoracique. Comme s'il voulait déjà répondre à ma place et ne pas laisser le temps à mon cerveau de réfléchir convenablement à la situation.

Je n'ai jamais été de ce genre de fille à penser nécessairement à l'amour mais Lucas a su mettre malgré lui un certain désordre dans ces pensées.